La perte de la magistrate Varsha Devi Biefun-Doorga, âgée de 43 ans, le 23 juillet 2024, suite à une intervention chirurgicale, laisse un vide immense et déchirant dans le monde judiciaire. Celui-ci, comme une grande famille en deuil, pleure la perte d’une étoile qui brillait intensément et qui continuera d’éclairer les cœurs de tous ceux qu'elle a touchés. En voici des témoignages…
Me Viren Ramchurn : « Elle aurait connu une carrière remarquable »
Affligé et profondément choqué d’apprendre que son « pupil » a connu une mort subite et dans des circonstances inexplicables, Me Viren Ramchurn, le mentor de l’ancienne magistrate Varsha Devi Biefun-Doorga, exprime sa profonde tristesse. Il soutient que, sans aucun doute, elle aurait connu une carrière exceptionnelle au sein du judiciaire. Ému, il se remémore avec fierté la montée de son « pupil » à travers les échelons : du privé au bureau du Directeur des Poursuites Publiques (DPP) à la magistrature. « Malheureusement, je n’ai pas eu l’opportunité de plaider devant elle », regrette-t-il.
« C’est son défunt père, Bhrissubhanoo Biefun, également avocat, qui m’avait demandé de prendre Varsha sous mon aile », se souvient-il. Pour lui, la quadragénaire était dévouée, charmante et attachante. « Elle était toujours joviale et avait à cœur la profession. Je ne l’ai jamais vue se mettre en colère », souligne l’avocat avec une note de nostalgie. « Je suis extrêmement fier d’elle. Je l’appréciais énormément », ajoute-t-il.
Pour Me Viren Ramchurn, cette perte est une tragédie pour le monde judiciaire. Il se remémore leur relation professionnelle étroite et est triste que ses deux jeunes enfants se retrouvent sans mère, après avoir déjà perdu leur père il y a quelques années de cela. Sa disparition laisse un vide immense, non seulement dans le judiciaire mais aussi dans le cœur de tous ceux qui ont eu la chance de croiser son chemin et de bénéficier de son dévouement. La douleur de cette perte est poignante et se fera sentir profondément dans chaque recoin du judiciaire.
Me Neelkanth Dulloo : « Elle avait le sens du fair-play tatoué sur le cœur »
Il l’a côtoyée pendant plusieurs années dans le judiciaire. L’avocat Neelkanth Dulloo a tenu à rendre hommage à l’ex-magistrate Varsha Devi Biefun-Doorga à sa manière. « Je tiens à rendre hommage à l’implication exceptionnelle de cette grande dame qui avait à cœur le bien-être de sa communauté », débute l’avocat.
« C’était une femme dont l’implication s’était élargie dans le but ultime de mettre ses connaissances et son savoir-faire au service des gens et de la République. Elle avait le sens du fair-play tatoué sur le cœur. Ses convictions profondes l’ont conduite vers de nombreux organismes qui ont pu bénéficier de son apport considérable », soutient Me Neelkanth Dulloo.
Pour l’avocat, l’ancienne magistrate était une administratrice du pôle des droits humains et rien ne freinait son engouement et son dévouement pour améliorer le sort des gens. « Elle prenait toujours sous son aile le bien-être de tous ceux qui gravitaient autour d’elle ».
Nusrat Damree : « I will deeply miss her… »
« ‘Sete enn dimounn ki ti kontan viv ek ti anvi viv’. Elle avait plein de projets, aimait voyager et avait du goût », évoque Nusrat Damree, psychologue et amie proche de l’ex-magistrate Varsha Devi Biefun-Doorga. Elles s’étaient initialement rencontrées à travers des amis communs en fréquentant une salle de gym. Mais c’est au Rotary club de Grand-Baie que leur amitié a atteint une autre dimension. « Nous avions les mêmes tempéraments, nous étions dans la même situation, ‘se sa kinn fer nou konekte’. On partageait beaucoup de choses… », affirme Nusrat Damree.
Elle ajoute que son amie adorait son travail, gavait ses confrères et consœurs aussi bien que ses amis rotariens de bons petits plats. « She had a very good sense of justice. ‘Li pou transe kare kare, she would stand by her words’. Elle était aussi très intelligente et était appréciée de tous », décrit-elle.
En tant qu’amie, se rappelle Nusrat Damree, Varsha Devi Biefun-Doorga répondait toujours présente pour ses copines et leur apportait son soutien. Elle souligne que ce n’était pas évident pour celle-ci d’élever seule ses deux enfants, suite à la mort de son époux qui a succombé à une maladie. « Elle était une battante. On ne l’entendait jamais se plaindre. Elle était toujours là pour ses fils », en pleurs.
Me Amira Peeroo : « Serviable et charmante »
Me Amira Peeroo, Prosecuting Counsel, se dit fière d’avoir eu la chance de connaître l’ancienne magistrate Varsha Devi Biefun-Doorga, notamment lors de son passage au bureau du DPP et durant son mandat comme magistrate de la cour intermédiaire.
Au bureau du DPP, témoigne-t-elle, l’ancienne magistrate était toujours extrêmement serviable et offrait toujours des conseils. « Elle avait une personnalité très charmante et vivante. En sa capacité de magistrate, elle était « aimable et respectueuse » envers tous les protagonistes, que ce soient les avocats, les « prosecutors », les accusés ou les témoins », indique-t-elle. Pour l’avocate, « c’est une grande perte pour le judiciaire ».
Me Satyajit Boolell, Senior Counsel, ancien DPP : « Une vraie battante »
L’ancien Directeur des Poursuites Publiques, Me Satyajit Boolell, Senior Counsel, décrit Varsha Devi Biefun-Doorga comme une « vraie battante » et « une professionnelle ». Elle était toujours joviale, souriante et « tout le temps de bonne humeur », se souvient-il. « Même après la perte soudaine de son époux, Varsha ne s’était pas laissé abattre. Elle avait cheminé dans sa carrière avec dévouement et ne s’était jamais découragée en faisant face aux obstacles ». Autre constat du Senior Counsel est que même dans des situations complexes au sein du travail, elle gérait cela avec des plaisanteries.
Ce qui attriste le Senior Counsel est que la quadragénaire avait un « brillant avenir » devant elle. L’ancien DPP est troublé par les circonstances dans lesquelles Varsha a trouvé la mort. Il espère qu’il y aura une enquête approfondie et rigoureuse, sans aucun « cover up ». Pour lui, justice doit être rendue.
Me Mokshda Pertaub : « Elle laisse un immense vide »
Elle peine à croire que son amie n’est plus. Me Mokshda Pertaub et Varsha Devi Biefun-Doorga sont devenues proches quand celle-ci avait rejoint le Rotary club de Grand-Baie en 2022. Pour l’avocate Mokshda Pertaub, l’ancienne magistrate était une personne joviale et croquait la vie à pleins dents. « She had good reputation in the profession, she touched the hearts and lives of so many people…».
Elle qualifie son amie comme « une femme très généreuse, « she was a sunshine ! ». Elle raconte que l’ancienne magistrate participait à toutes les activités du Rotary club de Grand-Baie et ne manquait pas d’y emmener sa mère et ses deux enfants. Elle était très dévouée envers ses fils âgés de 11 ans et 13 ans respectivement.
« We loved her the way she was ! Elle avait le sourire, était très abordable, était une super confidente et avait les pieds très à terre… », confie Me Mokshda Pertaub. Elle tient à ajouter que son amie avait une grande passion pour la cuisine et que ses plats étaient appréciés de tous.
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