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Des spécialistes en mauvaise posture : la Santé porte plainte à la police contre le Dr Ramtohul

La clinique Chisty Shifa La clinique Chisty Shifa est sous le coup d’une enquête de la Santé pour avoir supposément permis à sept spécialistes de travailler durant les heures où ils étaient censés être à l’hôpital.

Le torchon brûle entre le ministre de la Santé et les responsables syndicaux opposés à l’interdiction des spécialistes de la Fonction publique de pratiquer dans le privé.

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Deux enquêtes ont été ouvertes contre le président de la Government Medical Consultant in Charge Association et l’établissement du président de l’Association des cliniques.

Le débat quant au projet du ministère de la Santé d’interdire aux médecins spécialistes de pratiquer dans le privé vient de glisser vers la polémique. À quelques jours du débat organisé par le ministère où l’ensemble du corps médical devra donner son point de vue sur cette ébauche, il a porté plainte à la police jeudi contre le Dr Bhooshun Ramtohul, président de la Government Medical Consultant in Charge Association (GMCCA). Il l’accuse d’opérer un cabinet médical à son domicile, à Rose-Hill, sans les autorisations nécessaires.

« Le ministère m’attaque personnellement. J’ai l’impression qu’on m’a tiré une balle en pleine tête. Dans un pays démocratique, on n’agit pas de la sorte. Quel médecin à Maurice n’a pas un cabinet médical chez lui ? Il m’attaque, car je suis un porte-voix et un syndicaliste », s’indigne le Dr Ramtohul qui n’a pas caché son opposition aux démarches du ministre Anil Gayan. « Cela fait huit ans que j’ai ce cabinet et c’est maintenant que j’ai pris connaissance qu’il faut obtenir au préalable un permis de la Santé en vertu de la Private Health Institution Act. Je n’ai commis aucune fraude, tous mes revenus sont déclarés. Pourquoi moi ? » se demande le médecin.

Un inspecteur de police chez Dr Ramtohul

Jeudi, un inspecteur de police est allé chez lui pour l’informer qu’il devra donner sa défense lors d’un interrogatoire au poste de Rose-Hill. « Mo lamelipie koupe... Eski mo bizin aret koze ? Le ministère veut m’affaiblir personnellement. Je n’ai fait qu’agir en tant que patriote. Je me bats pour la profession. Je ne vais pas jeter l’éponge », lâche le président de la GMCCA.

C’est le même sentiment qui anime la direction de la clinique Chisty Shifa, à Port-Louis, qui est sous le coup d’une enquête de la Santé pour avoir supposément permis à sept spécialistes de travailler durant les heures où ils étaient censés être à l’hôpital durant les deux dernières semaines de décembre. Coïncidence : son directeur n’est autre que le Dr Dawood Oaris, président de la l’Association des cliniques…

Si sept noms sont avancés, c’est après que deux cadres de la Santé ont débarqué à la clinique mardi pour vérifier les registres. « Ils font fausse route. Deux spécialistes sont venus rendre visite à des patients à 8 heures, donc avant leurs heures de travail. Le nom d’un pédiatre avait été noté à côté de ceux d’un anesthésiste et d’un gynécologue pour un accouchement comme le veut la procédure. Mais le pédiatre vient plus tard dans l’après-midi pour ausculter le nouveau-né », explique une source autorisée de la clinique Chisty Shifa.

Seul bémol : le gynécologue qui a pris un congé maladie pour cause d’hypertension et qui a participé à un accouchement en décembre a affirmé à la direction de la clinique qu’il avait pris sa retraite anticipée. « Il était à la clinique tous les jours. Comment aurait-on pu douter de la parole d’un professionnel ? Nous n’allions quand même pas lui demander de nous montrer sa lettre », glisse notre interlocuteur. La Santé indique qu’il n’a jamais démissionné et qu’il est tombé « malade » au moment où il devait se rendre à Rodrigues comme c’est le cas pour ses collègues spécialistes chaque six mois.

La pilule qui ne passe pas

Il y a 25 ans, l’interdiction de la pratique privée aux spécialistes avait été entérinée par le ministre de la Santé d’alors Prem Nababsing. Il aura fallu même pas quatre ans pour que cette décision soit renversée par son successeur, Kishore Deerpalsingh.

Il fallait alors combler le vide laissé par une trentaine de spécialistes qui considèrent que c’est leur droit légitime de faire de la pratique privée. Dans le privé, les spécialistes approuvent la démarche d’Anil Gayan en faisant valoir que leurs confrères fonctionnaires « ne peuvent avoir le beurre et l’argent du beurre ». Ils déplorent une concurrence déloyale, ces derniers bénéficient de privilèges allant de l’achat de grosses berlines duty-free, d’une pension à la retraite ainsi que d’autres avantages pécuniaires.

 

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