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Étude d’une ONG : Cité La Ferme dans l’abîme de la pauvreté

La Women’s Foundation for World Peace, qui est affiliée aux Nations unies, a mené une étude, en 2015, sur la pauvreté extrême à Cité La Ferme, Bambous. Depuis, ce rapport serait resté dans le tiroir d’un ministère, alors que la situation dans cette région est loin de s’arranger toute seule.

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Qu’est-il advenu du rapport sur l’étude menée gratuitement par la Women’s Foundation for World Peace (WFWP), en avril 2015, sur la pauvreté extrême omniprésente à Cité La Ferme, Bambous ? Ce document, qui aurait été remis au ministère de l’Intégration sociale en septembre 2015, serait-il resté dans un tiroir ? Autant de questions méritant des réponses, d’autant que la situation dans ce quartier de laissés-pour-compte ne semble guère s’arranger (voir la réaction de l’ex-ministre de l’Intégration sociale en hors-texte).

Dans le cadre de son étude, l’organisation non gouvernementale (ONG), affiliée aux Nations unies, s’est intéressée aux conditions de vie de 80 familles. L’exercice s’est fait au moyen de formulaires. L’étude a été conduite en fonction du nombre de personnes par famille, de la situation familiale (marital status), du montant dépensé dans l’achat de nourriture et de vêtements, ainsi que sur la base des dépenses médicales.

Pour Keeran Mathur, coordinatrice de la WFWP, le rapport tend à démontrer que l’extrême pauvreté existe bel et bien à Maurice. Elle explique comment est venue l’idée de mener cette étude. « L’initiative fait suite aux agissements de quelques enfants originaires de Bambous. Les encadreurs ont flairé que ces derniers étaient confrontés à de multiples problèmes. Certains ne savent ni lire ni écrire. Ces enfants doivent aussi composer avec le manque d’eau et d’électricité dans leurs maisons respectives. »

Le rapport de l’ONG, qui s’étend sur une dizaine de pages, indique que la pauvreté dans la région de La Ferme, Bambous, est principalement liée au manque de nourriture, à l’incapacité des habitants à subvenir à leurs besoins, à l’état de leurs logis, ainsi qu’au manque d’éducation. Il attribue aussi cette situation de précarité au fait que la grande majorité des habitants ne détient aucun titre de propriété.

La région compte, en effet, un très grand nombre de squatters, dont certains sont issus de familles recomposées. La plupart occupent une à deux chambres pour, selon le rapport, « limiter les dépenses en termes de logement ». Les pièces occupées par ces personnes ont été conçues à partir de matériaux délabrés.

Le document précise que les squatters de Cité La Ferme sont maçons, agriculteurs ou femmes de chambre, ou encore travaillent à leur compte. Des 80 familles, 46 perçoivent entre Rs 1 000 et Rs 5 000 par mois, tandis que 31 touchent entre Rs 5 000 et 10 000 mensuellement.


 

Le rôle de la Women’s Foundation for World Peace

La Women’s Foundation for World Peace (WFWP) est une organisation non gouvernementale (ONG) affiliée aux Nations unies. Son but : promouvoir la stabilité, l’harmonie, la paix et l’amour, tout en renforçant, dans la foulée, les liens familiaux. Les Resource Persons opérant au sein de l’association, fondée en 1995, sont bénévoles. Le Mauritius Institute of Education, l’Université de Maurice et le Mahatma Gandhi Institute sont parties prenantes dans les activités de l’association. D’ailleurs, l’une des actions menées par l’ONG porte sur des cours gratuits dispensés à des enfants issus de familles démunies, brisées, monoparentales, ou dont les parents sont au chômage.


SOS de squatters en détresse

Marie-Ansilla Edouard, qui habite Cité La Ferme, se fait la porte-parole des squatters de la région. Cette mère de famille de 52 ans concède que la situation dans laquelle vivent certains d’entre eux est plus que pitoyable. « Les squatters de Cité La Ferme vivent en communauté. Les habitants qui ne bénéficient pas d’eau potable et d’électricité se servent du réseau de ceux qui en ont. Ils remboursent à ces derniers la quantité utilisée à la fin du mois », explique la quinquagénaire.

Elle entrevoit un avenir très sombre pour elle et les autres squatters de la région. Raison pour laquelle elle lance un appel à l’aide au gouvernement pour qu’il régularise leur situation au plus vite. « Aidez-nous à construire nos maisons. Certains d’entre nous possèdent déjà un lopin de terre dans la région de Geoffroy. C’est le précédent gouvernement qui nous a donné la chance d’en être propriétaires. Nous avons juste besoin d’une aide financière, que nous rembourserons pour pouvoir démarrer les travaux de construction », confie Marie-Ansilla Edouard.


Bambous, le plus grand village de Rivière-Noire

Bambous, qui est le plus grand village du district de Rivière-Noire, comprend trois écoles primaires et préscolaires, un collège pour garçons (incluant les filières pré-vocationnelles 1, 2 et 3) et un établissement secondaire pour filles (comprenant les filières pré-vocationnelles 1, 2 et 3). C’est le seul village de l’Ouest à être représenté par deux conseillers au conseil de district. Bambous comprend les régions telles que Cité La Ferme, Camp Rodriguais, Vaudagne, Mangue-vert doux, Geoffroy et La Valette.

Le ministre P. Roopun dit ne pas connaître le but de l’étude

Sollicité samedi, l’ancien ministre de l’Intégration sociale, Privithviraj Roopun, ne confirme ni n’infirme la réception de toute étude soumise au ministère en septembre 2015 par cette Ong. « Au niveau du ministère, il y a toujours eu une continuité dans les études que nous commanditons. D’ailleurs, on ne connaît pas le but, le contexte, ou encore la méthodologie employée lors de la réalisation de l’étude menée par cette association », déclare-t-il. Avant d’ajouter qu’il « ne serait pas approprié d’empiéter sur les platebandes » de l’actuel ministre de l’Intégration sociale, Alain Wong. Par ailleurs, ce dernier, qui a été sollicité au téléphone dit ne pas être au courant de l’étude menée par l’association. Il promet toutefois de s’enquérir du dossier une fois libéré de son emploi du temps.

 

 

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