Société

Éducation prioritaire: la réussite au terme d’un parcours semé d’embûches

Malgré une baisse du taux de réussite au niveau national, deux écoles de la Zone d’éducation prioritaire se sont démarquées. Il s’agit des établissements de Stanley et de Résidence Vallijee. Quels secrets cachent ces bonnes performances ? Impossible n’est pas ZEP, serait-on tenté de dire au vu du taux de réussite de deux de nos établissements de Zone d’éducation prioritaire (ZEP) aux examens du Certificate of Primary Education (CPE) 2015. La Stanley Government School et la Résidence Vallijee Government School affichent, respectivement, un taux de réussite de 75  % et de 74 % ! Tout le monde peut réussir avec un encadrement adéquat, soutiennent les responsables de ces écoles, qui les dirigent avec une main de fer certes, mais dans un gant de velours. Connue pour sa fermeté et pour son insistance sur la discipline, Tahera Hussenboccus, directrice de la Stanley Government School depuis septembre 2011, associe cette belle performance à la rigueur de ses élèves. « Nous ne pouvons travailler sans un bon climat de discipline. Depuis que j’ai pris la responsabilité de la Stanley Govt. School, je me suis efforcée de rester ferme avec mes élèves. J’ai instauré au tout début un climat de confiance qui facilite grandement la communication », explique-t-elle.  

Communication à tous les niveaux

Travailler dans une école ZEP n’est pas chose facile, soutient la maîtresse d’école. « La plupart des élèves sont issus de milieux défavorisés où les parents font souvent face à de nombreuses difficultés. Certains sont exposés à la drogue et à d’autres fléaux sociaux. Nous ne pouvons nous contenter de simplement faire notre travail. Il faut également y mettre son cœur », affirme Tahera Hussenbocus. Elle ajoute que la patience et l’humilité sont des qualités primordiales pour travailler dans une école ZEP. Mais ce n’est pas tout, souligne notre interlocutrice, il est aussi important d’avoir la participation de tous les membres du staff. « Dès le début, j’ai fait de mon mieux pour que mon objectif de rehausser le niveau de l’école soit clair pour toutes les parties concernées. Pour que tout le monde travaille dans la même direction, la communication est primordiale. Je n’ai jamais hésité à rappeler à l’ordre élèves, membres du personnel ou parents quand le besoin se faisait sentir », dit-elle. Du côté de la Vallijee Government School, Gianee Annia, la maîtresse d’école, insiste sur le fait que « la touche humaine est importante, particulièrement avec les élèves des écoles ZEP ». Elle soutient qu’elle a porté plusieurs casquettes pendant son séjour dans cet établissement. « Ces enfants ont besoin de beaucoup d’attention. Il faut constamment être à l’écoute. Il ne faut pas oublier que nombreux d’entre eux sont issus de familles brisées. Ils sont exposés à toutes sortes de difficultés », souligne-t-elle. Notre interlocutrice ajoute que certains de ces élèves ayant déjà leur lot de problèmes quand ils arrivent à l’école, ils finissent parfois par baisser les bras. « Notre devoir est alors de les motiver et les aider à ne pas abandonner leurs efforts. Nous devons reconnaître leur dur travail. Plusieurs ont eu de très bons résultats, des A+ sans prendre de leçons particulières », nous confie Gianee Annia, visiblement très fière de ses petits protégés.

Ne rien laisser au hasard

Que ce soit à la Stanley Govt. School ou à la Résidence Vallijee Govt. School, une attention particulière a été accordée au confort des élèves. À Stanley, l’infrastructure de l’école a été améliorée dans le but de donner aux élèves un cadre propice à l’apprentissage. « Nous avons investi beaucoup d’argent pour rénover le bâtiment. Il est important que les élèves puissent évoluer dans un environnement sain », explique Tahera Hussenbocus. C’est le même son de cloche du côté de la Résidence Vallijee. L’infrastructure de l’établissement a été mise à jour. Avec le soutien du ministère de l’Éducation, les salles de classe et les bibliothèques ont pu être rénovées. Toutefois, il ne suffit pas d’avoir un beau bâtiment, soutiennent les deux maîtresses d’école. Il est important de faire le suivi de chaque élève. À Stanley, un fonds de Corporate Social Responsibility (CSR) a été utilisé pour financer des cours de rattrapage. À la Résidence Vallijee Government School, les élèves bénéficient d’un soutien tout au long de l’année et ceux qui n’arrivent pas à suivre le rythme participent à des cours de rattrapage également. Comme quoi, le statut social ne déterminerait pas à lui seul la réussite d’un enfant. Avec les bons guides, l’encadrement propice et les efforts de l’élève, « l’ambition de réussir est presque toujours l’augure du succès », disait un ancien roi polonais du 18e siècle, Stanislas Leszczynski.
   

