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Décès tragique de leur frère Mike Jean lise et leur sœur Coralie Mathurin : Elles... sans eux 

Martine et Stessie, les soeurs des défunts. Coralie Mathurin est partie trop jeune. Mike Anthonio Jean Lise, le frère de Coralie, Martine et Stessie.
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Leur frère Mike Jean Lise est mort en mer dans des conditions atroces, il y a deux mois. Leur petite sœur, Coralie Mathurin, est décédée dans des circonstances tragiques le dimanche 19 février. Ce dimanche, les sœurs Martine Caillou et Stessie Lagaillarde se confient sur ce double décès brisant leur famille à tout jamais. 

Pour n’importe qui, la mort d’un proche devient une souffrance intense. Maintenant, en perdre deux en moins de deux mois, surtout quand l’un est son frère aîné et l’autre sa petite sœur, c’est encore pire… C’est le drame que vivent les sœurs Martine Caillou et Stessie Lagaillarde, des habitantes de Bambous-Virieux, après le décès tragique de Mike Anthonio Jean Lise, 39 ans, et Coralie Mathurin, 22 ans.

Le corps de leur frère a été retrouvé à moitié déchiqueté par des requins. Ce, après qu’il s’est « perdu en mer » lors d’une partie de pêche avec des amis le 28 décembre dernier. Deux mois plus tard, soit dans la soirée du dimanche 19 février, elles apprennent que leur petite sœur Coralie Mathurin, âgée de 22 ans, est décédée. Son compagnon lui a injecté une dose de Brown Sugar (voir plus loin). Le drame s’est produit à Pointe-aux-Feuilles, dans le village de Quatre-Sœurs.

Nous nous sommes rendus au domicile de la famille Mathurin, à Bambous-Virieux. Après avoir bravé un escalier au bord de la route, nous avons trouvé dans les hauteurs, la cour de leur maison. Lieu où une tente a été dressée et des chaises ont été installées pour accueillir les proches et amis venus faire leurs condoléances à la famille endeuillée, le mardi 21 février. 

Comme Chantale Mathurin, la mère de la défunte, est à bout de force, ce sont ses filles Martine Caillou et Stessie Lagaillade qui nous ont reçus. D’emblée, elles diront en larmes : « Nou mama ti pe releve inpe apre lamor nou frer, la linn aneanti ek lamor nou ti ser. Nou pa pe kav get li dan sa leta-la, deza li enn dimoun malad. »

Les deux sœurs essaient d’être fortes. Mais dans leurs yeux transpire une immense peine. Dans la douleur, elles ont du mal à mettre des mots sur leurs sentiments. 

« Bien tris seki inn ariv nou fami. Apenn de mwa nou inn perdi nou frer dan bann sirkonstans trazik, sann kout la, nou perdi nou ti ser, ankor dan bann sirkonstans trazik. Nous demandons à Dieu de nous donner du courage car l’épreuve que nous traversons est très difficile. Nou mem pa pe kav rant dan lakaz ek get nou mama dan sa leta-la… » 

Martine explique que son frère Mike travaillait comme pêcheur. « Li ti pe ale vini St Brandon. Zour ki sa dram-la inn arive, li ti al lapes ek so bann kamarad. So kamarad inn dir nou bato ine devire ek li, linn naze pou vinn dir nou ki nou frer inn perdi dan lamer », se désole-t-elle. 

Stessie, quant à elle, trouve tout cela très louche. « Sur son acte de décès, il est écrit que mon frère est mort le 28 décembre. Mo ena enn dout lor la. Lapolis inn dir pe fer lanket. Mais à ce jour, personne n’a donné de renseignements à ma mère. Nou anvi kone kinn arive vreman. Nou ankor pe atan laverite », dit-elle. 

Et de faire savoir que son frère était le soutien de leur maman. « Li ti pli gran. Li em ti pe get li ek okip li. » Martine et Stessie, qui sont toutes deux jardinières, affirment que désormais, ce sont elles qui veilleront sur leur mère malade. 

« Coralie pa inn ekoute »

Coralie
Destin tragique pour la jeune femme en compagnie de son compagnon.

Parlant de sa petite sœur Coralie, Martine indique qu’après sa scolarité, elle avait pris de l’emploi sur des chantiers. « Li ti pe netoye, fer zardinaz ek defwa bat beton. » Était-elle au courant pour le compagnon de celle-ci, Alvinew Kensor Alfred ? Martine répond que depuis un an, sa sœur entretenait une relation avec lui. Toutefois, elle ne le côtoyait pas vraiment et quand sa sœur est partie habiter avec lui, c’est à ce moment-là qu’elle l’a vu. 

