Des citadins de Curepipe élèvent la voix contre l’aménagement d’une plateforme au jardin pour que des personnes puissent y tenir des rites religieux. Ils estiment que ce projet n’a pas sa raison d’être au sein de ce patrimoine naturel, en sus d’être un bien commun utilisé par les habitants de la ville pour les loisirs.
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C’est la grogne parmi des habitants de Curepipe depuis que les travaux pour aménager un espace religieux ont débuté au Jardin botanique. Amédée Darga, Curepipien de naissance, ancien maire et député de la Ville lumière et qui y vit toujours, en fait partie. « J’ai appris que le ministère de l’Environnement est en train de procéder à un projet pour transformer le Jardin botanique de Curepipe en un jardin spirituel. Un entrepreneur a déjà été commissionné pour démolir un bâtiment en partie en pierres taillées qui servait jadis de résidence à l’ancien responsable du jardin. Les travaux sont en cours », se désole-t-il.
Il poursuit que le terme « jardin spirituel », traduit dans le langage mauricien, voudra dire un lieu d’expression pour les différents cultes. « Cela aura toutes sortes d’implications. Ce projet va dénaturer l’essence même de ce jardin qui a plus de 150 ans. Ce patrimoine botanique, avec ses espèces rares, est d’ailleurs recommandé par des agences et des sites de voyages dans le monde », indique Amédée Darga.
Il raconte que ce jardin a toujours été un lieu de balade et de repos pour les Curepipiens. Il se souvient qu’autrefois, on y organisait des concerts de musique par l’orchestre de la police, ce qui plaisait énormément aux habitants. « Si ce projet s’avère, je proteste avec véhémence. J’appelle les Curepipiens à exprimer leur désaccord contre cette démarche de transformer le Jardin botanique en jardin spirituel », lance-t-il.
Géraldine Hennequin-Joulia, citoyenne engagée et fondatrice d’Idéal Démocrate, dénonce elle aussi cette initiative du ministère de l’Environnement. Étant opposée farouchement à ce projet, elle a adressé une lettre au maire de Curepipe, en copie à la Wildlife Foundation, au ministère de l’Environnement et à celui des Collectivités locales. « Cette décision prise sans consulter les citoyens, usagers de ce jardin plus que centenaire, est un scandale, voire une pure hérésie ! Elle doit sans doute être guidée par des considérations politiciennes et par un manque cruel de bon sens et d’une incapacité de prendre les bonnes décisions pour notre ville », clame-t-elle.
Elle fait ressortir que cet espace vert a un caractère exceptionnel et demande l’arrêt immédiat des travaux. « Ces travaux vont changer la morphologie du jardin. La place d’un espace de culte n’est pas dans un écrin de verdure », évoque-t-elle.
Géraldine Hennequin-Joulia met l’accent sur le fait que le maire n’est pas mandaté pour ériger des espaces de culte. Elle veut avoir des réponses sur, notamment : qui a décidé de mener ce projet ? Qui a évalué le bien-fondé de ce projet ? Combien coûtent les travaux ? Les autorités forestières et environnementales ont-elles donné leur aval ? Elle espère avoir un rendez-vous avec les protagonistes concernés après l’envoi de sa lettre. Si les autorités font la sourde oreille, elle envisage de faire circuler une pétition dans la ville.
Nous avons tenté d’avoir une déclaration du maire Hans Margueritte, mais nos tentatives sont demeurées vaines. Du côté du ministère de l’Environnement, une réponse est attendue ce mercredi.
Faits marquants sur le Jardin botanique
- Création du jardin en 1870 comme espace d’acclimatation des plantes exotiques et endémiques des Mascareignes.
- Le jardin abrite 17 espèces uniques à Maurice.
- Le dernier Hyophorbe amaricaulis au monde, qui est un palmier endémique de Maurice, se trouve dans ce jardin.
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