Commission d’enquête sur la drogue : l’identité du témoin mystérieux dévoilée

• Sa crédibilité prend un sale coup

Il a bluffé. Ce sont les conclusions de Paul Lam Shang Leen et de son équipe. Ils ont remis en question la crédibilité du témoin mystérieux lors de sa troisième audition, le jeudi 8 mars. Les huit kilos de poudre qu’il avait remis n’étaient pas de la drogue.

Il se prénomme Ashvin Bhoyroo et réside à Flacq. Cet ex-gardien de prison s’était présenté devant la Commission d’enquête sur la drogue le 11 octobre 2017 pour dénoncer un gros réseau de drogue qui opérait sur l’axe Madagascar/Maurice. Et après avoir balancé plusieurs noms lors de la première séance, il est revenu, le 18 décembre dernier, pour remettre à la Commission huit kilos « d’héroïne » qu’il évaluait à Rs 200 millions.

Après les conclusions du Forensic Science Laboratory (FSL), Paul Lam Shang Leen a confirmé, jeudi 8 mars, que le colis ne contenait aucune trace de produits stupéfiants.

Lors de sa troisième audition jeudi, Ashvin Bhoyroo s’est fait remonter les bretelles par le président de la Commission. Irrité et agacé par ses dénonciations non fondées, Paul Lam Shang Leen lui a fait comprendre qu’il fait perdre du temps à la commission. « Vous avez dénoncé de façon convaincante et nous vous avons accordé le bénéfice du doute. Après vos dires, la Commission a déployé de gros moyens pour deux opérations à l’Est et au Nord. 60 ofisie, SSU, lisien, tracter, plis mo lekip inn ale me pa trouv nanie. Zero », a déclaré l’ancien juge d’un ton furax avant de rajouter : « Nou pe sey konpran ki ou rol. Ou kone ki ler bann la ine ale ? Kat er dimatin ».

«J’ai été piégé»

Ashvin Bhoyroo, connu le témoin mystérieux, a tenté tant bien que mal de se défendre. « J’ai été piégé », s’est-il contenté de dire. Outre le fait que les huit kilos qu’il avait remis n’étaient pas de la drogue, les clés USB, les cellulaires et les documents qu’il avait remis à Paul Lam Shang Leen n’ont absolument rien donné. « Ki mo ti pou gagne amenn fos la drog isi ? Mo la vi en danze e bann la inn menas mwa dan lakour intermedier. Mo zis anvi ed la Commission », s’est-il défendu, en expliquant comment un dénommé Jonathan lui a remis cette drogue. Il l’avait soigneusement placée dans une case en tôle à côté de sa maison avant de la remettre à la Commission.

Asvin Bhoyroo n’a pas baissé les bras. Il a refilé de nouveaux renseignements à la Commission. « Mo pou donn komision informasion ki monn gagne yer. Mo sou serman ek mo pou amenn bann enketer enn plas. Si pa gagn nanien laba, ou donne mwa ene lamann ek met mwa dan prizon », a-t-il dit.

Toutefois, ces nouvelles dénonciations ont été prises avec des pincettes. « Nou pe donn ou ene sans pou ratrap ou », a indiqué Paul Lam Shang Leen avant de lever la séance.