Editor's-choice

Éradication de la pauvreté : ce que dit le plan Marshall

Le plan Marshall pour lutter contre la pauvreté n’a pas encore été publié. Le document a été déposé mardi à l’Assemblée nationale par Xavier-Luc Duval, leader de l’opposition. Le rapport indique que beaucoup d’argent a été dépensé à mauvais escient et fait une série de recommandations pour mettre fin à la misère.

Publicité

Le rapport, ou plutôt son ébauche, qui date du 4 mars 2016, est divisé en deux volumes. Il note que la pauvreté n’a cessé d’augmenter ces dernières années. En 2011, 7,7 % des familles étaient considérées comme pauvres. Au dernier recensement, soit celui de 2012, le taux s’élevait à 9,4 %. Ce qui signifie que l’on est passé de 23 700 à 33 600 foyers.

En 2012, les familles ayant des revenus mensuels de moins de Rs 5 652 étaient considérées comme évoluant dans la pauvreté relative. Maintenant, on parle d’un seuil de Rs 6 200. Mais le rapport souligne que cette somme « est inadéquate pour couvrir les besoins de base d’une famille de quatre personnes ou plus ».

Le plan Marshall, dont le coût est estimé à Rs 2,5 milliards la première année, s’articule autour de plusieurs thèmes : la protection sociale, l’emploi, l’éducation, le logement, la santé et l’égalité pour tous dans tous les secteurs d’activité. Il redéfinit aussi la Corporate Social Responsability (CSR) et propose une refonte complète d’une National Empowerment Foundation (NEF) en déphasage total avec la réalité.

Ciblage

Les programmes d’aide de la NEF sont sujets à un « ciblage inexact et ils souffrent de grosses erreurs d’inclusion ». Ils ne sont pas « suffisamment en faveur des pauvres ». Pourtant, la NEF a justement comme unique mission de venir en aide aux plus vulnérables à travers le logement, le développement de l’enfant, la formation et le placement en entreprise.

Mais voilà, « les formations prodiguées sont inadéquates » et ne servent pas les bonnes personnes. Des 2 418 personnes formées, 259 proviennent de familles pauvres. D’ailleurs, 16 % des personnes placées en entreprise ont finalement été recrutées. Le rapport propose que la NEF devienne une facilitatrice et qu’elle soit responsable des contrats sociaux qui seront conclus avec les plus pauvres pour les aider à sortir de la misère.

Le système éducatif a jusqu’ici été un outil d’exclusion. La formation professionnelle ne correspond pas aux besoins du secteur privé et n’aide donc pas à trouver du boulot. Une grande attention devra donc être accordée à cela.

En 2013, le gouvernement avait alloué Rs 750 aux familles percevant moins de Rs 6 200 pour chaque enfant, à condition qu’il affiche un taux de présence d’au moins 90 % à l’école durant l’année scolaire. « Jusqu’ici, il n’y a aucun système de suivi », déplore le rapport. Des personnes ont donc perçu cet argent sans respecter cette règle. Idem pour les écoles préscolaires des zones difficiles qui ont reçu un chèque de Rs 200 000, mais « il n’y a eu aucun suivi pour voir ce qui a été fait avec cet argent ».

Les efforts consentis dans le domaine du logement social sont positifs. Peu de pays africains en font autant. La force de Maurice est que 90 % des familles sont propriétaires. Si une famille n’est pas propriétaire d’une maison, elle peut basculer dans la pauvreté. Les locations étant extrêmement élevées, une bonne partie du budget de ces foyers y est consacrée.

Le contrat social du plan Marshall coûtera Rs 1,3 milliard et sera financé par « l’élimination graduelle de l’aide sociale ». Le Social Register of Mauritius (SRM) est un outil capital car il identifie les familles dans le besoin et suit leur évolution. Pour plus de cohérence et de visibilité, il est proposé de regrouper tous les programmes d’aide existants offerts par les différents ministères sous le SRM.

Il faudra aussi recruter davantage de travailleurs sociaux, mieux les former et en faire des mentors pour accompagner ceux qui en ont besoin. Aujourd’hui, un travailleur social de la NEF se charge de 500 familles pauvres. Le rapport propose de faire passer le ratio à un pour 150.

La création d’un Marshall Plan Community Scheme, géré par le NGO Trust Fund, est aussi au programme, de même qu’une vaste campagne de formation et de sensibilisation. Le rapport suggère également d’impliquer davantage le secteur privé, de favoriser la prise d’initiatives par les communautés et de canaliser l’argent récolté sous la CSR vers ce Marshall Plan Community Scheme.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !