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Au coeur de l’info - Rabin Bhujun : «Des politiciens ont préféré faire le show» 

L’émission « Au cœur de l’info » du vendredi 4 décembre 2020 était axée sur l’étude de Kantar sur la confiance des Mauriciens dans la classe politique et les institutions. Rabin Bhujun, Saffiyah Edoo et Med Doba ont été invités à s’exprimer sur le sujet. 
Retranscription

« KANTAR : la classe politique et les institutions publiques n’inspirent plus confiance. » Tel était le thème sur lequel était axée l’émission Au cœur de l’info de Radio Plus du vendredi 4 décembre 2020. Nawaz Noorbux et Jugdish Joypaul ont accueilli sur le plateau Saffiyah Edoo, activiste sociale et chroniqueuse de presse, Rabin Bhujun, journaliste et observateur, ainsi que Med Doba, politicien. Ils ont commenté l’étude annuelle de la firme Kantar, publiée cette semaine, sur la confiance des Mauriciens dans la classe politique et les institutions. 

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Il a été question du sondage de Kantar qui révèle que 54 % des sondés n’ont aucune affinité avec les partis politiques et 71 % demandent des réformes, tandis que 57 % pensent que la démocratie fonctionne mal. D’ailleurs, le niveau de confiance est bas dans les radios publiques, le système électoral et la télévision publique, entre autres. Contrairement aux radios privées et aux banques qui inspirent confiance. 
« Plus les démocraties grandissent, plus la voix de la population se fait difficilement entendre », a déclaré Rabin Bhujun, précisant que c’est une tendance qui est observée à travers le monde. Il a rappelé qu’en mai 2009, un sondage avait établi que 24 % des sondés avaient dit ne pas avoir d’affiliation avec un parti en particulier, selon une étude de la firme TNS. En août 2019, une étude de la firme DCDM avait évoqué un taux de 53 %. 

« Les gens se rangent d’un côté à mesure qu’on se rapproche d’une élection ou juste après. Toutefois, ce qui est particulier en 2020 avec l’étude de Kantar, c’est que tout juste un an après, 54 % des sondés disent ne pas avoir d’affiliation avec des partis politiques », a fait ressortir Rabin Bhujun. Il l’attribue à la COVID-19, à l’affaire Wakashio et aux autres affaires qui ont éclaté. 

« Nous sommes dans un climat où il n’y a pas de héro », a-t-il souligné. Pour ce qui est de l’influence des politiciens, il explique que c’est tout ce cinéma qui intéresse le plus les gens, soulignant que les médias se prêtent au jeu. L’image et la voix ont eu un rôle à jouer. « Des politiciens ont préféré faire le show plutôt que le fond », estime Rabin Bhujun. 

Saffiyah Edoo a fait remarquer que 44 % des sondés pensent que le gouvernement a bien géré la COVID-19. Elle a expliqué qu’après les élections générales de l’an dernier, il y a eu des réactions mitigées par rapport aux résultats et lorsque les gens ont vu la gestion de la pandémie, cela leur a inspiré confiance. Mais selon elle, après la levée du confinement, « quand tout ce qui s’est passé derrière le rideau a été mis au jour, la confiance a de nouveau crash ».

Cependant, elle ne pense pas qu’il faut une autre force politique. Ce qu’il faudrait, d’après elle, c’est revoir les partis existants. Pour elle, il faudrait revoir la « tête » des partis et organiser des élections démocratiques en leur sein. En ce qui concerne la forte popularité de Joanna Bérenger soulevée par l’étude, Saffiyah Edoo rappelle que 50 % de la population sont des femmes. « Elle a touché à un point comme une crèche à l’Assemblée nationale », souligne-t-elle.

Réforme électorale 

« Le système actuel, c’est-à-dire le découpage, les circonscriptions, etc., a été créé par les pères fondateurs, car ils pensaient que la démocratie ne fonctionnerait pas d’elle-même. Il fallait garantir la présence des minorités. Cinquante-deux ans après, il faut laisser partir le système, comme le Best Loser System, qui n’a pas rattrapé grand-chose », a expliqué Rabin Bhujun.

Pour lui, il faut une dose de proportionnelle seulement, car le First Past The Post établit des gouvernements stables. L’observateur a critiqué l’attitude du Premier ministre sur la présentation de la loi de la réforme électorale. « Sa proposition était take it or leave it. Il n’a pas ouvert la porte à un consensus », estime-t-il.  

Rabin Bhujun a également parlé de réforme au sein des partis, car un leader contrôle la caisse du parti et a le dessus sur le comité central ainsi que sur le bureau politique. « Il faut que ces instances se révoltent. Il faut, par exemple, que Navin Ramgoolam fasse un choix : penser à son parti ainsi qu’à sa riche histoire ou alors à sa petite personne. » 

Les cadres des partis doivent sonner la révolte, estime le journaliste. Il se demande si Shakeel Mohamed et Arvin Boolell continueront à « faire le beau sur les réseaux sociaux ». Il a ajouté que pour avoir des hommes politiques valables, il faut changer le système électoral. D’ailleurs, a-t-il dit, 37 % des gens ont voté le gouvernement et c’est légal.

« Le système aurait pu être plus équitable », a-t-il conclu. Med Doba est, pour sa part, d’avis que depuis l’indépendance, les gouvernements font du « firefighting ». « Il faut attaquer le cancer qui ronge la démocratie. Il faut revoir le financement des partis politiques. Les partis ne sont pas enregistrés. Il faut un cadre légal », a-t-il suggéré. 

Pour Med Doba, les politiciens peuvent redorer leur blason s’ils viennent avec des sujets précis tels que l’environnement, la protection de l’enfance et les femmes. 

« Des jeunes voient en Joanna Bérenger une politicienne qui émerge », a-t-il souligné. Med Doba s’est aussi exprimé en faveur d’une limitation du mandat d’un Premier ministre et d’un leader d’un parti politique.
 

 

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