Le chômage touche bon nombre de jeunes diplômés. Le taux prenant une courbe ascendante chaque année, l’impact sur l’économie est considérable. Toutefois, certains de ces jeunes ont décidé de revoir leurs attentes en travaillant pour un salaire dérisoire. Rencontre avec trois d’entre eux.
Ankush, 27 ans, employé dans un magasin d’électroménager: « Je touche Rs 9 200 depuis trois ans »
Il rêve de rénover sa maison. Mais avec un salaire mensuel de Rs 9 200 et sans garantie, aucune banque ne veut l’octroyer un prêt. Ankush, diplômé en management à l’Université de Maurice, se bat depuis cinq ans pour trouver un emploi décent. « Lorsque j’ai terminé mes études, j’ai travaillé comme Research Assistant pendant huit mois jusqu’à la fin de mon contrat », souligne Ankush. Ensuite, il a travaillé comme ouvrier dans la fabrication de fer forgé ou encore comme peintre pendant plus d’un an. « Je touchais un salaire de Rs 5 000 à Rs 6 000 mensuellement », martèle le jeune homme. Et depuis fin 2013, il a été embauché dans un magasin spécialisé dans la vente d’électroménager comme Administrative Officer. « Au début, il était convenu que je perçoive un salaire de Rs 9 200, incluant les frais du transport. Ensuite, mon patron m’avait promis d’augmenter mon salaire à Rs 16 000 après six mois. Mais cela va faire bientôt trois ans que j’y travaille et ma paye est restée inchangée. Pas une roupie d’augmentation », déplore ce jeune homme de 28 ans. Les responsabilités professionnelles d’Ankush ont toutefois augmenté. « Aujourd’hui, je me retrouve à travailler dans trois départements: administration, vente et publicité. Parfois, je m’occupe aussi des travaux d’entretien », ajoute Ankush. Avec le salaire qu’il perçoit, il dit n’avoir fait aucun progrès jusqu’à présent. « Mon père a un problème de santé et ne travaille pas. Ma mère est femme au foyer. Vu que je suis l’aîné d’une fatrie de trois enfants, je dois assurer toutes les dépenses ménagères. Épargner m’est impossible », dit-il.Reena, 26 ans, Trainee Quality Officer dans un hypermarché: « Je n’ai pas d’autre choix »
C’est en 2011 que Reena a complété ses études à l’Université de Maurice. Avec un diplôme en Marketing Management, elle s’est vite lancée dans la recherche d’un emploi correspondant à sa filière. « Trois mois après l’obtention de mon diplôme, j’ai été recruté comme stagiaire au ministère du Commerce où je suis restée pendant deux ans. Toutefois, une fois le contrat terminé, je me suis retrouvée à nouveau au chômage pendant un an », relate notre interlocutrice. Après plusieurs entretiens d’embauche, Reena décroche finalement un emploi dans un hypermarché comme « Trainee Quality Officer ». La jeune femme dit toucher un salaire de Rs 10 000, frais du transport inclus . « Je travaille sur un système de rotation, soit de 6h30 à 16 h 30 ou de midi à 22 heures. Par ailleurs, je ne suis pas rémunérée pour les heures supplémentaires », déplore la jeune femme. Pendant les périodes festives, Reena dit travailler jusqu’à 23 heures. « Je suis mariée et, avec le salaire que je perçois, il m’est difficile d’aider mon mari pour la construction de notre maison. De plus, je comptais faire une maîtrise cette année, mais je suis découragée », ajoute-t-elle dépitée. Cependant, avec le coût de la vie qui ne cesse d’augmenter, elle dit ne pas avoir d’autre choix que de continuer à travailler. « Je suis obligée d’accepter ces conditions car décrocher un emploi à Maurice est difficile, même avec un diplôme en poche», conclut-elle.Jonathan, 28 ans et clerk dans une compagnie parapublique: « Travailler pour moins d’argent au lieu d’être chômeur »
Sorti de l’université avec un diplôme en ressources humaines, Jonathan croyait que de nombreuses d’opportunités d’emplois sont à pourvoir dans ce domaine, mais il était loin de la réalité. « J’ai tenté ma chance dans plusieurs entreprises, mais peine perdue. Ensuite, j’ai fait un stage d’une année au ministère de l’Emploi. C’était à travers le Youth Employment Programme (YEP), mais quand le contrat a expiré, je me suis retrouvé au chômage pendant environ six mois. » Par ailleurs, Jonathan décroche un emploi comme ‘Assistant HR Executive’ dans une compagnie parapublique à Ébène. « Je m’attendais à toucher un minimum de Rs 15 000 par mois, mais ils m’ont proposé Rs 10 000 et j’ai accepté. » D’autre part, il avance que l’horaire normal est de 8 h 30 à 16 h 30, mais la plupart du temps, Jonathan dit quitter le bureau après 17 h 30. « Les heures supplémentaires ne sont pas payées. Au lieu de travailler dans le département des ressources humaines, je suis placé au département de marketing et dans l’administration », déplore Jonathan. Toutefois, malgré les mauvaises conditions, le jeune homme s’estime chanceux quand il voit ses amis détenteurs des masters qui sont sans emploi. « Par ailleurs, je suis déjà employé à plein temps par la compagnie. C’est aussi une sécurité d’emploi », fait valoir Jonathan. Il avance qu’il va continuer de travailler, ayant des responsabilités familiales. « Je finance les cours en administration de ma petite sœur et les études menant au School Certificate d’une autre sœur », poursuit-il.Pradeep Dursun: « Rs 10 000 pour un diplômé sans expérience est normal »
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Le Chief Operating Officer (COO) de Business Mauritius fait ressortir qu’il n’y a aucun minimum à respecter pour rémunérer les diplômés. Les salaires, explique Pradeep Dursun, sont payés en fonction de la politique salariale de l’entreprise, de la hiérarchie au sein de l’entreprise, des responsabilités, du poste et de l’offre et la demande sur le marché du travail.
« Avoir un diplôme ne suffit pas pour avoir un salaire élevé ou un poste important. En règle générale toutefois, quand un jeune est embauché, tout se joue sur sa personnalité ou encore sur la motivation et la détermination, dont il fait preuve. » Pour lui, « ce n’est pas le nombre d’années passées à l’université qui compte, mais les compétences dont l’entreprise a besoin ». Il estime si un diplômé est fraîchement sorti de l’université, recevoir Rs 10 000 comme salaire est tout à fait normal. « Mais certainement, il faut avoir des révisions salariales et des promotions au fur et à mesure que le jeune s’évolue au sein de l’entreprise. » Par ailleurs, Pradeep Dursun affirme que tout dépendra de la capacité de l’entreprise.
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