Au large de Maurice : l’Adsu arraisonne un porte-conteneurs chargé de Rs 33 millions d’héroïne 

La fermeture de l’aéroport ne calme pas les ardeurs des trafiquants de drogue. Ils privilégient désormais la voie maritime pour introduire leurs marchandises de la mort au pays. En deux semaines, deux tentatives se sont soldées par un échec.  

Jeudi 3 décembre 2020. Ce matin-là,  des agents de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu) de la Western Division, dirigée par le chef inspecteur Ashik Jagai et l’inspecteur Azor, débarquent dans la zone portuaire. Ils disposent de renseignements précis qu’une importante quantité de drogue en provenance de Madagascar est dissimulée sur un navire battant pavillon chypriote. 

L’objectif des policiers : arraisonner ce porte-conteneurs qui n’a pas encore accosté la rade. Avec le soutien de la garde-côte nationale, les agents de l’Adsu se rendent en haute mer. Les policiers somment le capitaine de suivre leurs instructions à la lettre. 

Sous forte escorte, le porte-conteneurs Onegobora est redirigé vers le port. Les policiers, tous vêtus de combinaisons de protection pour empêcher la propagation de la COVID-19, montent à bord du navire et en prennent le contrôle. 

Débute alors une fouille minutieuse du cargo. Les conteneurs sont ouverts et fouillés. Au bout de plusieurs heures de recherches, les policiers constatent un conteneur vide qui n’est pas scellé. Un détail qu’ils ne négligent pas. 

Les 19 membres d’équipage ont été longuement interrogés par la brigade antidrogue."

Le conteneur est ouvert. Les policiers tombent sur un colis collé avec du scotch sur le sol du conteneur. Cette prise permet aux limiers de découvrir 2,3 kilos d’héroïne évalués à Rs 33 millions. Les 19 membres d’équipage, comprenant des capitaines originaires de Monténégro et des marins philippins, sont longuement interrogés par la brigade antidrogue. 

Présumée complicité interne au port

À ce stade de l’enquête, les membres d’équipage ne sont pas sous le coup d’une arrestation. Mais leurs passeports ont été saisis. Ils font l’objet d’un ordre d’interdiction de quitter le pays. Ils ont subi des prélèvements d’ADN. Des analyses seront faites pour tenter de déterminer s’ils ont manipulé la poudre blanche durant l’empaquetage. La police approfondit son enquête en vue de remonter jusqu’au réseau qui était chargé de prendre livraison de la drogue. 

Une collaboration avec les autorités malgaches en matière d’échanges de renseignements est aussi prévue en vue de remonter jusqu’aux trafiquants opérant dans la Grande île, qui est tristement réputée comme plaque tournante dans le trafic de drogue dans la zone de l’océan Indien. Le modus operandi des trafiquants est bien rodé. Ils ont un réseau de complices œuvrant pour eux dans le port qui sont chargés de réceptionner des colis de drogue. 

Cette saisie remet sur le tapis la question d’une éventuelle complicité interne parmi des employés de la zone portuaire qui seraient de mèche avec des caïds de drogue. Les mouvements de certains employés font l’objet d’une surveillance accrue des agents de la brigade antidrogue. 

Dans le passé, des employés du port ont eu des démêlés avec la justice pour trafic de drogue. En octobre 2020, un employé de la Cargo Handling Corporation Limited (CHCL), dont le travail consiste à amarrer les bateaux, a été cueilli par l’Adsu. Il avait en sa possession 628 g d’héroïne valant Rs 9 millions et 282 g de drogue de synthèse d’une valeur de Rs 1,4 million. 

En 2018, un autre employé de la CHCL est lui aussi tombé dans les filets de l’Adsu, après qu’il a pris possession d’un colis contenant 1,12 kg d’héroïne. Celui-ci se trouvait à bord d’un porte-conteneurs en provenance de Madagascar. Ces astuces de ces employés sont désormais surveillées par les unités de répression chargées de lutter contre le trafic de drogue.