« Dimoun ti pe dir nou ki nou ser inn trouve ar li, so larout pa bon. Monn koz ek Coralie. Linn dir mwa so kopin pou aret ladrog parski li kontan li ek so destin sa, pa ziz dimoun. » Elle poursuit qu’elle avait rappelé à sa petite sœur qu’elle était jeune et qu’elle avait tout un avenir devant elle. « Finalman, li pa inn ekoute, zordi get kinn arive… »

Stessie, qui a du mal à contenir ses larmes, avance pour sa part : « Noun apran ki manyer li ti pe bat li, Coralie ti pou kit li ale. Linn trouv mesaz lor so portab ek linn fer enn aksion koumsa. C’est impardonnable. Nous demandons la justice pour notre sœur. » 

La dernière fois que Martine et Stessie ont vu Coralie, c’était le samedi 18 février. Leur petite soeur s’était rendue à Mahébourg avec leur maman. « Mama inn desan Bambous-Virieux ek li, linn al Quatre-Sœurs. » Comment ont-elles appris son décès ? Martine dira que sa famille et elle l’ont appris vers 18 h 15, le dimanche 19 février. 

« Kouma inn tann sa, mama inn koumans kriye ek plore. Mo kouzinn ek so misie inn amen nou lopital dan so loto. Monn zwenn mama garson laba. J’ai demandé au médecin si on avait pu la ranimer. Il m’a répondu que c’était trop tard, pann kav fer nanye, mo ser ine fini mor… » soutient Martine, d’une voix brisée par la douleur. 

Les funérailles de Coraline Mathurin ont eu lieu le mercredi 22 février, à 11 heures. Elle a été inhumée au cimetière de Petit-Bel-Air.

Soudés comme pas deux 

Mike et Coralie avaient beau être les demi-frère et demi-soeur de Stessie et Coraline, tous étaient soudés comme les cinq doigts de la main. « Nou ti pe konsider nou kouma prop ser ek frer. Zot lamitie pou les enn gran vid dan nou leker. Zot pou mank nou bokou. Partou kot nou ti pe ale, nou ti ansam ek nou mama », affirme Stessie. Et de dire que désormais, elles ne seront plus qu’à trois.

Le temps passera mais les souvenirs restent à jamais… Martine indique que ce qui lui manquera le plus, c’est de plaisanter avec son frère. Ou encore de l’entendre lui dire : « Ki to pe fer, nenn ? » 

Quant à Coralie, elle affirme qu’elle l’appelait Michou et qu’elle adorait lui faire des câlins. « Mo ti pe dir li vinn get sa, mo ti pe may li ek fer li bann kalin. Nou lazwa viv ti koumsa. Nou, kot get nou, nou touzour ansam kouma enn fami. »

Rappel des faits

« Lacéré par des requins »

Une partie du corps de Mike Anthonio Jean Lise, lacéré par des requins, a été repêchée le jeudi 29 décembre, non loin de l’île aux Flamants, près de Grande-Rivière-Sud-Est. Le cadavre a été envoyé pour autopsie à la morgue de l’hôpital Victoria, à Candos. La victime se trouvait à bord d’une pirogue qui a chaviré. Quatre de ses amis sont parvenus à regagner le rivage à la nage. Ils ont été interrogés par la Criminal Investigation Division (CID) de Bel-Air.

« Il a fait croire qu’elle avait ingurgité une boisson énergisante »

Marie Coralie Elvina Mathurin avait 22 ans. Dans la soirée du dimanche 19 février, son compagnon Alvinew Kensor Alfred, 26 ans, l’a conduite à l’hôpital de Flacq. Il a fait croire qu’elle avait ingurgité une boisson énergisante avant d’avouer à la CID de Bel-Air-Rivière-Sèche qu’il lui avait injecté de la drogue. Elle a succombé peu après. 

L’autopsie pratiquée le mardi 21 février a conclu que Coralie est décédée des suites d’un œdème pulmonaire. Le suspect a été traduit devant la cour de Flacq le même jour sous une accusation provisoire de meurtre. Il demeure en cellule policière.

Doris, la maman d’Alvinew : «Mo ti pe dir mo garson, tonn trouv enn bon tifi» 

Doris Alfred est une mère désemparée. Son fils Alvinew Kensor Alfred, 26 ans, se trouve en cellule policière depuis le dimanche 19 février. Le jeune homme aurait injecté de la drogue à sa jeune compagne, Coralie Mathurin, 22 ans, qui est décédée d’une overdose. Il est passé aux aveux. 

