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A Gaza, les habitants attendent l'aide internationale, question de «vie ou de mort»

Privés de tout au 14e jour de la guerre entre Israël et le Hamas palestinien, les Gazaouis assiégés et bombardés attendent désespérément vendredi l'entrée de premiers convois d'aide internationale, une question pour eux "de vie ou de mort", selon les Nations unies.

Plus de 1.400 personnes ont été tuées le 7 octobre en Israël par les hommes du Hamas, en majorité des civils fauchés par balles, brûlés vifs ou morts de mutilations le jour de l'attaque du mouvement islamiste palestinien, selon les autorités israéliennes. Environ 1.500 combattants du Hamas ont été tués dans la contre-offensive ayant permis à Israël de reprendre le contrôle des zones attaquées, selon l'armée israélienne.

Le Hamas a enlevé 203 otages parmi lesquels des étrangers de plus d'une vingtaine de pays, selon l'armée israélienne, qui a estimé vendredi que "la majorité" d'entre eux étaient "vivants".

Côté palestinien, 4.137 personnes ont été tuées dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas, qui contrôle le territoire depuis 2007. Au milieu des décombres laissés par les bombardements, les 2,4 millions d'habitants y manquent d'eau, nourriture, médicaments et électricité, et plus d'un million d'entre eux ont été déplacés.

"Rien à boire" 

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'est rendu vendredi du côté égyptien du terminal de Rafah, demandant que l'aide puisse entrer au plus vite, car elle fera "la différence entre la vie et la mort pour tellement de monde à Gaza".

"La première cargaison est censée arriver demain (samedi) au plus tôt", a estimé Martin Griffiths, chargé des situations humanitaires d'urgence à l'ONU.

Israël refuse d'ouvrir ses passages frontaliers avec Gaza mais a autorisé, à la demande des Etats-Unis, l'entrée d'aide via le poste frontière de Rafah, seule issue de Gaza sur le monde qu'il ne contrôle pas. A condition que l'aide n'arrive pas au Hamas mais seulement aux "civils" ayant fui vers le sud à sa demande, a précisé Israël.

Des dizaines de camions attendent depuis des jours à la frontière égyptienne. Vendredi, des blocs de béton installés par les Egyptiens après les bombardements d'Israël sur cette zone ont été enlevés.

Mais l'accord conclu par le président américain, Joe Biden, et l'Egypte pour autoriser l'entrée de 20 camions n'est qu'une "goutte d'eau dans l'océan des besoins", a mis en garde à Genève, le directeur des urgences de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

"Il faudrait 2.000 camions", a déclaré Michael Ryan.

Des dizaines de Palestiniens binationaux attendent aussi en vain du côté palestinien de Rafah de pouvoir sortir de Gaza.
"Il n'y a pas de nourriture, rien à boire. Qu'allons nous faire?", s'exaspère Mahmoud al-Attar, un Néerlandais de 70 ans qui attend avec sa femme et cinq enfants. Ghazal, une fillette de sept ans, veut rejoindre la Suède "parce que tous les enfants meurent ici".

Israël, qui a juré d'anéantir le Hamas, se prépare toujours à une offensive terrestre à Gaza après l'attaque la plus meurtrière de ses 75 ans d'histoire. Vêtu d'un gilet pare-balles, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a rendu visite aux troupes massées près de Gaza, les exhortant à "se battre comme des lions".

"Gaza de l'intérieur" 

"Vous voyez maintenant Gaza de loin, bientôt vous verrez Gaza de l'intérieur", avait lancé jeudi le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, lors d'une inspection des troupes.

Cette escalade militaire risque d'être "tout simplement catastrophique", a averti vendredi le Haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi.

Les horreurs de l'attaque du Hamas en Israël continuent d'émerger dans un pays traumatisé.

Shachar Butler, chef de la sécurité du kibboutz Nir Oz, où des commandos du Hamas ont tué ou enlevé un quart des 400 habitants, se souvient pour l'AFP de plus d'une dizaine d'hommes armés tirant des balles à l'aveuglette et lançant des grenades sur les maisons.

Les craintes d'un embrasement régional mobilisent toujours la diplomatie internationale. Et les Etats-Unis ont déployé deux porte-avions en Méditerranée orientale, pour dissuader l'Iran ou le Hezbollah libanais, tous deux alliés du Hamas, de s'impliquer dans le conflit.

Un destroyer américain "opérant dans le nord de la mer Rouge" a abattu jeudi trois missiles sol-sol et plusieurs drones "se dirigeant potentiellement vers des cibles en Israël" et lancés par les rebelles Houthis au Yémen, a annoncé le Pentagone.

La Russie a elle demandé vendredi à ses citoyens de ne pas se rendre en Israël, au Liban, en Jordanie et dans les territoires palestiniens.

"Des forces énormes" près du Liban 

Dans le nord d'Israël, les soldats sont partout, se préparant à l'éventualité d'un second front, après la recrudescence des échanges de tirs à la frontière entre l'armée israélienne et le Hezbollah pro-iranien.

"Il y a une quantité de forces énormes déployées ici, que je n'ai jamais vue", affirme à l'AFP un réserviste sur place.

Mesure rarissime, les autorités ont annoncé vendredi l'évacuation des 25.000 habitants de Kiryat Shmona, ville limitrophe du Liban.

La colère gronde toujours aussi dans les pays arabes, où vendredi, jour de prière pour les musulmans, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté d'Egypte à la Jordanie en passant par Tunis ou Bahreïn, pour soutenir les Palestiniens et dénoncer un soutien occidental à Israël.

Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, et le roi Abdallah II de Jordanie, deux acteurs clés du Moyen-Orient, ont averti que le conflit pourrait s'étendre et condamné ce qu'ils ont qualifié de "punition collective" infligée aux Gazaouis.

L'ONG Human Rights Watch a appelé de son côté les pays occidentaux à condamner "le brutal mépris d'Israël pour la vie des civils à Gaza", en application des principes universels invoqués à l'encontre "des atrocités russes en Ukraine et des atrocités du Hamas en Israël".

L'Egypte sera hôte samedi d'un "sommet pour la paix", auquel participeront plusieurs chefs d'Etat ou de gouvernement, ainsi que le président du Conseil européen, Charles Michel.

Israël et le Hamas continuent aussi de se renvoyer la responsabilité de frappes meurtrières sur le bande de Gaza, la dernière en date ayant touché une église jeudi en fin de journée. Selon le ministère palestinien de l'Intérieur contrôlé par le Hamas, 16 personnes y ont été tuées.

L'armée israélienne a reconnu vendredi avoir mené la veille un raid aérien dans le secteur pour "attaquer le centre de commandement et de contrôle d'un terroriste du Hamas impliqué dans des tirs de roquettes et de mortiers vers Israël".

© Agence France-Presse
 

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