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École privée : des enseignants « harcelés » par leur directeur néozélandais

Des enseignants mauriciens se sentent « indésirés » sur leur propre lieu de travail. La raison : le Head of School en poste depuis un peu plus d’un an, un Néozélandais qui ferait preuve de discrimination vis-à-vis des Mauriciens au profit des expatriés et de son épouse.

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Rien ne va plus pour un bon nombre d’enseignants mauriciens à l’International Preparatory School (IPS), école privée située à Mapou. Ils accusent le Head of School, le Néozélandais Bruce Ashton, en poste depuis un an et demi, de discrimination à leur encontre. Certains de ces enseignants étrangers sont ses amis personnels qu’il a recrutés depuis son arrivée et même son épouse occupe désormais une position importante au sein de l’institution. Plusieurs enseignants ont démissionné à cause du comportement discriminatoire de Bruce Ashton.

« Il favorise les étrangers depuis qu’il est arrivé, confie un enseignant, qui a souhaité conserver l’anonymat par crainte de représailles, il y a eu déjà cinq démissions et tous ont été remplacés par des expats. » L’un des cinq est revenu sur sa décision, suite à la demande de plusieurs parents. « Pour les autres, il a fait venir ses amis et anciens collègues, ajoute notre source, il a même enlevé le numéro trois, un Mauricien qui avait la responsabilité du curriculum. » C’est son épouse, Heidi, spécialiste du système international Primary Years Programme (PYP), vers lequel veut s’orienter l’école, qui a repris ces responsabilités.

Les descriptions du comportement de Bruce Ashton s’apparentent à du harcèlement : convocations répétées dans son bureau, des sous-entendus concernant leur inaptitude à enseigner à IPS et l’habitude de sortir un prof au beau milieu de ses leçons pour lui passer un savon. Un deuxième enseignant, sous le couvert de l’anonymat, témoigne : « Il a dit à plusieurs d’entre nous que nous ne sommes pas à notre place, que c’est une école internationale et que nous n’avons pas été ‘exposed internationally’. Les profs mauriciens finissent par être dégoûtés et à douter de leurs capacités. Et il nous encourage à partir. »

Harcèlement

Le Défi Quotidien a pu contacter un des enseignants qui a quitté l’établissement. Cette source confirme qu’elle est partie à cause du Head of School. « Il a tout fait pour que je quitte l’école, raconte cet ancien enseignant, il a mis sur pied un Appraisal System dont il se sert surtout pour les Mauriciens. Même si vous avez un Master et un PGCE, il va vous harceler et vous appelle dans son bureau pour un oui et pour un non. » Cet enseignant déclare avoir quitté l’établissement ne pouvant plus travailler avec Bruce Ashton, qui fermerait les yeux sur les manquements de ses amis expatriés.

Deux autres employés contactés par le Défi Quotidien, un membre du personnel administratif et un autre enseignant de longue date, assurent n’avoir aucun problème avec le Head of School, même s’ils reconnaissent avoir eu vent des problèmes avec d’autres Mauriciens. Deux parents d’élèves et un autre enseignant corroborent cependant les faits qui lui sont reprochés.

Nous avons été à la rencontre de Bruce Ashton et quelques autres membres du Board of governors de l’école pour avoir leurs explications. Selon Bruce Ashton, le passage de l’école vers le standard PYP mettrait la pression sur les enseignants, ce qui expliquerait bien des choses : « Le changement est difficile à vivre. Tout passe pour une critique et est pris de manière négative, comme une méchanceté. Parfois, les choses peuvent être lost in translation. »

S’il reconnait que sa femme a été recrutée, il assure  qu’il y a eu un appel à candidatures et qu’elle était la seule postulante. Idem pour ses deux amis et anciens collègues recrutés. « Nous avons besoin de l’expertise de gens qui connaissent le système PYP et nous avons cherché à recruter des Mauriciens avant de nous tourner vers l’international », justifie-t-il.

Soutien du Board

Bruce Ashton semble aussi bénéficier du soutien du Board. Dhan Beeharry, le président, relativise la situation. « Il y a eu des conversations informelles avec les enseignants et je leur ai simplement dit de ne pas s’inquiéter pour leur job, explique ce dernier, on a le pouvoir de recruter et limoger le Head of School, mais il est le manager et on doit le laisser manage. Nous voulons hausser le niveau de l’école et nous avons des standards que nous voulons imposer. » Les deux autres membres du Board a qui nous avons parlé, soit Ali Esmaël et Éric Grenouillaud, tiennent des propos similaires.

 

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