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Career and Learning Lounge - Éducation et emploi : les pistes pour limiter l’inadéquation

Astrid Vuddamallay et Dr Jeremy Charoux.

Cela fait des années que le « mismatch » entre l’apprentissage éducatif et l’emploi est perçu comme la raison principale expliquant que des jeunes n’arrivent pas à trouver du travail. Des experts font le point en marge du Career and Learning Lounge qui se tiendra au Caudan Arts Centre les 2 et 3 septembre entre 10 et 18 heures. Organisé par Le Défi Media Group, il réunira des professionnels issus de différents domaines. Le concept est signé DEFIDIGITAL.

Comment éviter le « mismatch » et mettre toutes les chances de son côté pour trouver un emploi une fois les études terminées ? L’épineuse question en attente de réponses depuis plusieurs années. Les experts sont nombreux depuis des années à demander une refonte afin que ce problème qui perdure soit résolu. 

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Astrid Vuddamallay, Talent Management Lead chez myjob.mu, concède qu’il y a effectivement une inadéquation entre l’offre et la demande. Une situation exacerbée par la crise, selon elle. « Les entreprises sont devenues plus rigoureuses dans la manière de recruter depuis la crise sanitaire. Elles recherchent des candidats qui non seulement ont des compétences académiques mais qui seront aussi en mesure de s’adapter à la numérisation et de relever de nouveaux défis », explique-t-elle. 

Plusieurs casquettes 

Elle ajoute que les entreprises s’attentent à ce que les candidats aient de l’expérience de terrain et possèdent des « soft skills », telles que l’adaptation, la proactivité ainsi que l’aptitude à être efficients dans un environnement en constante évolution. « La capacité à porter plusieurs casquettes à un seul et même poste est devenue incontournable. Qui plus est, les formations avec des doubles spécialisations telles comptabilité et finance, marketing and mangement, Web Development – UI/UX sont de plus en plus recherchées par les entreprises », souligne Astrid Vuddamallay. 

Approche holistique 

Dr Jeremy Charoux, directeur exécutif du Charles Telfair Campus, plaide, lui, pour une approche holistique afin de remédier à cette problématique. Il explique que les régulateurs, l’industrie et les établissements d’enseignement supérieur devraient travailler main dans la main pour s’assurer que les résultats d’études supérieures requis soient pertinents et alignés sur des besoins spécifiques. 

« Je voudrais souligner l’importance de cette approche partenariale. Un bon exemple est le prestigieux Flying Start Programme récemment lancé. Il s’agit d'un programme unique à Maurice, en partenariat avec Curtin Mauritius, ICAEW (Institute of Chartered Accountants en Angleterre) et PwC Mauritius », indique-t-il.

Partenariat 

Il ajoute que le programme regroupe des études universitaires, des stages professionnels intégrés et des progrès vers la prestigieuse qualification ICAEW Chartered Accountancy, l’ACA. « Ce partenariat entre l’industrie et la formation place l’étudiant au premier plan en lui garantissant une combinaison d’expériences théorique et pratique, ainsi que la possibilité d’obtenir un emploi à la fin. C’est un excellent exemple où une inadéquation des compétences a été évitée grâce à une collaboration étroite entre les parties prenantes », indique Jeremy Charoux. 

Le pédagogue Surendra Bissoondoyal constate, pour sa part, que de plus en plus de jeunes ont des connaissances et des aptitudes relatives à la technologie mais qu’on ne bouge pas suffisamment dans cette direction. « Il y a certes des petits pas. Ce n’est toutefois pas suffisant si on veut aller plus loin. L’accent est mis sur l’obtention des cinq crédits au SC. Ce qui laisse penser que c’est un sésame qui ouvre toutes les portes. La réalité est différente. Il y a des jeunes avec trois ou quatre crédits qui sont très doués en informatique, mais ils n’ont pas la chance de percer », déplore Surendra Bissoondoyal.

Il préconise une refonte du système pour permettre aux jeunes de s’épanouir. « Il faut mettre sur pied une Mauritius University of Skills and Technology. Nous devons penser à l’avenir et aux secteurs qui sont porteurs d’emplois. Si nous ne réfléchissons pas en dehors de la boîte, le ‘mismatch’ restera toujours un problème et nous continuerons à tourner en rond », déplore-t-il. 

