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Au cœur de la prison des femmes : drogue, lesbianisme et trafics en tous genres dans cet univers à part

prison des femmes

De surprenants numéros de danse ont été exécutés récemment, sur demande de l’autorité pénitentiaire, par quatre femmes purgeant actuellement des peines d’emprisonnement à la prison des femmes, à Beau-Bassin. Cela a attiré l’attention sur les conditions d’incarcération des éléments féminins en général en milieu carcéral. 

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Notre enquête a permis de faire une incursion dans l’univers de ces femmes et a conduit à la découverte des pratiques pour le moins malsaines régnant en maître en ces lieux : trafic de stupéfiants et de cigarettes, et existence d’une mafia imposant sa loi sur toutes les détenues.

Mais il y a aussi, parmi ces femmes, des mères de familles repenties qui élèvent leurs enfants avec l’aide des gardiennes de la prison. 

Que se passe-t-il derrière ces murs vieux d’une cinquantaine d’années ? Visite des lieux.

Régime d’incarcération

Les statistiques de l’administration démontrent que près de trois quarts des pensionnaires de la prison des femmes purgent des peines pour trafic de drogue. Suivent, dans l’ordre, des peines pour meurtres, vols, ou encore pour racolage.

Invités à donner des explications sur les conditions des femmes détenues, des officiers du département Welfare du milieu carcéral disent que le train de vie à la prison des femmes ne diffère nullement de celui des hommes.

Pour le régime alimentaire, tout le monde est logé à la même enseigne. La nourriture est « équilibrée ». La journée d’une détenue débute au petit déjeuner, qui est servi à 6 heures. Elles ont 45 minutes à consacrer à cette première étape.

« De 7 h 30 à 10 h 30, certaines doivent s’atteler aux corvées de la prison et aux classes de couture.

« Le déjeuner est servi de 10 h 30 à 11 h 30. Puis, c’est le retour en classe jusqu’à 15 heures. Le dîner est ensuite servi et le lock-up time est aux alentours de 17 heures. »

Le petit déjeuner est composé de pain beurré et de thé. Pour le déjeuner, c’est le riz accompagné de grains secs, de poulet/poisson/œufs et de légumes. Le dîner est composé de pain, de légumes, et d’œufs/thon/saumon.

Les repas des détenues sont préparés par les cuisiniers de la prison, avec l’assistance des détenus red-banned. Avant d’être distribués, les repas sont goûtés par l’officier en charge, avec l’assistance d’un Nursing Officer.

Pour le premier jour de l’an, les détenues auront droit à un menu spécial : du briani.

Un monde à part

Toutes les détenues ne sont pas impliquées.

« Il n’y a pas d’axe gardiennes-détenues pour faciliter l’entrée de la drogue à la prison », selon les gardiennes de la prison pour femmes. « La drogue est introduite à la prison à travers des projectiles lancés depuis l’une des voies principales de Beau-Bassin ou encore par le biais des visiteurs.

« Pour le moment, ce sont les antidépresseurs qui circulent librement à la prison. Ces pilules proviennent certainement de la New Wing Prison, ou encore de la prison des hommes. La drogue est payée par les proches des détenus, qui sont en dehors de la prison », avouent des gardiennes de la prison des femmes.

Et qu’en est-il des clans ? Y a-t-il un ring leader ? « Il n’y a pas tout à fait des clans à la prison des femmes. La majorité des détenues sont solidaires les unes des autres. Certaines détenues font quand même régner leur loi. Surtout les africaines, qui purgent de lourdes peines d’emprisonnement pour trafic de drogue. Elles profitent de la faiblesse des jeunes détenues et les intègrent dans leurs réseaux bien fermés. Elles sont à l’origine des trafics en tous genres à la prison. Comme celui lié aux cigarettes, aux vêtements/sous-vêtements, par exemple. »

« S’il arrive qu’une détenue ne peut rembourser le nombre de cigarettes acheté, elle doit s’attendre à des représailles. Il y a une semaine, une jeune détenue s’est ouvert les veines. Elle n’avait pas d’argent pour rembourser sa dette. Elle a été admise à l’hôpital psychiatrique Brown Sequard », disent des gardiennes.

Pour ce qui est du lesbianisme, les gardiennes confient qu’une « bonne dizaine » de détenues s’adonnent à une telle pratique sexuelle. « Mais ce qui se produit dans les cellules entre les détenues, une fois la nuit tombée, ne nous concerne pas. à moins qu’un cas d’attentat à la pudeur est rapporté à la police », disent-elle. « En prison, une détenue fait tout pour s’occuper l’esprit. Le rapprochement est ainsi rendu inévitable entre ces femmes. Mais dans leur intimité, tout se déroule loin des regards des autres pensionnaires et des officiers de la prison. Il y a, toutefois, des lesbiennes qui s’assument. Elles mangent dans les mêmes assiettes, boivent dans la même tasse, ou encore elles se douchent ensemble », indiquent les gardiennes.


Les mères prisonnières peuvent élever leurs enfants

Une unité spécialisée, baptisée Gardenia, a été créée pour les détenues ayant des enfants. Pour l’heure, elles sont au nombre de quatre : deux malgaches et deux mauriciennes. Elles purgent des peines pour des délits de drogue.

Cette unité est un coin « détaché » de la prison des femmes. Elle est pourvue d’un salon, de chambres à coucher, d’une salle de bain et d’un téléviseur, entre autres aménités. Les détenues vivent en ces lieux avec leurs enfants.

Durant la journée, les bébés sont envoyés à la crèche, alors que leurs mères s’acquittent de leurs tâches quotidiennes.

La prison des femmes, elle-même, est située à une dizaine de mètres de la prison des hommes. Elle compte une centaine de détenues, dont une vingtaine d’africaines : Kenyanes, Malgaches, Tanzaniennes et Sud-africaines.

La prison compte cinq dortoirs, 24 cellules pour celles qui sont en détention préventive, une dizaine de cellules pour les condamnées à diverses peines, une induction unit pour les nouvelles admissions et une segregation unit (composée de six cellules) pour les détenues difficiles.

Le responsable de la prison : « Aucune déclaration »
Le Deputy Commissionner of Prisons (DCP) R. Rughoobeer, qui est le responsable de la prison des femmes, n’a pas voulu commenter la situation. « Je ne suis pas autorisé à vous faire des déclarations. Veuillez vous adresser au commissaire des prisons, Vinod Appadoo », a-t-il dit.

 

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