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À Gris-Gris, Chrystele vend du poisson frit aux pique-niqueurs

À l’exception des lundis et des mardis, Chrystele Abdool Wahid vend tous les jours du poisson frit et autres croquettes de poulet et de fromage sur le littoral de Gris-Gris. La jeune trentenaire a voulu rompre avec la servitude du travail salarié pour avoir du temps libre tout en contribuant au budget familial.

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Depuis ces derniers temps, des marchants de poisson frit ont fait leur apparition sur certaines de nos plages.  Dans leur roulotte, certains font frire du poisson qu’ils accommodent de crudités. Mais,  à Gris-Gris, Chrystele fait cuire le poisson chez elle avant de le revendre face à la mer.

La recette est composée de laitue, d’oignons et de piments curry. Mais pas que. La jeune femme offre aussi des croquettes de poulet et de fromage. C’est une affaire qu’elle mène rondement depuis trois ans avec sa cousine Joëlle Perrault.

Formée à la gastronomie et à la pâtisserie, elle a fait la main d’abord dans l’hôtellerie durant huit ans, avant de se rendre à une évidence : le travail de nuit ne lui permettait pas de s’occuper de ses deux enfants et la fatigue accumulée par les travaux ménagers a fini par lui faire rendre son tablier. Mais, comme le couple Abdool Wahid a la gastronomie chevillée au corps - le mari est cuisinier au Domaine des Aubineaux -, il est hors de question de laisser se perdre ce précieux savoir.

Rotis, pharatas, mines frites et boulettes

Aussi, de concert avec sa cousine Joëlle, Chrystele décide qu’elle vendra des rotis, pharatas,  mines frites et boulettes sur le littoral verdoyant de Gris-Gris. Pour ce faire, le couple Abdool Wahid fait construire une roulotte pour abriter leur petit commerce. Mais au bout de huit mois, Chrystele et Joelle se rendent compte qu’il n’existe pas de marché pour leur offre alimentaire. « Il faudra chercher autre chose, me suis-je dit », raconte Chrystele.

Ce sera auprès de son père, pêcheur de profession, qu’elle s’en ira chercher une alternative aux rotis, mines et boulettes. « Mon père m’a suggérée de vendre du poisson frit, accommodé de crudités, car c’était un mets rare », explique-t-elle. Elle prend le pari chaudement, d’autant que son paternel lui promet un approvisionnement régulier en poisson.

En moins d’une année, nous avons réussi à nous constituer une réputation et une clientèle de toutes les communautés »

Le poisson, livré la veille de la vente, est frit dans la matinée à son domicile, dès que les deux gosses sont partis à l’école. « La friture peut aller jusqu’à une vingtaine de livres de poisson », indique-t-elle. Puis, lorsque sa cousine la rejoint, les deux mettent le cap sur le littoral, où elles se mettent à accommoder les poissons qui ont été cuisinés entiers. Sur place, c’est Joëlle qui  « 'batte la colle' » avec les clients, tandis que Chrystele est aux fours. C’est en fin de matinée que les clients commencent à pointer le bout du nez. Il y a pêle-mêle, des étrangers, Chinois et Indiens qui, eux, n’achètent presque rien, et des pique-niqueurs mauriciens et des gens de la localité, qui, eux, sont des potentiels clients.

Une réputation et une clientèle

« En moins d’une année, fait ressortir Chrystele, nous avons réussi à nous constituer une réputation et une clientèle de toutes les communautés et venant d’aussi loin que Plaine-Verte. Je pense que c’est en raison de la particularité de nos plats, de leur bonne qualité, mais aussi de notre capacité à attirer la clientèle. C’est tellement visible que notre voisine de plage, qui était sur place avant nous, semble vouloir s’inspirer de notre offre, qui est aujourd’hui composé  de 22 items. »

Les deux jeunes femmes reconnaissent que le succès de leur petite entreprise doit beaucoup au père de Chrystele. « Il se débrouille toujours pour nous trouver du poisson, même en hiver. Lorsqu’il ne rapporte aucune prise, il s’en va chercher ailleurs. Mais, il m’arrive de devoir acheter aux banians, qui vendent deux fois plus cher que mon père », confie-t-elle.

Dépenses familiales

L’argent que lui rapporte son petit business sert aux dépenses familiales. Surtout en ce moment, où le couple a investi dans la construction de leur maison. « Tous les jours, il y a des dépenses », fait-elle ressortir. Mais heureusement, elle sait équilibrer les comptes entre les périodes creuses de l’année et celles où la plage affiche foule. Puis, il faut aussi trouver les poissons de ‘premier choix’ dont la chair est ferme et savoureuse, comme les ‘vielles rouges’ et les ‘dame berry’. « Les clients connaissent le bon poisson, il ne faut pas les berner », sourit-elle.

Enfin, il convient d’économiser durant l’année pour retaper la roulotte, refaire la tôle qui, exposée à l’air salin, prend la  rouille. « Il faut le faire chaque année, ça fait partie de notre gagne-pain. »

Dans l’immédiat, souhaite-t-elle, l’idéal serait l’aménagement d’un espace couvert, sécurisé et connecté à l’eau potable et le wi-fi par la Beach Authority pour permettre aux deux petits commerçants du petit coin d’offrir un service complet à leurs clients. « Ce serait bien car, en été, les pique-niqueurs restent attablés jusqu’à 21h00. Avec une connexion internet, ce serait encore plus agréable », fait observer Chrystele.

 

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