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Bandes organisées et vols : les raisons derrière le braquage des stations-service

stations-service Les stations-service sont devenues les cibles favorites des braqueurs ces derniers temps.

Pas plus tard que jeudi, quatre stations-service ont été braquées en 24 heures. Un coffre-fort volé d’une des stations-service a été retrouvé dans l’après-midi dans la région de Laventure. Le nombre croissant de vols avec effraction interpelle. Pourquoi les stations-service sont-elles les cibles privilégiées des braqueurs ?

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Cible, opportunité et environnement

Au niveau des Casernes centrales, des hauts gradés sont d’avis que ces vols avec effraction doivent être analysés sous trois aspects, notamment la cible, l’opportunité et l’environnement.

Selon eux, la cible serait le coffre-fort contenant des dizaines de milliers de roupies. L’opportunité serait l’employé(e) n’ayant aucune notion d’autodéfense. Pour ce qui est de l’environnement, il y a plusieurs facteurs : un emplacement éloigné, des terrains en friches aux alentours, l’absence d’éclairage, la présence d’autocollants sur les vitres, qui empêche d’avoir une bonne vue sur ce qui se passe à l’extérieur.

Lieu isolé

Il y a quelque 147 stations-service à travers le pays. Selon nos recoupements, une cinquantaine sont situées dans des endroits isolés ou peu fréquentés. Certaines opèrent à des heures tardives, sans un dispositif de sécurité dissuasif.

Manque de patrouilles

« Il y aura toujours des vols là où l’argent circule. Aux yeux des habitual criminals, une station-service est un endroit facile pour se remplir les poches, surtout avec le nombre croissant de femmes pompistes, le nombre de pompistes à certaines heures de la journée, les horaires tardifs de fermeture, l’isolement de certains points de remplissage, le manque d’effectifs et l’absence d’opérations féroces de la force policière dans certaines régions du pays », précisent les hauts gradés.

Connivence pompistes-braqueurs

Une « connivence » entre pompistes et malfrats est aussi redoutée aux Casernes centrales. Cela est dû au fait que les voleurs débarquent à des heures spécifiques de la soirée et emportent toujours de grosses sommes d’argent. Parfois, la recette de la journée. « Mais ces derniers temps, nous avons constaté que les braqueurs sont souvent trop chanceux. Y a-t-il un informateur parmi les pompistes ? On devient informateur par naïveté ou avec un but précis. C’est la raison pour laquelle les gérants doivent se montrer plus prudents avant de retenir un candidat pour un poste de pompiste. Ils doivent également exiger le Certificate of Character des candidats lors de l’exercice d’entretien », disent-ils.

Le laxisme des gérants

« L’insouciance » de certains gérants est décriée. Ceux-ci font fi des conseils de la police en matière de sécurité dans les stations-service. Par exemple, le versement régulier des recettes dans les institutions bancaires, ou encore, une sécurisation complète du bâtiment. Valeur du jour, une dizaine de stations-service sont dépourvues d’antivols ou ne disposent d’aucun système d’alarme adéquat.

Des coups bien préparés

Les enquêteurs basés aux Casernes centrales sont d’avis que les casses de ces derniers temps « sont bien planifiés ». L’amateurisme, précisent-ils, n’a pas sa place. « Il y a beaucoup d’indices qui nous ramènent au fait que la majorité des braquages des stations-service survenus ces derniers temps ne sont pas l’œuvre d’amateurs. Par exemple, leurs actions sont synchronisées, les plaques d’immatriculation de leurs véhicules sont falsifiées, ils sont encagoulés et possèdent des armes comme des Taser guns. D’ailleurs, un braqueur professionnel ne travaille jamais à pied ou à moto. Ils privilégient les quatre-roues », précisent-ils.


Les récents vols à la loupe

Quatre vols survenus dans des stations-service ont été recensés jeudi. Les unités d’IndianOil à Terre-Rouge et L’Amitié, et celles de Shell à Notre-Dame et Bon-Accueil ont été cambriolées. Des sommes de Rs 45 000, Rs 196 000, Rs 300 000 et Rs 11 000 ont été emportées. Deux femmes-pompistes ont été agressées à la station-service de Terre-Rouge.
Février 2018. La station-service d’IndianOil de Wooton est cambriolée. Un montant de Rs 40 000 se trouvant dans un coffre-fort a été volé.

Janvier 2018. La station-service d’IndianOil de La Vigie est pillée. Butin : Rs 300 000.


Shena Dulla : « J’ai vu la mort de près »

Shena Dulla, pompiste de 21 ans, peine à croire qu’elle a frôlé la mort jeudi matin. L’habitante de Riche-Terre raconte que les voleurs se sont pointés à la station-service de Terre-Rouge armés de sabres et de katanas. Un bandit a agressé sa collègue Bharati Goyand au cou. Elle est actuellement hospitalisée.

« Le vol s’est produit aux alentours de 11 h 30. Ma collègue et moi étions sur notre lieu de travail quand  deux individus y ont fait irruption avec des armes tranchantes. Ils nous ont prises par surprise. La scène s’est déroulée en une fraction de seconde », raconte la pompiste. C’est ainsi, précise-t-elle, que les malfrats leur ont demandé de leur remettre l’argent de la caisse.

Selon Shena Dulla, un des malfrats a menacé de tuer sa collègue. De son arme, il menaçait de lui trancher la gorge. Après avoir pris l’argent en notre possession, ils voulaient l’argent qui était dans le bureau. Le responsable, qui était à l’intérieur, a été sommé d’ouvrir la porte. Sous la menace et craignant pour nos vies, il leur a tout remis. C’est ainsi qu’ils sont repartis avec Rs 45 000.

« On a vu la mort de près. Notre travail est risqué. Ces malfrats auraient pu nous blesser ou pire, nous tuer. Nos vies sont constamment en danger, car la station-service peut être braquée à tout moment », dit-elle.


Dégradation des mœurs

Bhim Sunassee, président de la Petrol Retailers Association, est catégorique. La hausse du nombre de braquages est due à la dégradation des mœurs et à la récidive. « Les stations-service ont toujours été la proie de vols. Ces derniers temps, ces délits prennent l’ascenseur. La situation est alarmante », constate-t-il. Le président de la Petrol Retailers Association souhaite une rencontre avec le ministre du Commerce, Ashit Gungah, afin « d’exposer des propositions qui pourront apporter une solution à ce problème sur le long terme ». Bhim Sunassee rejette toute connivence entre pompistes et braqueurs. « Il est difficile de braquer une station-service, car ce sont des endroits fréquentés. Mais de nos jours, les pilleurs sont dotés de tous les équipements pour commettre leurs forfaits. La police n’arrive pas à leur mettre la main au collet », dit-il.


Patrouilles de la police

Une réunion a eu lieu, vendredi après-midi, entre les membres de la Petrol Retailers Association et des représentants des quatre compagnies pétrolières du pays. La rencontre, tenue aux Casernes centrales, a été coordonnée par l’état-major de la force policière. À l’issue de la réunion, il a été décidé que les éléments de l’Emergency Response Service et la police du Tourisme, entre autres, effectueraient des patrouilles régulières dans les zones dotées de stations-service. Ces patrouilles seront présentes 24/7. Une source policière basée à la Crime Prevention Unit (CPU) avance que les policiers font des descentes régulières dans les diverses stations-service du pays. Le but est de conscientiser les gérants des stations-service sur l’importance de sécuriser leur lieu de travail. Selon la CPU, ces vols récurrents sont liés à l’escalade du trafic de drogue et au chômage persistant.

 

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