Cette situation dramatique afflige profondément Doris. Selon cette habitante de Pointe-aux-Feuilles, Quatre-Sœurs, le couple s’entendait à merveille et elle appréciait énormément Coralie. « Mo ti pe get Coralie koumadir mo prop zanfan », dit-elle avec peine. 

Alvinew est issu d’une fratrie de quatre, dont trois sœurs. « Il est mon fils unique. » Mais en grandissant, il aurait eu de mauvaises fréquentations. « Li ti pe ale vini dan lakaz, gagn move frekantasion. Linn al tomb dan ladrog. Li ti personel dan so kwin », regrette-t-elle. Elle souffrait de voir son fils sombrer dans cet enfer. 

Mais lorsque son fils a rencontré Coralie, Doris avait repris espoir. « Linn kontan sa tifi-la. Enn zour linn amen li lakaz ek li pou reste », raconte-t-elle. Elle se rappelle encore de cette première rencontre avec Coralie, qui remonte à janvier 2022. « Li ti enn tifi trankil, bon zanfan. Li ti timid, inpe onte. » Le courant est vite passé entre la maman d’Alvinew et la jeune femme. Le couple habitait d’ailleurs chez Doris. 

Au fil des mois, elles ont appris à se connaître. « Mo ti pe gat li. Enn sel garson mo ena, mo get li kouma enn mo tifi mem. » Doris se souvient des paroles de sa belle-fille quand elle était à la maison : « ‘Mama, fini kwi manze ? Ki pou prepare ?’ Nou ti pe ed nou kamarad. »

Elles s’appelaient aussi par des petits noms affectueux. « Elle m’appelait Mama Dou et je l’appelais Co. Li ti touletan ena respe. » 

L’entrée de Coralie dans la vie de son fils avait transformé ce dernier. « Mon fils avait changé auprès d’elle. J’avais constaté qu’il s’éloignait peu à peu de la drogue. Il partait travailler puis revenait à la maison pour être auprès d’elle. Il n’allait nulle part, contrairement à auparavant. Ils passaient beaucoup de temps dans leur chambre. Coralie avait l’habitude de prendre mon cellulaire. Elle faisait des vidéos pour dire que mon fils était l’amour de sa vie. Nou ti pe viv kouma kamarad. Li ti pe vinn lapriyer tou ek mwa », ajoute Doris. 

Elle se souvient avoir à maintes reprises rappelé son fils à l’ordre. « Mo ti repet mo garson : ‘tonn trouv enn bon tifi, konn amen to lavi aster’. » Alvinew, poursuit-elle, avait des projets plein la tête pour leur couple. « Mon fils voulait construire sa maison à l’étage. Il voulait même se marier. Mo garson ti pe rod aste enn loto osi », explique Doris le cœur lourd.  

Pour ce qui est des disputes, elle souligne qu’elle n’a jamais entendu ne serait-ce qu’une parole déplacée de la part du jeune couple. « Pa tann zot mem. » 

Le 28 décembre dernier, un malheur avait frappé la famille de Coralie, à Bambous-Virieux, lorsque son grand frère Mike Anthonio Jean Lise avait été porté disparu en mer. Le 29 décembre, son corps avait finalement été retrouvé à l’île aux Flamants, lacéré par des requins. « Kan finn ariv sa, mo belfi ek mo garson ti al ress enn semenn laba ziska so wit zour. »

Doris était loin de s’imaginer le drame qui allait se jouer à son domicile le 19 février. C’est avec peine qu’elle revient sur ce jour fatidique. « J’étais sortie. Mon fils et Coralie ont pris la motocyclette de mon époux pour sortir. Mo pa kav dir ou kot sa linn ale, ki linn aste, me zot finn retourne. Zot finn al dan lasam. Kan monn retourne, lerla mo garson pe dir mwa Coralie inn perdi konesans. » 

Elle a parlé avec la jeune femme qui pouvait à peine ouvrir les yeux. « Nous l’avons conduite à l’hôpital. Je priais en même temps. Une fois à l’hôpital de Flacq, nous avons appris qu’elle a rendu l’âme », dit Doris avec chagrin. 

La police a embarqué son fils. C’est ainsi qu’elle a appris ce qu’il s’était passé dans la chambre du couple. Désormais, Coralie n’est plus là et son fils Alvinew est en détention. Pour Doris, c’est une double perte tragique.

 

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