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Francis Cabrel : « Je suis arrivé à la fin de mon parcours »

Cela fait 40 ans que Francis Cabrel nous berce avec ses mélodies et ses textes qui ne laissent pas insensibles ceux qui ont un faible pour la poésie. Nous l’avons rencontré jeudi et a timidement levé le voile sur sa personnalité.

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C’est une évidence. Tout ce que Francis Cabrel a écrit, il n’a pu le puiser ailleurs qu’à l’encre de son vécu. Ça se sent. Ça se sait. Cependant, à force de chanter aux autres ce qu’on est, on prend le risque de finir la tête sous le sable, comme le taureau dans La corrida. L’artiste ne cache pas sa volonté de passer à autre chose : « Je suis arrivé à la fin de mon parcours. C’est d’ailleurs pour cette raison que mon dernier album s’intitule In extremis. Cet album annonce un peu ma volonté de me retirer. J’aime toujours la musique, mais il n’y a pas que ça dans ma vie. J’aurais aimé avoir plus de temps pour mes autres passions, notamment la lecture et le jardinage. La musique est un cycle. Un vieux part, un jeune le remplace. »

S’il est encore là, c’est grâce à sa guitare : « C’est mon amour pour cet instrument qui me donne envie de rester encore un peu. J’en joue tous les jours, d’ailleurs mes doigts en ont fait les frais. Je n’ai pas vraiment le choix, parce que les autres guitaristes du groupe sont très bons. Pour rester à leur niveau, il faut bien que je m’applique. »

Contrairement à ce qu’on peut croire, lors d’une tournée ou pour un concert, l’artiste ne décide pas seul de son répertoire : « Logiquement, cela aurait dû être moi. Mais lors d’une tournée, mes musiciens ont leur mot à dire, parce qu’ils aiment bien interpréter tel ou tel morceau. On s’arrange toujours pour faire plaisir à tout le monde, ce qui n’est pas évident. »

La musique autrement

Jetant un regard sur la variété française, Francis Cabrel déclare qu’elle a beaucoup évolué: « La variété française se porte plutôt bien. Je préfère les standards certes, mais cela ne m’empêche pas d’apprécier des artistes comme Julien Doré ou Vincent Delerm qui font de la musique autrement. »

Cabrel ne cache pas non plus qu’il fait aussi les choses autrement, quand il écrit ses chansons et ses mélodies. « Quand j’écris, il faut que ce soit à un endroit spécifique et à une table spécifique. Traditionnellement, je travaille plus le matin que dans l’après-midi. Je suis un peu singulier, quand j’en viens à la musique. »

Évoquant ses compositions, l’artiste souligne que la tolérance et la compréhension resteront toujours les thèmes de prédilection dans ses chansons. « L’amour, je ne vais pas dire que j’en ai fait le tour. J’ai beaucoup chanté l’amour, mais je veux bien continuer à aider les hommes à mieux s’apprécier et se comprendre. »

Si Cabrel ne crache pas sur le succès, il est le premier à avouer qu’il se tient loin du flot médiatique : « Pour moi, il est vital de me tenir à l’écart des médias. Du moins, quand je n’ai pas un album à proposer. J’ai toujours jugé utile de ne pas me laisser entraîner par le courant médiatique. »

Commentant le prix Nobel de littérature attribué à Bob Dylan, Cabrel souligne que cette distinction est plus que méritée. « Je ne comprends pas la polémique autour de cette distinction. Bob Dylan mérite amplement cet honneur. Les gens ne savent pas qu’il a écrit énormément de poèmes avant de les mettre en musique, alors que d’autres ont fini dans les recueils. En 2012, j’ai repris certaines de ses chansons, que j’ai adaptées en français, pour sortir l’album Vise le ciel. »

Évoquant l’adaptation, Francis Cabrel confie qu’il aime bien l’adaptation de Shakira de la chanson Je l’aime à mourir.  « Pour la petite histoire, Shakira ne m’a jamais demandé la permission de reprendre cette chanson. Mais j’en suis quand même honoré, parce que son interprétation permet à ma chanson de perdurer dans le temps…» Francis Cabrel nous avouera aussi avoir refusé un duo avec Shakira : « Une émission de télévision a souhaité que je chante en duo avec elle sur Je l’aime à mourir. J’ai refusé parce que je trouve inutile que deux personnes qui ne se connaissent pas se rencontrent pour la première fois devant autant de caméras et devant autant de monde. »

Il fait encore mouche

10 ans après avoir donné un premier concert chez nous, Francis Cabrel est revenu reconquérir les cœurs de ses fans mauriciens. L’artiste les avait conviés au SVICC à Pailles pour un concert de plus de deux heures.

Francis Cabrel a interprété pour l’occasion ses plus grands tubes : ‘Je l’aime à mourir’, ‘Petite Marie’, ‘Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerais’, La corrida’, ‘C’est écrit’, entre autres. Le public avait repris en chœur de nombreuses interprétations durant cette soirée.

 

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