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CEO de Business Mauritius : «Pour la première fois en 40 ans, notre économie se contractera»

Kevin Ramkaloan, Chief Executive Officer (CEO) de Business Mauritius

Business Mauritius a tenu une conférence de presse, sous la forme d’un « webinar », ce jeudi 30 avril, sur la gestion de la crise liée au COVID-19.Un communiqué a même été émis ce soir à ce sujet. « Nous sommes face à un défi gigantesque… Pour la première fois en 40 ans, notre économie se contractera », a déclaré Kevin Ramkaloan, Chief Executive Officer (CEO) de l’organisme. 

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Faisant le point sur la situation économique, il a expliqué que « le ralentissement mondial aura des répercussions massives sur notre économie », se traduisant notamment par « une baisse de revenus conséquente pour les secteurs comme l’hôtellerie, le textile et la construction ». Kevin Ramkaloan a ajouté que les banques non plus ne devraient pas être épargnées.« Tout ceci risque de causer un déficit de notre balance des paiements ». 

Un document sur la reprise économique a été transmis au ministère des Finances, indique le communiqué. 

Ci-dessous le communiqué de Business Mauritius dans son intégralité.

Communiqué post Conférence de Presse

Jeudi 30 avril 2020 - Business Mauritius a tenu aujourd'hui sa première conférence de presse depuis l'annonce du confinement mauricien. Pandémie oblige, la conférence était sous forme de webinar. Se sont exprimés Vidia Mooneegan, président du conseil d'administration de Business Mauritius, Kevin Ramkaloan, CEO de Business Mauritius et les représentants de certains comités d’urgence mis en place par Business Mauritius pour faire face à la crise du COVID -19.

Le président du conseil d'administration de Business Mauritius a commencé par exprimer la gratitude de tous les membres de Business Mauritius envers ceux qui travaillent tous les jours pour combattre ce virus. Il a remercié le personnel de la santé, les services essentiels, les ONGs, les télécommunications et a salué l'élan de solidarité auquel a participé de nombreux membres de Business Mauritius. Il a cité, entre autres le secteur de l’hôtellerie pour la mise à disposition d'hôtels pour la quarantaine et les usines du secteur textile pour la production de masques.

Le président a expliqué la mise en place de comités pour aider à répondre aux impacts de cette pandémie en urgence et aussi pour préparer la relance dans un monde post COVID 19.

 « Ces comités ont abattu un travail conséquent depuis de début de la crise, » a-t-il expliqué, « ils ont participé aux campagnes de communication pour transmettre les messages nécessaires pendant le confinement, à la mise en place de protocoles pour ceux qui ont assuré les services essentiels et ont mis à disposition leur savoirs logistique pour faciliter l'approvisionnement de fournitures médicales. Aujourd’hui, à l'heure du déconfinement partiel, il s’agit d’assurer la résilience économique, de protéger les entreprises et les emplois, et d'éviter autant que possible les impacts sociaux et économiques sur notre pays."

Kevin Ramkaloan a, pour sa part, fait le point sur la situation économique, « Nous sommes face à un défi gigantesque, » a-t-il déclaré, « pour la première fois en 40 ans notre économie va se contracter. »

Le CEO a poursuivi avec un bilan des secteurs les plus touchés par cette crise :

·       Parmi, l’hôtellerie, qui représente 8.2% du PIB mauricien et qui est au centre d'un écosystème avec une multitude de secteurs secondaires co-dépendants qui risquent d’être fortement affectés.

·       La construction, n'est pas en reste avec 58,000 personnes directement concernées. Et le bilan pour le textile n'est pas plus positif puisque 40% des commandes textiles ont été annulées.

« Nos habitudes de dépenses ne seront plus les mêmes, cette mutation va entraîner une pression supplémentaire sur la roupie mauricienne et les secteurs qui, historiquement, ont eu un effet équilibrant sur la roupie, ne pourront pas agir vu leurs difficultés, » a-t-il ajouté.

Il s'attend donc à une réduction significative de l’exportation avec un effet considérable sur l'économie mauricienne. 

Parole aux comités du BM Covid-19 Response Structure :

Hélène Echevin a représenté le Health Committee qui regroupe des opérateurs de la santé- cliniques privées, importateurs de matériel médical, importateurs de médicaments et chefs d’entreprises. Elle a commencé par féliciter le gouvernement pour les mesures appliquées pour combattre le COVID 19 et qui ont donné de bons résultats. La priorité du Comité a été d'assurer la constitution de stocks nécessaires d'oxygène et de PPE pour soigner les malades, opération menée à bien en collaboration avec le gouvernement.

Le comité s'est ensuite penché sur la formation des personnes dans les entreprises pour assurer les mesures sanitaires et sur la production locale de masques (+ 700,000 masques ont été produits à Maurice), et la préparation des zones d’accueil opérations et la mise en place protocoles pour grands espaces tels les centres commerciaux.

Hélène Echevin a souligné la vision à long terme de ce Comité Santé qui est de faire que Maurice soit un exemple de gestion de crise et un exemple de de sortie de confinement réussi.

Le Food, Essential Supplies and Energy (FESE) Committee a été représenté par Jacqueline Sauzier, Ce Comité réunit toute la chaîne de valeur du secteur alimentaire : supermarchés, AMM, MCCI, planteurs, importateurs. Dans un premier temps ce comité a travaillé sur la création et la distribution du pack alimentaire aux familles vulnérables pendant le lock-down et a facilité le maintien des circuits d'approvisionnement aux supermarchés puisque ces derniers étaient la source principale de nourriture à travers l'île.

