Interview

Devanand Ramjuttun : «Les négociations collectives sont discriminatoires»

Les nouvelles négociations collectives dans l’industrie sucrière auront lieu au sein de chaque compagnie, contrairement à ce qui se faisait dans le passé. Devanand Ramjuttun, du Joint Negotiating Panel, ne l’entend pas de cette oreille.

Publicité

L’accord collectif dans l’industrie sucrière expire en décembre 2017 ? Quand débuteront les prochaines négociations pour un accord collectif ?
Selon la loi, les nouvelles négociations devront débuter trois mois avant l’expiration du présent accord signé le 28 novembre 2014. Sauf imprévu, elles devraient débuter d’ici octobre prochain et entrer en vigueur le 1er janvier 2018.

Pour la première fois, les négociations se feront au niveau de l’industrie et non au niveau sectoriel. Vos sentiments ?
Le dernier accord a été signé avec la Mauritius Sugar Producers Association (MSPA) sous l’égide du ministre du Travail d’alors, Shakeel Mohamed. Il concernait l’ensemble des laboureurs et artisans de l’IS. Après la dissolution de la Mauritius Sugar Planters Association, les négociations auront lieu au niveau de chaque industrie séparément. Le Joint Negotiating Panel n’a pas dit son dernier mot.

Expliquez-vous.
Négocier séparément au sein de chaque industrie veut dire que les salaires et conditions d’emploi ne seront plus uniformes. Les laboureurs et artisans de l’IS ne toucheront plus les mêmes salaires pour une même tâche. Cela viole la convention 100 de l’Organisation internationale du Travail (OIT) qui préconise l’égalité des rémunérations pour un travail égal et la convention 111 qui préconise l’élimination de toute discrimination.

Ces deux conventions ont été ratifiées par Maurice. Et l’Employment Rights Act préconise aussi un salaire égal pour un travail égal. D’où le risque d’une détérioration des relations industrielles au sein de l’IS. Nous avons écrit une lettre le 12 juin dernier, suivi d’un rappel le 17 suivant, aux ministres de l’Agro-industrie Mahen Seeruttun et du Travail, des Relations industrielles et de l’Emploi, Soodesh Callichurn, pour une réunion conjointe avec les syndicats pour débattre de ce point. Aucune réponse à ce jour. Où est la logique quand, pour négocier avec le gouvernement pour obtenir des concessions, l’IS forme un seul bloc ? Mais quand il s’agit de négocier avec les travailleurs pour une hausse des salaires et une amélioration des conditions de service, on impose des négociations au sein de chaque compagnie.

Quelles seront vos principales revendications?
Nous travaillons toujours sur notre cahier de revendications. L’une d’elles sera, bien sûr, une hausse de salaire acceptable pour les artisans et les laboureurs.

Avec la fin des quotas sucriers sur le marché européen le 1er octobre prochain et la baisse du prix du sucre pour les producteurs, qui passera de Rs 15 500 à Rs 13 400 la tonne, l’IS sera-t-elle en mesure de subir de nouvelles contraintes financières ?
Bien sûr, nous formulerons nos demandes en considérant les défis qui nous attendent aux plans national et international. En dépit des cris de désespoir des usiniers, à chaque nouvelle négociation collective, l’IS se porte bien. Elle a survécu à la grève de 2014. Cela dit, elle a les moyens de satisfaire nos demandes qui ne seront pas exagérées. Nous n’occultons pas le fait que l’IS aura des défis à relever avec la fin des quotas sucriers sur le marché européen et la concurrence directe avec les betteraviers. Il y a aussi l’autre revers de la médaille : la transformation de l’IS en industrie cannière. Elle ne produit plus seulement du sucre, mais aussi de l’électricité et de l’éthanol, sans compter ses investissements hôteliers, IRS et autres activités.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !