Exercice de sabordement : les navires abandonnés enlevés de la rade

La Mauritius Ports Authority (MPA) a donné le feu vert pour que les navires de pêche abandonnés dans la rade soient sabordés au large de Flic-en-Flac et de Trou-aux-Biches. Trois navires ont été coulés depuis le mois de mai. Deux autres subiront le même sort cette semaine. Le président de la MPA, Ramalingum Maistry, déclare que « l’exercice de sabordement vise à assainir la situation dans le port. »

La rade de Port-Louis passe à une autre étape. Celle du grand nettoyage. Les bateaux de pêche laissés à l’abandon, dans certains cas depuis une dizaine d’années, par les propriétaires mauriciens et étrangers, seront enlevés de la rade et sabordés en haute mer. Selon des recoupements, trois navires ont été sabordés au large de Trou-aux-Biches en mai et juillet derniers. Six autres, dont quatre en acier et deux en fibre de verre, seront sabordés prochainement.

Sollicités par Le Défi Quotidien, des cadres de la Mauritius Ports Authority (MPA) émettent « des doutes » quant à l’exercice de sabordement de navires qui se fait « régulièrement » depuis le début de l’année. « C’est bizarre que des bateaux de pêche, dont certains sont dans la rade depuis une dizaine d’années, soient sabordés l’un après l’autre depuis ces derniers mois. Cet exercice cache bien quelque chose, dans le sens que le sabordement se déroulait en mode ‘one-off’ », dit un de nos interlocuteurs. 

Pour rappel, outre les navires abandonnés, la zone portuaire comprend une dizaine de navires de pêche immobilisés depuis de nombreux mois. La MPA est dans l’attente d’une réponse des propriétaires. 

Un coup de balai

Le Port Master, le capitaine Benoît Barbeau, explique qu’avant le début de cette année « le sabordement des navires de pêche se déroulait de temps à autre. » Il n’y avait pas de fréquence, à intervalle d’un ou de deux ans , selon lui. Mais cette fois,  ce sera un véritable coup de balai.
« Les navires qui seront sabordés sont ceux dont l’economic life a été épuisé du fait qu’ils n’ont pas été utilisés depuis plusieurs années. Ces bateaux, qui sont restés entre quatre et dix ans dans la rade, seront ainsi engloutis en pleine mer et serviront d’habitat pour les espèces marines », explique le capitaine Barbeau.

Selon le Port Master, les navires de pêche abandonnés sont, entre autres, des bateaux battant pavillons taïwanais et comorien. Le propriétaire de celui battant pavillon comorien est d’origine mauricienne. 

Les bateaux de pêche abandonnés ont été placés dans la rade par les propriétaires pour plusieurs raisons. Mais la raison la plus courante est le manque de moyens financiers. « C’est un phénomène courant dans tous les ports du monde. Lorsqu’un navire est en détresse, les autorités portuaires acceptent de le garder en attendant que le propriétaire se manifeste. L’exercice de sabordement intervient si le propriétaire ne donne plus signe de vie malgré les multiples rappels des autorités portuaires », explique notre source à la MPA.

Un risque pour le port

Dans une déclaration au Défi Quotidien, le président de la MPA, Ramalingum Maistry, confirme la mise en opération de l’exercice de sabordement. La présence des navires abandonnés est encombrante, mais peut également mettre le port dans une situation à risque. 

« Le sabordement de ces bateaux vise à assainir la situation dans la rade de Port-Louis. Un navire qui est en stationnement représente un danger pour le port. D’ailleurs, dans un passé pas trop lointain, il y a eu un début d’incendie sur un navire de pêche abandonné.  La MPA doit agir rapidement pour la sécurité portuaire », explique Ramalingum Maistry.