Les principaux marchés boursiers chutent. La livre sterling s’effondre. L’euro s’affaiblit. Le retrait britannique de l’Union européenne a créé un vent de panique. Maurice, pays exportateur vers la Grande-Bretagne et l’Europe, se prépare à en surmonter les impacts, et ce dans un climat incertain.
« Une extrême incertitude plane sur les places financières mondiales. Et ce n’est que le début. » C’est ce qu’estime l’économiste Swadicq Nuthay. Il ajoute que les implications sont vastes et que beaucoup de changements sont à prévoir. « À commencer par le nouvel ordre financier. Londres a, par exemple, toujours été la capitale du marché des devises. Qu’en sera-t-il après ? » s’interroge Swadicq Nuthay.
Pour lui, le vote des Britanniques a conduit la place financière vers un trou dont on ne connaît pas la profondeur. « Et la réaction des marchés financiers nous donne un aperçu de l’ampleur de la situation. En revanche, une chose est sûre : l’économie mondiale en souffrira. »
Le vendredi 24 juin, le scénario tant redouté dans le monde s’est réalisé : 52 % des Britanniques se sont prononcés en faveur d’un départ de la Grande-Bretagne de l’Union européenne (UE). Les résultats ont pris de court l’ordre mondial de la finance. De New York à Tokyo, les marchés ont terminé leur séance boursière en forte baisse. Ce lundi 27 juin, on saura si la chute se poursuivra ou pas.
À Maurice, la livre sterling a perdu 8,1 % de sa valeur face à la roupie. Ce qui n’arrange pas les affaires des exportateurs vers la Grande-Bretagne de même que le secteur hôtelier. Le Royaume-Uni a acheté des produits mauriciens totalisant Rs 11 milliards, en 2015. Le nombre de touristes britanniques est passé à 130 000.
« L’impact immédiat du retrait de la Grande-Bretagne de l’UE – s’il y en a – se fera sentir à travers une baisse des recettes facturées en livres sterling. Il y aurait alors une baisse éventuelle des arrivées », explique la firme AXYS Stockbroking Ltd, dans une analyse en date du 23 juin. « Après que la livre sterling a atteint son niveau le plus bas en 30 ans, nous estimons que le manque à gagner, sous forme de revenus, serait de quelque Rs 355 millions. Même si au niveau national l’impact sera moindre, sur le plan micro-économique, les hôtels axés sur la Grande-Bretagne en subiront les effets. »
Le pays a déjà pris la mesure de la situation. La Banque de Maurice se dit prête à intervenir pour protéger les intérêts du pays. Le gouvernement et le secteur privé ont eu une réunion de travail sur le sujet, présidée par le ministre des Finances, Pravind Jugnauth. La prochaine étape consiste à identifier les secteurs qui seront les plus vulnérables, afin d’agir en conséquence. Un comité interministériel a été mis sur pied. Même si Maurice est à l’abri pour les deux prochaines années, il sera question de bien négocier un accès privilégié au marché britannique.
Cependant, le pays ne peut pas empêcher qu’il y ait davantage de complications sur le plan mondial. Le départ britannique risque de fragiliser l’Europe – notre premier marché au niveau des exportations et du tourisme – et, par richochet, affaiblir l’euro. Le Vieux continent ne s’est toujours pas remis de la crise financière qui a eu lieu, il y a huit ans.
« Il y a un risque que d’autres pays emboîtent le pas à la Grande-Bretagne. Les pays scandinaves, dont la Suède, la Norvège et le Danemark, seront les premiers sur cette liste. De plus, les principaux partenaires commerciaux de la Grande-Bretagne, tels que la Hollande, l’Irlande et Chypre, seront plus aptes à quitter l’UE », commente l’économiste Arvind Nilmadhub.
Ainsi, lance-t-il, pour ne pas affaiblir sa monnaie, il se peut que l’UE accepte de compter d’autres pays comme membres. « La Turquie, qui est une économie émergente, est une favorite pour rejoindre le bloc. maintenant, l’UE se trouve dos au mur pour accepter la Turquie... »
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