2023 ne sera pas l’année des élections générales, à en croire le Premier ministre (PM), Pravind Jugnauth. Dans le message qu’il a adressé à la nation pour le Nouvel An, il a réitéré sa détermination à compléter son mandat qui arrivera à échéance le 7 novembre 2024. Les élections peuvent être tenues jusqu’en 2025, en vertu des dispositions légales.
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Le leader du MMM, Paul Bérenger, est bel et bien conscient de cette éventualité, bien qu’il souhaite que les législatives se tiennent en 2023. Il l’a d’ailleurs évoqué pendant la fête de fin d’année des mauves : « Il est très probable que les élections générales se tiennent en 2023 et il y a un gros risque que le MSM s’accroche au pouvoir au détriment du pays. » En revanche, Navin Ramgoolam, le leader du PTr, croit toujours à la tenue des élections cette année.
Clé rouge et serrure mauve-bleu
Quoi qu’il en soit, 2023 sera inéluctablement une année politique. On en a eu un aperçu en 2022, avec les tractations des principaux partis politiques de l’opposition – PTr, MMM et PMSD – pour faire front contre l’alliance au pouvoir dirigée par le MSM. En premier lieu, il était question d’un arrangement pour les élections municipales, qui se font attendre, et par la suite il sera étendu pour les législatives. Les modalités doivent encore être finalisées.
Pravind Jugnauth peut prendre le risque de convoquer les élections municipales durant le premier semestre de 2023 s’il compte vraiment aller au bout de son mandat et tenir les législatives en 2025. Avec le tarif de l’électricité qui augmentera en février et qui entraînera un effet boule de neige, le tout couplé à d’autres mesures impopulaires, un fort courant au gouvernement pense avoir suffisamment de temps – plus d’une année – pour tenter d’amadouer les électeurs avec des mesures populaires, comme une autre « compensation généreuse » en 2024 et la pension de vieillesse à plus de Rs 13 500, comme promis.
En cas d’élections anticipées, le jeu n’en vaudra pas la chandelle. Ce ne sera pas une mince affaire pour le MSM et ses partenaires – des anciens du MMM – de croiser le fer avec une alliance PTr-MMM-PMSD dans les régions urbaines où, semble-t-il, la clé rouge sied bien à la serrure mauve-bleu. À la lueur des deux dernières élections législatives, il est clair que le PTr, le MMM et le PMSD sont plus redoutables dans les régions urbaines.
Ciment rural
Vu que ces trois partis envisagent de s’unir pour tenter de déloger le MSM du pouvoir, la question est de savoir si la clé rouge et la serrure mauve-bleu sont adaptées à la grande porte menant au pouvoir. L’électorat rural vote avec discipline – 3-0 par circonscription – pour porter le parti de son choix vers le pouvoir. Dans cet élan, il ne fait pas de concessions, même pas aux leaders politiques. Sir Seewoosagur Ramgoolam, sir Anerood Jugnauth et Navin Ramgoolam en ont fait les frais en mordant la poussière.
Pravind Jugnauth reste convaincu d’être le préféré de l’électorat rural, et cela, bien que depuis 2019, l’édifice orange ait été secoué à plusieurs reprises par des « scandales ». Mais il ne s’est pas essoufflé, comme l’aurait souhaité l’opposition. Il résiste encore.
Ces secousses ont, sans l’ombre d’un doute, lézardé le mur orange. Au MSM, on croit toutefois pouvoir colmater les brèches avec le ciment rural. Les oranges espèrent que ce soutien leur permettra de tenir tête à une alliance PTr-MMM-PMSD aux prochaines élections générales. Sans compter que l’union des partis extraparlementaires, en gestation, peut jouer en faveur du MSM et de ses alliés dans certaines circonscriptions urbaines, en grignotant de précieux votes de l’opposition parlementaire.
La Force 55
Au sein de l’opposition parlementaire, on ne l’entend pas de cette oreille. On est convaincu qu’une alliance PTr-MMM-PMSD, que certains ont baptisée « La Force 55 », est imbattable aux prochaines élections. Séparément, L’Alliance Nationale PTr-PMSD et le MMM avaient obtenu 33 % et 22 % des suffrages respectivement, contre 37 % pour le MSM et ses alliés. Qu’on n’oublie pas une vérité : en 2014, l’alliance PTr-MMM, censée remporter une victoire de 60-0 selon les pronostics, avait essuyé une cinglante défaite.
À coup sûr, une bonne partie de 2023 sera marquée par les négociations entre le PTr, le MMM et le PMSD. Paul Bérenger admet que « ce n’est pas facile d’arriver à une bonne alliance », mais il se dit « optimiste ». Elles tiendront la population en haleine si elles sont ponctuées de « on and off ».
À ce stade des négociations, il est question que Navin Ramgoolam se présente comme PM pour un mandat de trois ans, les deux années restantes étant confiées à Ritesh Ramful. Paul Bérenger serait alors Deputy Prime Minister et Xavier-Luc Duval occuperait le poste de président de la République. Les négociations butent souvent sur la répartition du nombre d’investitures et de maroquins ministériels.
Roue de rechange
Le Rassemblement Mauricien de Nando Bodha pourrait ne pas faire partie de l’alliance PTr-MMM-PMSD. Depuis sa démission du gouvernement, on a eu l’impression qu’il est utilisé par Paul Bérenger comme sa roue de rechange pour la candidature au poste de PM.
Après avoir exprimé des réserves sur l’option de présenter Navin Ramgoolam comme PM, il commence à s’associer à Rama Valayden de Linion Pep Morisien (LPM). Il était le seul parlementaire présent à la fête de fin d’année de LPM lors de laquelle il a dit estimer que ce parti et le Reform Party pouvaient créer une vague en dehors des « mainstream parties ». Osera-t-il surfer sur cette « vague » en se présentant au poste de PM à la tête des partis extraparlementaires ? L’avenir nous le dira.
Somme toute, la marmite politique sera en ébullition en cette année préélectorale.
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