Le président de la Federation of Democratic Unions Federation (FDUF) estime que la situation dans le secteur du textile n’est pas alarmante et que les difficultés de certaines entreprises est le résultat d’une mauvaise administration. Désiré Guildhary réclame la mise sur pied d’une Manufacturing Sector Authority, indépendant de la Mauritius Export Association, pour veiller à la bonne marche des entreprises.
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Vous êtes un syndicaliste très actif dans la zone franche, en particulier le textile qui connaît une crise actuellement. Est-ce que la situation est vraiment alarmante ?
Certes, il y a eu des fermetures d’usine, mais je ne pense pas que la situation est alarmante. J’estime que les difficultés que connaissent certaines compagnies de textile résultent plutôt d’une mauvaise administration. Je ne dis pas que tout est en rose dans le secteur, mais de là à brosser un tableau noir de la situation est une autre paire de manches. Mais il faut reconnaître que le textile mauricien est confronté à une rude compétition sur le marché international, venant surtout des pays ayant un faible coût de production comparé à Maurice.
Dans certains milieux, on dit que l’introduction du salaire minimum a aggravé la situation financière de certaines compagnies de textile. Qu’en pensez-vous ?
C’est trop facile de montrer du doigt l’introduction du salaire minimum alors que les vraies raisons derrière les difficultés financières d’une entreprise résultent d’une mauvaise administration et de mauvaises décisions. Il suffit d’étudier des dossiers, dont certains ont été publiés dans la presse, pour s’en convaincre. D’ailleurs, le rapport sur l’impact de l’introduction du salaire minimum sur l’économie vient dire que cela n’a pas eu un effet négatif sur la grande majorité des entreprises. Au contraire le salaire minimum a revalorisé les travailleurs de la zone franche et stimulé la consommation en général.
Si au fil des années, les salaires ont augmenté, toutefois la productivité a plus ou moins stagné. Il devient de plus en plus difficile pour le secteur manufacturier mauricien de s’imposer sur le marché mondial.
Je ne vous dis pas le contraire. Les produits mauriciens ne peuvent plus rivaliser avec ceux venant des pays où les coûts de production sont moins élevés. D’ailleurs, l’industriel François de Grivel a dit que Maurice doit se tourner vers le haut de gamme. Cela dit, j’ai constaté qu’après chaque hausse salariale, on réclame une hausse de productivité. Si un ouvrier a la capacité de produire cinq pièces en une minute, pourra-t-il en produire une dizaine s’il bénéficie d’une augmentation salariale ? Il y a une limite à la capacité humaine. Même les robots sont programmés pour produire un certain nombre de pièces dans un délai prescrit. Une hausse de la productivité passe invariablement par une modernisation des moyens de production. Peut-on vraiment demander aux travailleurs de produire davantage sur des machines datant de plus d’une vingtaine d’années ? L’autre élément important pour une hausse de production est la formation. À mon avis, c’est un élément qui est plus ou moins négligé dans le secteur manufacturier. D’où mon souhait qu’il y ait une école de formation digne de ce nom, qui assurera la formation des machinistes et autres techniciens pour qu’ils intègrent, par la suite, le secteur manufacturier. Si on veut une hausse de productivité, il faut aussi donner les moyens nécessaires aux travailleurs pour le faire.
Quelles seront vos principales propositions pour le prochain budget ?
Suivant les récentes fermetures et les licenciements dans le secteur manufacturier, ma première demande est la création d’une Manufacturing Sector Authority. Je ne remets pas en doute la compétence de la Mauritius Export Association (MEXA), mais elle est composée essentiellement d’industriels. À mon avis, il nous faut un organisme indépendant avec le pouvoir de veiller à la bonne gestion des entreprises, entre autres.
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