Faits Divers

Discrimination alléguée - Asleem : le combat d’un aveugle

Son désir de réussir est plus fort que sa cécité… À 48 ans, Asleem Mahammodally rêve d’une vie normale et d’un travail décent. Mais son ambition se heurte à des obstacles. Cela fait sept ans qu’il est stagiaire au Training and Employment of Disabled Persons Board.

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L’obscurité ne faisait pas partie de la vie d’Asleem Mahammodally. Cet habitant de Pailles travaillait comme ‘messenger’ dans une compagnie privée de la capitale. Mais en 2001, sa vie est bouleversée par un accident de travail. À quelques mois de son mariage, il fait une chute du quatrième étage d’un immeuble. Il se blesse à la tête. Six mois plus tard, il souffre d’un décollement de la rétine. Ses interventions chirurgicales à l’étranger sont sans succès.

Fiançailles rompues

Il est plongé dans l’obscurité. Sa vie s’assombrit davantage lorsque ses fiançailles sont rompues. « Les parents de mon ex-fiancée m’ont fait comprendre qu’elle est de nature très active et qu’elle ne pourra s’adapter avec un aveugle », confie Asleem Mahammodally.

Pendant neuf ans, Asleem Mahammodally se réfugie dans sa bulle. Il est aigri et désemparé. « Je passais le plus clair de mon temps à l’obscurcir », affirme-t-il en citant cette fameuse phrase de Boris Vian dans L’Ecume des jours. Un beau jour, son désespoir finit par céder la place à l’espoir. En écoutant Radio Plus, il tombe sur une annonce concernant le recrutement des handicapés par le Training and Employment of Disabled Persons Board (TEDPB).

« À l’époque, c’était le seul moyen pour moi de redonner un sens à ma vie. Je me suis inscrit. L’espoir d’une vie meilleure a germé lorsque j’ai été recruté comme stagiaire en 2010 d’autant que j’allais obtenir une allocation de Rs 8 000 par mois », se remémore-t-il.

Asleem Mahammodally est affecté au bâtiment Renganaden-Seeneevassen à Port-Louis. Il reçoit une formation de standardiste. Toutefois, sa joie est de courte durée lorsqu’il constate que le matériel n’est pas adapté aux aveugles. En mars 2016, il est muté au ‘Head office’ du TEDPB.

Insertion des handicapés

Asleem Mahammodally constate vite que ses conditions de travail ne sont, une nouvelle fois, pas compatibles avec son handicap. Il déplore l’absence d’un téléphone sur son bureau et l’absence de toute formation. « Je suis assis du matin jusqu’à l’après-midi sans rien faire. Je gagne moins d’argent car mes allocations sont passées à Rs 6 000. C’est assez normal car je ne fais rien de toute la journée mais je veux travailler à condition qu’on me donne la formation et les outils nécessaires. Je pourrai enfin être rémunéré à ma juste valeur. »

Asleem Mahammodally pointe du doigt le TEDPB car il soutient que cet organisme est supposé former et faciliter l’insertion des handicapés dans le monde du travail. Il craint désormais d’être transféré au Calebasse Training Centre. C’est pour cette raison qu’il a sollicité l’aide de la Global Rainbow Foundation car il estime que le centre est dépourvu des aménités adaptées aux handicapés.

Professeur Armoogum Parsuraman : «C’est une honte»

Le président-fondateur de la Global Rainbow Foundation, le professeur Armoogum Parsuraman, trouve honteux le traitement accordé aux handicapés et particulièrement à ceux qui veulent travailler. Il reconnaît que beaucoup a été fait pour leur venir en aide. Il estime que le sort d’Asleem Mahammodally devrait interpeller tous les Mauriciens. « Les fondements d’une société démocratique sont la justice et l’égalité des chances. Le progrès économique et la richesse n’auront aucun sens si une catégorie de citoyens est marginalisée. » Selon le président-fondateur de la GRF, une organisation, ayant 35 employés ou plus, doit obligatoirement s’assurer que 3 % d’entre eux sont des handicapés en vertu de l’article 13 de la (TEDP) Act 2012. « La loi est-elle respectée ? Du moins, est-ce que les autorités veillent à ce qu’elle soit respectée ? » En effet, l’article 13 de la Training and Employment of Disabled Persons (TEDP) Act 2012 prévoit une amende de Rs 4 000 par mois pour chaque employé handicapé non recruté.

 

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