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Back to the roots

À l’heure où de nouvelles sonorités sont légions grâce aux technologies nouvelles, il existe encore une poignée d’irréductibles partout dans le monde qui continue à faire de la roots. Maurice n’est pas en reste.

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Plus besoin d’écouter un vieux vinyle rayé pour se replonger dans l’univers de la musique roots, qui est souvent associée aux sonorités les plus authentiques d’un pays. Des sons qui dès les premières notes, vont faire vibrer l’âme de ceux qui ont un tant soit peu l’oreille musicale.

Niché dans la nature luxuriante du Sud, le groupe NatirSamarel est localement connu et reconnu comme étant l’un des précurseurs de cette musique. Pour Éric Celerine, membre et coordinateur du groupe, la musique roots a un attrait historique : « Quand on parle de la roots music, il faut d’abord se dire que c’est une musique chargée d’histoire.

Notamment, celle de nos ancêtres venus d’Afrique pour vivre dans un pays qui n’était pas le leur. Si NatirSamarel a continué à jouer de la musique roots, c’est un peu pour leur rendre hommage.»

Très mystique

Blakkayo.

Pour Éric, cette musique va aussi au-delà d’un simple devoir de mémoire : « La musique roots est également très mystique. Il y a, entre ses notes, une vibration positive qui ne peut que faire du bien autour d’elle. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle séduit toujours les mélomanes.»

Cependant, cette musique peut toucher encore plus de Mauriciens si les radios jouent le jeu, selon Percy Yip Tong, directeur artistique : « C’est connu, les radios influencent les goûts de leurs auditeurs. La musique roots a un public, certes, mais le pays aurait pu compter plus d’amateurs de roots si les radios diffusaient cette musique plus souvent à leur antenne.»

De plus, selon lui, on ne peut dissocier cette musique des messages qui poussent à la réflexion : « La musique roots est toujours porteuse de message. Cela n’a rien à voir avec une musique commerciale et populaire destinée à faire danser les Mauriciens. Non, c’est une musique qui fait réfléchir. Le chanteur Kaya, que j’ai produit à ses débuts, a réalisé l’exploit de faire danser et réfléchir les gens à travers la force de ses textes.»

Le directeur artistique est aussi d’avis que la musique roots mauricienne a plus de chance de séduire le marché international de la musique : « Malheureusement, les artistes locaux qui sont connus négligent la musique roots, qui aurait pu certainement leur servir de tremplin pour mieux se faire connaître hors des côtes mauriciennes.»

Soul Soksega

Pour Percy Yip Tong, les radios ne contribuent pas à la vulgarisation de cette musique.

La preuve, selon Percy Yip Tong, viendrait du grand succès qu’à connu l’album Soul Soksega: «Soul Soksega est une compilation qui regroupe les ségas des années ‘70. J’ai fait une réédition de cette compilation en version originale. Nous n’avons pas modifié une seule note de cette compilation très roots. Et, en 2016, l’année de sa sortie, la compilation a été classée comme celle du mois à la Fnac, ce qui n’est pas rien. Cela vient prouver que la musique roots mauricienne vaut son pesant d’or à l’étranger.»

Pour sa part, Blakkayo, membre du groupe OSB, estime qu’il y a aussi une éducation à faire: « Il est aussi de notre devoir en tant qu’artistes d’éduquer musicalement les jeunes qui se lancent dans ce domaine. Parce que c’est important qu’ils connaissent les bases de la musique avant d’avoir l’ambition de la faire évoluer.»

Là encore, il faut être prudent selon Percy Yip Tong : «Pour moi, la musique roots mauricienne doit comporter des sonorités de séga. En sus, il faut qu’on entende la ravanne qui est l’instrument emblématique de notre pays. On ne peut pas non plus venir prétendre faire de la musique roots s’il n’y a pas ces deux ingrédients.»

Jerry Rouget, le leader du groupe Jerry and The Resistance, pense, pour sa part, que la musique roots doit évoluer pour le mieux : « Je n’ai rien contre le fait que la musique roots garde son cachet authentique. Mais il faut être réaliste : pour qu’elle puisse assurer sa pérennité, il faudra qu’elle évolue. Sinon, j’ai bien peur que la jeune génération ne s’y intéresse plus avec le temps. »

 

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