Jacqueline Sauzier a tenu à saluer le travail des supermarchés qui ont tout mis en œuvre pour la sécurité de leurs clients et employés, « Cette réussite et le fruit d'un travail collaboratif incroyable, les gens ont une perception erronée de ce secteur et pensent qu'il s'en sort bien face à la crise, mais il faut rappeler qu'il a opéré à flux tendus et que les supermarchés n'ont pas ménagé des dépenses pour mettre en place la sécurité sanitaires dans leurs locaux. »

Elle a aussi mentionné les enjeux à venir : mettre en place une production locale capable de se substituer à l’importation. Sur le plan de la fourniture d'énergie sur notre île, elle a souligné la nécessité de faire la coupe des cannes, dont est issu la bagasse, pour fournir l'énergie dont le pays a besoin.

Vishal Nunkoo s’est exprimé au nom du Cross-Border Logistics Committee qui regroupe les associations et opérateurs du port.

Il a fait état de difficultés importante au début du confinement : « Le gel des activités portuaires et l'arrêt de travail de camionneurs représentait un risque conséquent de la congestion du port. Pour cette raison, certains navires contenant des produits essentiels ont refusé d’accoster et ont continué leur route sans s’arrêter à Maurice. Fort heureusement, après une longue négociation, le CHC arrive à travailler à 50% de sa capacité, ce qui permets aux navires de débarquer les vivres essentiels."

Sur le plan aérien Vishal Nunkoo explique que l'arrêt des vols a pénalisé l'importation par avion puisque le prix d'importation par charter est, 5 à 6 fois supérieur au prix de l’importation via vol normal.

Jonathan Ravat président du Solidarity Committee qui réunit un quinzaine membres dont Caritas, ENL foundation, Eclosia ou encore le Rotary a énuméré ses mandats prioritaires :

·       Un focus sur les familles vulnérables

·       Le recueil d'informations fiables sur la situation sur le terrain

·       La distribution des colis alimentaires 

·       La réflexion à moyen et long terme sur l’après COVID 19

De nombreuses actions ont été mises en place sous ces mandats : une aide à 35,000 familles, une distribution de 6000 packs alimentaires à des familles non présentes sur le registre SRN et la création d’un questionnaire en ligne pour déterminer les paramètres du protocole post confinement. Ce comité prévoit aussi l’intégration d’une quarantaine d’ONGs pour couvrir un maximum de poches vulnérables à travers l'île avec. 181 régions et 5838 familles seraient concernées.

Le comité prépare deux working papers qui seront proposés au NEF et au NSIF. « Le but de ce travail est de souligner l'efficacité de l'accompagnement pour aider les personnes à se mettre debout et la reconnaissance du rôle essentiel que joue le travailleur social," a expliqué Jonathan Ravat, "Les ONGs sont des professionnelles de la société civile et doivent être reconnues en tant que telles. »

Madhavi Ramdin Clark, qui préside le Human Resources Committee a précisé que le leur rôle était d’accompagner les membres de Business Mauritius pour protéger leurs employés et gérer les problèmes rencontrés suite à la crise. « Ce Comité a travaillé sur une liste de recommandations que nous avons soumis au gouvernement et nous attendons des annonces imminentes des autorités, » a expliqué Madhavi Ramdin Clark.

Sur la reprise des activités à partir du 4 mai, cette dernière est confiante dans la capacité des entreprises à gérer ce nouveau départ :« Il est possible de reprendre une bonne partie des activités avec des protocoles clairs pour éviter une seconde vague de contaminations. Il s'agit bien là de protéger la santé des employés tout en protégeant leur gagne-pain. »

Le travail du Committee on Economic Recovery a été présenté par Kevin Ramkaloan, le comité étant composé de personnes de différents horizons professionnels pour permettre un échange équilibré et pour convenir de recommandations et de mesures appropriées à tous. Ce comité suit les indications du FMI selon lesquelles une inflation majeure est à prévoir. Le FMI a aussi déclaré que ce grand confinement va causer la pire récession depuis la Grande Dépression.

Kevin Ramkaloan explique que le ralentissement mondial va avoir des répercussions massives sur notre économie à hauteur d'une baisse de revenus conséquente pour les secteurs comme l’hôtellerie le textile et la construction. Les banques ne devraient pas être épargnées. Tout ceci risque de causer un déficit de notre balance de paiement.

Un document sur la reprise économique a été transmis au ministère de finances.

Il a ajouté que les PMEs méritent une attention particulière et a souligné l'importance de la formation temps de crise comme un soutien pour affronter les défis à venir.

« Nous prenons une reprise progressive des activités commerciales, même s’il faudra se réinventer en termes de marchés et pouvoir bénéficier de mesures facilitant l’accès au financement. »

Jennifer Webb s’est exprimée au nom des PMEs qui sont particulièrement vulnérables en temps de crise : « C'est un coup très dur pour les PMEs qui font face à des problématiques de cash flow et de trésorerie, nous espérons que les autorités faciliteront un accès rapide aux fonds de financement en support pour les salaires et auprès des banques. Nous espérons que les mauriciens privilégieront de travailler avec les PMEs au cours de la relance. »

En conclusion de cette conférence de presse Vidia Mooonegan, Président de Business Mauritius a réaffirmé le soutien de BM au gouvernement et a lancé un appel à tous les stakeholders :" Nous devons mettre de côté nos différences pour trouver des solutions ensemble. Notre priorité reste la santé des mauriciens et la préservation de leur gagne-pain. »

Kevin Ramkaloan a, quant à lui, déclaré :

« Nous faisons face à une situation exceptionnelle, un changement cataclysmique, il est l'heure de revoir nos modèles... Nous devons réfléchir à rendre notre économie agile pour en sortir plus forts et plus unis que jamais ».

 

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