Ils n’ont pas baissé les bras

  C’est dans l’effort que l’on trouve la satisfaction, disait Mohandas Gandhi. Les élèves de la Stanley Govt. School et de la Vallijee Govt. School ont prouvé que la persévérance est rarement vaine. Plusieurs d’entre eux ont brillé malgré les difficultés, prouvant ainsi qu’il n’est jamais impossible de réussir. Manshi Ramdhany a brisé tous les préjugés en démontrant qu’être admise dans une école ZEP n’est pas synonyme d’échec. Avec 22 unités, elle se dit fin prête à s’embarquer dans une nouvelle étape de sa scolarité. Pour Lovena, la mère de la petite, ces résultats ont été possibles grâce à de nombreux sacrifices. « Nous sommes une famille modeste. Je travaille à des heures tardives dans un hôtel et c’est la même chose pour mon mari qui est boulanger. Nous devons travailler très dur pour pouvoir permettre à ma fille de bâtir son avenir. Aujourd’hui, je suis heureuse que nos efforts ont porté leurs fruits. C’est une grande fierté pour la famille », dit-elle. La jeune fille rêve d’être hôtesse de l’air. « Je suis satisfaite de mes résultats, mais je sais que c’est maintenant que commence le dur travail », martèle Manshi Ramdhany. L’émotion était à son comble du côté des Ullayen à la sortie de l’école, le lundi 7 décembre. Les résultats de son fils Davissen en main, Krishnavani est visiblement très émue. Son fils, élève de la Vallijee Govt. School, n’a pas eu d’A+, mais ses résultats sont les fruits d’une année d’efforts. « Au début, il avait des difficultés pour travailler. Mais il a fait de son mieux tout au long de l’année. Avec ses 14 unités, il sera admis dans un bon collège et j’en suis tout simplement fière de lui car je sais qu’il a beaucoup travaillé », nous confie-t-elle.  
 

Tahera Hussenbocus: maîtresse de discipline

 
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/div> Ancienne élève du Couvent de Lorette de Quatre-Bornes, Tahera Hussenbocus s’est toujours souvenue de la discipline instaurée par les sœurs. Elle s’est lancée dans le professorat par vocation. Après 44 ans de service, elle prendra sa retraite en février 2016. La discipline a toujours été le maître-mot dans son quotidien. « Il faut toujours rester ferme avec les enfants. Cependant, on ne peut se contenter d’interdire, mais il faut aussi expliquer le pourquoi des interdictions », affirme cette maman de deux fils, qui affirme instaurer la discipline à la maison également. La directrice de la Stanley Govt. School attribue les bons résultats des élèves de cet établissement au dur travail de tout le corps enseignant et non-enseignant. Et, bien sûr, des élèves.

Gianee Annia: dame de fer au cœur de velours

Cela fait 31 ans depuis qu’elle s’est lancée dans l’enseignement. Gianee Annia a été promue assistante maîtresse d’école à Cascavelle Govt. School en 2007. Cinq ans après, elle est postée à la Vallijee Government School et ce n’est qu’en septembre 2015 qu’elle a été confirmée en tant que maîtresse d’école. Mariée depuis 42 ans et mère de deux enfants, elle nous confie que concilier sa vie professionnelle et familiale n’a pas toujours été facile, mais c’est sa passion pour l’enseignement qui l’a encouragée à aller de l’avant. « Je suis comme une grand-mère pour mes élèves et une mère pour mes enseignants. La majorité des élèves ont des problèmes et je dois souvent faire preuve de tendresse envers eux. Ils ont besoin d’affection et on ne peut se limiter à leur éducation académique. Mais je m’efforce tout de même de maintenir un niveau d’autorité », dit-elle.  

Neeta Adèle, présidente de la PTA: « Chacun a son rôle à jouer »

  Derrière les bons résultats se cachent les efforts coordonnés de plusieurs personnes. C’est ce que fait ressortir Neeta Adele, présidente de la Parent-Teacher Association (PTA) de la Vallijee Government School, depuis deux ans. Elle associe la belle performance de cet établissement au travail d’équipe effectué par le personnel enseignant et non-enseignant. « La maîtresse de l’école et son équipe ont mis les bouchées doubles pour encadrer les enfants ainsi que les parents. Grâce à cela, nous avons pu résoudre des problèmes auxquels l’école faisait face, dont l’absentéisme », dit-elle.  Elle souligne que des associations telles que TIPA ont aidé pour l’organisation d’activités créatives. Le but de cette démarche est tout simplement de motiver les élèves et les encourager à exploiter leur potentiel. « Les parents ne sont pas exclus du bon déroulement de l’école. Chacun a son rôle à jouer. Des clubs et des séances de counselling sont tenus durant l’année scolaire. L’objectif est d’aider les parents à prendre conscience de l’importance de l’éducation », explique la présidente de la PTA. Par ailleurs, ajoute-t-elle, certains élèves ont bénéficié d’un petit-déjeuner car, issus de familles pauvres, ils venaient à l’école le ventre vide.
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