Interview

Gérard Uckoor : «Il faut un partage équitable des grands projets»

Gérard Uckoor, président de l’Association des petits contracteurs, s’inquiète du sort des compagnies et des travailleurs locaux du secteur de la construction si les grands chantiers sont principalement alloués aux entreprises étrangères. Il nous livre ses impressions.

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« Ce sont des firmes étrangères qui seront engagées pour le projet Metro Express. Ne feront-elles pas un blocus contre les sociétés mauriciennes ? »

Statistics Mauritius prévoit une croissance de 7 % en 2017. Peut-on atteindre ce chiffre ?
Quand on parle de statistiques, on parle des grandes compagnies. Cela ne concerne pas les petites et moyennes entreprises (PME). Pourtant, les PME engagées dans la construction emploient environ 75 % de la main-d’œuvre du secteur. En 1983, il y a eu un boom dans la construction, car il y avait un développement économique important. Les PME y ont grandement participé. Aujourd’hui, elles représentent 10 % du chiffre d’affaires du secteur. Pour nous, la croissance ne démarre pas.

Néanmoins, en termes de chiffres, pensez-vous que 2017 sera meilleure que 2015 et 2016 où le secteur était en décroissance, voire en croissance nulle ?
Nous sommes toujours optimistes. Sur ce qui a été annoncé, il se peut qu’il y ait une certaine vérité. Nous sommes arrivés à un moment où les autorités doivent déclencher la reprise du secteur de la construction et rattraper le retard. Quand la construction va bien, c’est tout le pays qui va bien. Nous devons croire en cette voie.

Nous entendons parler de plusieurs gros chantiers qui doivent démarrer cette année, à l’instar des Smart Cities et du Metro Express. Vont-ils relancer le secteur de la construction sur le long terme ?
Il y a une vingtaine de projets programmés. Du côté du Metro Express, par exemple, nous avons compris que ce sont des firmes étrangères qui seront engagées. Ne vont-elles pas faire un blocus contre les entreprises mauriciennes ? Est-ce que nous allons tous en profiter ou est-ce que les sociétés mauriciennes n’obtiendront que le minimum légal ? Si les entreprises locales en bénéficient, ce sera un développement durable pour le secteur. Il ne faut pas que les étrangers viennent travailler à Maurice, comme cela a été le cas auparavant, et que les Mauriciens s’en aillent. S’il y a un partage équitable, ce sera une bonne chose, car les projets sont durables.

Quels seront les défis du secteur de la construction cette année ?
Le principal défi pour les entreprises du secteur reste l’accès au financement. Même la Banque de Maurice (BoM) ne peut contrôler les banques commerciales sur ce dossier. Elles sont réticentes à prêter de l’argent aux sociétés de construction. Quel recours avons-nous ? Notre seul moyen de financement reste ces institutions, mais elles ne veulent plus prendre de risque. La liquidité, l’accès au financement et le fonds de roulement sont très importants. Avec ces trois facteurs, nous irons dans la bonne direction. Ce qui sera dans l’intérêt du pays.

 

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