Droits au travail : faut-il avoir peur des contrats à durée déterminée ?

Les salariés sont de plus en plus recrutés sous des contrats à durée déterminée. En d’autres mots, ils sont appelés à exercer temporairement. Leur accord salarial peut être renouvelé tous les douze mois ou tous les trois ans, tout comme il peut ne pas être renouvelé. Patronat et syndicats s’expliquent sur ce type d’entente.

Patronat

Pradeep Dursun : «C’est trop simpliste de dire que les salariés ne sont pas protégés»

Pour le Chief Operating Officer de Business Enterprise, le travail à contrat à durée déterminée est une pratique qui se fait à travers le monde. Pradeep Dursun parle de mutation dans le monde du travail, dans le secteur des services et des changements rapides au niveau de la technologie. Il fait comprendre que « le modèle où un employé travaille à vie pour un seul employeur disparaît de plus en plus ».

Pradeep Dursun estime que contrairement à ce qu’on pense généralement « le contrat à durée déterminée n’est pas foncièrement mauvais ». Le Chief Operating Officer (COO) de Business Enterprise explique que le travail sous contrat à durée déterminée prend davantage d’importance dans un monde d’incertitudes économiques, où il est difficile de prévoir, à coup sûr, l’avenir de tel ou tel secteur d’activité sur le long terme.

Avec l’avènement de la technologie,  laisse entendre Pradeep Dursun, certains entrepreneurs se lancent dans des projets à durée déterminée et emploie des personnes pour l’étendue de leurs réalisations. Le COO de Business Mauritius explique aussi que les jeunes professionnels préfèrent davantage du travail temporaire. « Ils travaillent pour une entreprise pendant un certain temps, puis offrent leurs services à une autre compagnie ou vont travailler pendant quelques années à l’étranger avant de retourner au pays. » Et d’ajouter qu’il  faut évoluer avec le temps.

Pradeep Dursun trouve que les législations du travail accordent une protection aux employés sous contrat. « C’est trop simpliste de dire que le travail sous contrat à durée déterminée encourage le travail précaire et que les salariés ne sont pas protégés. » Il attire l’attention sur les contractuels qui ont droit aux congés annuels, au boni de fin d’année et autres facilités prévues par la loi. De plus, souligne le COO de Business Mauritius, à la fin de leurs contrats, s’ils n’arrivent pas à trouver un emploi alternatif, ils peuvent profiter du Workfare Programme.

Syndicats

Reeaz Chuttoo : «Une manif contre le travail précaire avant la rentrée parlementaire»

Le secrétaire de la Confédération des travailleurs du secteur privé (CTSP) prévoit une manifestation contre le travail précaire avant la reprise des travaux parlementaires. Reeaz Chuttoo explique qu’il maintiendra la pression sur le gouvernement aussi longtemps que les dispositions de l’Employment Rights Act, qui sont contre les intérêts des travailleurs et tout en encourageant le travail précaire, ne sont pas amendées. 

Reeaz Chuttoo souligne que la CTSP travaille en collaboration avec des organisations internationales, dont IndustriAll et International Trade Union Confederation (ITUC), pour combattre la précarité de l’emploi qui prend de plus en plus d’ampleur dans le pays.

Idem pour Atma Shanto, président de la Fédération des travailleurs unis (FTU), qui affirme que le travail sous contrat à durée déterminée est synonyme de souffrance dans le silence. « Je connais des salariés qui sont sous contrat à durée déterminée pendant plus d’une quinzaine d’années et qui ne sont toujours pas employés sur une base permanente. » Il explique que les contractuels ont peur de dénoncer leurs conditions de travail de peur que leur contrat ne soit pas renouvelé.  Il  souhaite l’amendement de l’Employment Rights Act, afin qu’un salarié devienne permanent automatiquement après deux contrats consécutifs.

De son côté, l’avocat Dev Ramano, spécialiste en relations industrielles, soutient qu’il y a un abus de contrats à durée déterminée. « C’est une façon pour les employeurs de ne pas reconnaître le temps de service. » L’homme de loi ajoute que c’est un phénomène qui affecte de plus en plus les employées des écoles préscolaires.

Témoignages d’employés