La situation de l’eau à Maurice semble être sous pression, selon les observations du ministère des Services publics et de l’Énergie. C’est ce qu’indique un document publié récemment par le ministère.
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Le constat concernant la situation de l’eau est pour le moins alarmant. Rs 1 milliard a été investie pour le remplacement des canalisations dans plusieurs régions du pays - Rose Hill, Lallmatie, Pierrefonds et Chamouny - durant les dernières années. Des stations de filtration ont vu le jour dans plusieurs localités : à Beau-Champ, Calebasses et Constance. Mais la distribution de l’eau à Maurice demeure un problème majeur. C’est du moins ce qui ressort d’un document du ministère sur les « Strengths, Weaknesses, Opportunities, Threats » du secteur.
Le document révèle que de nombreuses régions sont confrontées à une pénurie d’eau, en raison de la surextraction, du changement climatique et de la mauvaise gestion de l’eau. Selon le ministère, cette situation fait que les ressources en eau ne sont pas réparties de manière uniforme. Ce qui entraîne des disparités régionales et des risques.
Cette situation est principalement causée par plusieurs facteurs. D’abord, la croissance rapide de la population intensifie la demande en eau et accroît la pression sur les ressources existantes. Ensuite, les infrastructures vieillissantes aggravent le problème. « Dans certaines régions, les infrastructures hydrauliques sont obsolètes et nécessitent des travaux de maintenance ou de remplacement. Il y a des pertes d’eau et des problèmes de qualité. »
Par conséquent, les investissements substantiels et la promesse électorale d’assurer une distribution d’eau 24/7 à la nation mauricienne n’ont pas encore produit les résultats escomptés. Des mesures supplémentaires sont nécessaires pour garantir une gestion durable et équitable des ressources en eau à travers le pays.
Un autre aspect particulièrement préoccupant de la situation de l’eau concerne les risques de contamination. Selon le ministère des Services publics et de l’Énergie, la contamination de l’eau par des polluants, des déversements industriels ou des ruissellements agricoles constitue une préoccupation majeure pour la qualité de l’eau et la santé publique.
De plus, selon le ministère, l’expansion de l’industrialisation et de l’urbanisation peut aggraver la pollution de l’eau. Ce qui représente une menace pour la santé humaine et les écosystèmes. Une source proche du dossier au ministère met en avant que cette situation exerce une pression accrue sur les ressources en eau. Les activités industrielles et urbaines émettent des polluants. Il y a des rejets de substances chimiques, de déchets industriels et d’eaux usées non traitées. Ce qui compromet la qualité des sources d’eau douce.
Pour sa part, Adi Teelok, membre de Platform Moris Lanvironman et militante écologiste, avance que le secteur de l’eau est confronté à plusieurs défis. Et selon elle, les autorités ne semblent pas les prendre en considération.
« La pollution de certaines sources d’approvisionnement par l’industrialisation, l’agriculture et l’urbanisation rapide est un risque. Mais il y a d’autres menaces pour l’approvisionnement », dit-elle. Elle est aussi d’avis que le changement climatique et le développement immobilier de luxe et hôtelier sont des menaces.
« Avec le changement climatique, les situations de sècheresse risquent de devenir plus fréquentes. Maurice est déjà considéré comme un pays en situation de stress hydrique. La hausse du niveau de la mer risque fort de provoquer une salinisation de certaines nappes phréatiques », ajoute-t-elle. Elle fait ressortir que la pression exercée par les exigences des hôtels et de l’immobilier de luxe se fait sentir.
« Quand on examine les demandes de permis EIA pour des projets immobiliers – sous les Smart City et Property Developent Schemes - on le constate. Tous ces projets qui sont de grands consommateurs d’eau misent sur un approvisionnement du réseau de la CWA qui, dans plusieurs endroits de l’île, peine à assurer une fourniture adéquate aux résidents existants », note-t-elle.
« Certaines de ces smart cities comportent un hôtel. Et celui-ci n’a pas forcément recours au dessalement de l’eau de mer pour son approvisionnement. Alors que tout établissement de plus de 50 chambres doit y recourir. Cet axe de la politique économique du gouvernement ne va pas faire décroître les inégalités dans l’approvisionnement », dit-elle.
Pour Sunil Dowarkassing, ancien stratège chez Greenpeace International, la contamination et la pollution sont des préoccupations majeures. Il fait référence aux résidus de cendres de charbon produits après la production d’énergie.
« Ces résidus contiennent de l’arsenic, du plomb, du mercure, entre autres substances toxiques. Celles-ci peuvent entrer en contact avec les eaux souterraines », explique-t-il. Il ajoute que la déforestation constitue une menace significative, car elle entraîne la destruction des zones de captage.
Malgré ces observations défavorables, le ministère demeure optimiste quant aux opportunités offertes par le secteur de l’eau grâce aux initiatives de conservation. Il existe des possibilités de développement et de promotion d’initiatives de conservation de l’eau. Ce qui encourage une utilisation efficace de l’eau tant au niveau individuel qu’industriel. De plus, des investissements dans des technologies, comme les systèmes de gestion intelligente et le recyclage de l’eau, peuvent mener à une meilleure utilisation des ressources.
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