2 et 3 septembre 2022 : Career & Learning Lounge au Caudan Arts Centre 

Les demandeurs d’emploi, les employeurs et ceux à la recherche d’une formation, de conseils sur les métiers ou de cours à suivre, sont conviés au Career & Learning Lounge. Il se tiendra au Caudan Arts Centre, le 2 et 3 septembre prochain, de 10h à 18h. 

Organisée par le Défi Media Group, cette conception du DEFIDIGITAL se veut aussi être une plateforme pour écouter et participer à des conférences. Les thèmes qui seront traités concernent les exigences aux métiers de demain, l’impact numérique, la Global Economy et les opportunités pour l’Afrique et l’intégration des personnes handicapées dans les organisations et d’autres ateliers. Le Career & Learning Lounge réunira plus d’une vingtaine d’exposants. L’entrée est gratuite.  


Questions à… Roland Dubois, directeur de Roland Dubois Consulting Ltd : «Mettre l’accent sur la validation des acquis de l’expérience»

En votre qualité d’expert en formation professionnelle, pourquoi, d’après vous, le « mismatch » entre la formation et l’emploi est un problème qui perdure ? 
L’inadéquation entre la formation et l’emploi a été un problème majeur de nos décideurs ces dernières années, tant à Maurice qu’à l’étranger. Le chômage, les difficultés à recruter des personnes avec les compétences voulues, les compétences rapidement dépassées et les personnes employées à des postes ne correspondant pas à leurs compétences sont des exemples de cette inadéquation entre l’offre et la demande. 

Que recherchent les employeurs aujourd’hui ? 
Ils recherchent les compétences professionnelles mais aussi celles dites soft : communication (écrite et verbale), collaboration, créativité, empathie, capacité de travailler en équipe, entre autres, et les compétences acquises par expérience lors du recrutement. L’espérance de vie d’une compétence professionnelle diminue rapidement avec la pénétration de la nouvelle technologie dans toutes les sphères du travail. Sans compter le fait que la compétitivité devient de plus en plus rude. 

Beaucoup de nos jeunes qui se retrouvent aujourd’hui sur le marché du travail n’ont pas les compétences qui leur permettent de décrocher un emploi parce qu’ils n’ont pas eu une éducation de qualité inclusive et équitable. La qualité fait défaut parmi une grande partie de nos diplômés. Ils ne maîtrisent pas les « business languages » que sont l’anglais et le français, des langues si importantes pour communiquer et négocier.

Qu’est-ce qui exacerbe le problème ? 
Trop de nos jeunes décident de faire des études universitaires et choisissent les mêmes filières académiques, délaissant la formation professionnelle, et ce même s’ils n’ont pas de bons résultats au niveau de ‘A’ Levels. D’autres s’enregistrent pour certaines filières qu’ils n’ont pas choisies faute de places dans leurs domaines de prédilection. 

Le nombre d’étudiants fréquentant l’université de Maurice et d’autres institutions d’enseignement supérieur, tant publiques que privées, est passé à presque 50 000 annuellement. Les cours menant à l’obtention d’une licence sont gratuits dans les institutions publiques, hormis les frais administratifs. N’a-t-on pas trop privilégié la quantité au lieu de la qualité des diplômés produits ? N’a-t-on pas trop négligé la formation professionnelle pour privilégier les études universitaires ? 

Il ne faut pas oublier que notre marché du travail est restreint. Est-ce que les institutions d’enseignement supérieur consultent les employeurs avant de décider d’offrir des programmes de formation ? 

Que faut-il faire pour remédier à la situation ? 
Ce manque de qualifications des jeunes ou des moins jeunes causant une autre forme d’inadéquation sur le marché du travail doit inciter nos décideurs à bouger très rapidement vers la reconnaissance et la validation des compétences non formelles et informelles. Là, j’ouvre une parenthèse pour demander à la Mauritius Qualifications Authority de mettre davantage l’accent sur la Validation des acquis de l’expérience (VAE), également appelé « Recognition of Prior Learning ». 

C’est un mode d’acquisition de diplômes ou de certificats au même titre que la formation initiale. La VAE permet à toute personne engagée dans la vie active de valoriser ses connaissances, ses aptitudes et les compétences qu’elle a acquises tout au long de son expérience professionnelle. Elle constitue une réelle opportunité pour les publics moins jeunes et adultes. 
 

 

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