Elle a 28 ans, elle vit à Maurice depuis sept ans et elle attend son second bébé dans trois mois. Victime de violence domestique, elle a fui le toit conjugal pour se réfugier chez des proches. Elle vient d’apprendre de l’hôpital qu’elle devra s’acquitter des frais de son accouchement. Elle ne le savait pas, dit-elle. Et elle ne sait quoi faire.
Les étrangers doivent-ils payer les frais d’hospitalisation à Maurice ? Qui sont exemptés de ces paiements ? Depuis environ deux mois, le flou s’amplifie sur ces questions. Au ministère de la Santé, on répond : « Nous travaillons actuellement sur la question et nous ne souhaitons pas en parler tant que tout n’est pas finalisé. » Pendant ce temps. Hamza J., 28 ans, enceinte de son deuxième enfant, ne sait plus à quel saint se vouer.
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Résidant à Maurice depuis sept ans, elle confie : « Je suis en traitement à l’hôpital depuis mon deuxième mois de grossesse et à aucun moment on ne m’a informée que je devais payer pour l’accouchement. Je n’ai rien déboursé pour mon premier bébé. Je ne comprends pas ce qui a changé. On me dit que cela pourrait coûter dans les Rs 30 000. Où vais-je trouver cette somme ? Je ne travaille pas. Je n’ai aucun revenu et de plus je suis, en ce moment, hébergée par des amis car mon mari m’a violentée à plusieurs reprises. Je ne sais quoi faire. Je suis inquiète. »
D’après les renseignements pris auprès de certains hôpitaux, les informations diffèrent. On comprend que la décision de faire payer les frais d’hospitalisation aux étrangers ne date pas d’hier. Depuis l’an 2000, plusieurs l’ont fait. Or, il paraît que c’était rare et qu’il y a un manque d’uniformité concernant ces règlements. Des circulaires ont été envoyées par le ministère de la Santé aux hôpitaux à ce sujet. Si auparavant on n’en parlait pas trop, il s’avère qu’avec les nouvelles lois de l’immigration, certaines définitions, ayant changé, ont entraîné des modifications à apporter sur les frais d’hospitalisation.
Par exemple, auparavant toute personne détentrice d’un 'residence permit' pouvait travailler et ceux qui travaillaient bénéficiaient de soins gratuits. Selon les informations obtenues, désormais toute personne qui a un ‘residence permit’ n’obtient pas de facto un permis de travail. De ce fait, elle n’est pas éligible aux soins gratuits en milieu hospitalier. C’est donc autour du terme ‘residence permit’ et des critères d’éligibilité qu’il y a des malentendus.
À quand des informations précises à ce sujet ? Un préposé du ministère de la Santé se veut rassurant : « Nous sommes au courant du flou qui persiste et nous allons très vite venir de l’avant avec des précisions. Tout cela est en phase de finalisation. »
Affaire à suivre…
Les médecins qualifient les frais d’hospitalisation de ‘dérisoires’
Si, d’un côté, certains étrangers disent ne pouvoir s’acquitter de ces frais, plusieurs médecins sont remontés par ces montants qu’ils qualifient de « dérisoires ». «Les assurances ont un tableau de prix et il n’y a qu’à voir ce que coûtent les frais d’hospitalisation dans les cliniques. Pourtant, ce sont les mêmes médecins qui travaillent dans le privé après les heures de travail ». Ils précisent qu’ils n’avancent pas ce point pour se remplir les poches. « Que nous opérons deux Mauriciens ou deux étrangers dans une journée à l’hôpital, nous aurons le même salaire. Cependant, il est temps de revoir les frais d’hospitalisation afin d’obtenir plus d’argent pour pouvoir intégralement améliorer le service de santé mauricien".
Témoignage
Iqbal : « Ma femme interdite de quitter l’hôpital après l’accouchement »
Il y a quelques semaines, Iqbal et son épouse ont eu la désagréable surprise de ne pouvoir rentrer avec leur nouveau-né, après l’accouchement, car ils n’avaient pas payé les frais d’hospitalisation. « J’ai dû payé Rs 10 000 et par la suite contracter un emprunt pour rembourser la banque. Je trouve cela inhumain et surtout la manière dont on traite une femme enceinte en l’inquiétant avec ces tracasseries. Il faut une politique plus transparente pour que tout le monde se retrouve et soit préparé ». Iqbal et son épouse ont, en écrit, contesté ces frais d’hospitalisation.
Informations pratiques
Lorsqu’un étranger se rend à l’hôpital,
doit-il payer ?
Pour le moment, il paie uniquement en cas d’hospitalisation, c’est-à-dire s’il est admis à l’hôpital. Cela ne s’applique pas s’il est malade et qu’il vient uniquement en consultation ou en cas d’urgence. Tant qu’il n’y a pas d’hospitalisation, il n’a rien à payer.
Cette politique ne s’adresse pas à tous les étrangers. Certains en sont exemptés.
Quels sont les étrangers exemptés par les frais d’hospitalisation ?
- Ceux qui détiennent une pièce d’identité mauricienne.
- Ceux qui ont un permis de travail.
- Les Comoriens (selon un accord entre les autorités mauriciennes et comoriennes)
À combien s’élèvent les frais d’hospitalisation ?
Selon nos informations, une liste provisoire a été soumise par le ministère aux hôpitaux, mais les frais varient dépendant des cas. Les étrangers avec qui nous nous sommes entretenus regrettent que cette liste de prix ne soit pas affichée dans les hôpitaux ou rendue publique tout simplement afin d’éviter des surprises.
Peut-on se faire rembourser ?
Si vous avez une police d’assurance, vous pouvez envoyer vos reçus à votre assurance pour vous faire rembourser. De plus, si vous pensez que vous êtes éligibles aux exemptions mais que vous avez été obligés de faire un paiement, vous pouvez demander un remboursement en envoyant des justificatifs au département concerné.
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