Il se dit perplexe. Et n’est d’ailleurs pas le seul. Haniff Peerun, président du Mauritius Labour Congress (MLC), ne comprend pas l’enquête du Central Criminal Investigation Department (CCID) sur une possible fuite d’information dans l’affaire Molnupiravir. La police veut déterminer comment le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, s’est procuré les documents relatifs à l’achat de 999 000 comprimés de Molnupiravir auprès de CPN Distributors. Une démarche qui fait sourciller la classe syndicale.
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«Nous devons protéger les personnes qui ont divulgué ces informations, voire les féliciter. En ce faisant, elles ont rendu un grand service à tout le monde, surtout aux contribuables », fait ressortir Haniff Peerun.
Du reste, il serait prématuré, souligne-t-il, de montrer du doigt des fonctionnaires. « Ces documents, l’opposition a très bien pu se les procurer ailleurs. » Et quand bien même il s’agirait d’un fonctionnaire, poursuit le syndicaliste, « ce n’est pas comme s’il s’agissait d’informations mettant la sécurité de l’État en péril ».
Haniff Peerun parle de « messages contradictoires » envoyés par les différentes autorités. « D’un côté, l’Independent Commission Against Corruption vous invite à dénoncer des maldonnes mais lorsque cela se produit, la police vous intimide à travers des enquêtes », déplore-t-il. D’ailleurs, il en est persuadé, les récents amendements apportés à l’Independent Broadcasting Authority Act ne seraient pas anodins. « C’est fait exprès pour décourager les fuites d’informations dans l’intérêt public. »
Responsabilité citoyenne vs secret d’État
Les fonctionnaires se retrouvent pris dans un étau dans ce genre de situation, renchérit Radhakrishna Sadien, de la State and Other Employees Federation. « D’un côté, il y a l’Official Secrets Act qui les empêche de divulguer une information. Et de l’autre côté, il y a la responsabilité citoyenne, surtout lorsqu’il est question de l’intérêt public. Li trouve ki pa kapav less Morisien al pay les pots cassés e less lezot fer kas lor ledo maler. »
Il n’y aurait pas eu autant de pression sur les fonctionnaires si la Public Service Act et la Freedom of Information Act étaient en vigueur, estime-t-il. « Mais surtout, il n’y a toujours aucune loi sur les lanceurs d’alerte (whistleblower). L’ICAC travaillait dessus mais on ne voit toujours rien venir. Avec une telle loi, le fonctionnaire se serait senti protégé », fait valoir le président de la SEF.
Concernant l’enquête du CCID sur la possible fuite d’information, Radhakrishna Sadien soutient que si un fonctionnaire a agi de son propre gré en vue de favoriser qui que ce soit, il devra répondre de ses actes. « Mais si le fonctionnaire a agi sur les instructions de quelqu’un, il devra alors le dire », martèle-t-il.
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