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Après une deuxième saisie : guerre ouverte entre l’Adsu et la MRA

Douaniers et policiers sont à couteaux tirés depuis samedi. Ces derniers reprochent aux effectifs de la MRA d’avoir mené une opération en solo sur le cargo sur lequel 20 kilos d’héroïne ont été saisis.  

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L’Anti drug and smuggling unit (Adsu) ne tient plus le service des douanes de la Mauritius Revenue Authority (MRA) en odeur de sainteté. Policiers et douaniers se regardent en chiens de faïence depuis que ces derniers ont procédé, samedi dernier, à une deuxième saisie de drogue sur le MSC Filomena, sans avoir averti les éléments anti drogue. Ils ont découvert 25 kilos de gandia ainsi que 2 kilos d’héroïne dissimulés dans une sableuse à pression (sandblaster) à l’intérieur d’un autre conteneur se trouvant sur ce même bateau-cargo sur lequel 20 kilos d’héroïne  avaient été saisis par les deux services  la veille.

Après cet exercice en solo, les douaniers se sont présentés au quartier général de l’Adsu  pour  livrer cette prise estimée à Rs 50 millions de roupies, tout en l’enjoignant d’ouvrir une enquête. L’équipe de l’adjoint au Commissaire de police, Choolun Bhojoo a tout  simplement refusé d’obtempérer car la procédure exige la présence des policiers pendant une telle opération. Le refus est aussi motivé par le fait que l’équipe de Vivekanand Ramburrun n’a pas été capable de lui fournir le manifeste (‘bill of lading’) du conteneur dans lequel la sableuse à pression se trouvait.

La grande rivalité entre l’Adsu et le service des douanes est un secret de Polichinelle. Elle porte bien souvent sur les fortes récompenses perçues sur des saisies de cette envergure ainsi que sur la paternité de l’opération. Il n’est pas rare que des fuites d’informations fassent capoter une enquête de police. Malgré leurs franches hostilités, les deux services ont quand même décidé de travailler ensemble et un accord cadre a même été finalisé. Le jeudi 9 mars, ils ont procédé à la saisie record de 135 kilos d’héroïne évalués à plus de Rs 2 milliards au port.

Trois autres conteneurs sous scellés

C’est dans le cadre de cette enquête que la deuxième saisie de 20 kilos d’héroïne valant Rs 300 millions à bord du MSC Filomena s’est effectuée vendredi. Si la brigade antidrogue ne cache pas son mécontentement  face à la dernière saisie effectuée par leurs collègues douaniers, c’est aussi parce qu’elle les avait avertis que le navire, parti de Durban, transportait quelque 28 kilos de drogue à son bord. Lorsque les 20 premiers kilos d’héroïne ont été découverts, elle a laissé le navire aux douaniers, sans se douter que ces derniers allaient continuer l’inspection d’autres conteneurs transportant des sableuses à pression.

Au moins trois autres conteneurs ont été mis sous scellés en attendant d’être fouillés ce lundi, alors que des exercices de livraison contrôlés auraient pu êtres menés, explique-t-on aux Casernes Centrales.Les douaniers devraient avoir une rencontre avec le Premier ministre Pravind Jugnauth ce matin pour déterminer s’ils ont le pouvoir d’effectuer leur propre fouille en rade de Port-Louis. Malheureusement, comme c’est devenu  une habitude, le service de presse du chef du gouvernement  est resté sourd à nos appels pour une confirmation somme toute banale.

Ce matin, l’Adsu devrait procéder à d’autres arrestations lorsque la douane va enfin lui transmettre les documents relatifs au conteneur dans lequel la drogue a été saisie samedi.

Tandis que les 135 kilos d’héroïne du jeudi 9 mars et les 20 kilos d’héroïne de vendredi dernier ont été trouvés dans les sableuses à pression commandés par le courtier maritime ‘marron’ Navind Kistnah - actuellement en cavale en Afrique du Sud - tel n’est pas le cas pour la dernière saisie. La drogue n’a pas non plus été importée par les soins de la société Brilliant Resources Consulting (BRC) dont les deux directeurs sont l’Indien Sibi Thomas, et l’agent politique du Mouvement socialiste militant (MSM) Geeanchand Dewdanee.

En attendant que la brigade antidrogue et le service des douanes mettent leurs égos de cotés et bouclent sereinement cette enquête, la Independent commission against corruption (Icac) a déjà commencé à se pencher sur le volet blanchiment de ce vaste trafic de stupéfiants. Dans le courant de la semaine, elle va interroger un ami proche de Navind Kistnah, Shahebzada Azaree. Flambeur invétéré comme le cerveau présumé de ce trafic, il est l’un des directeurs de la chaîne de restauration rapide Gloria Fast Food, spécialisée dans la vente de kebabs et de glaces.

La Commission compte aussi entendre d’autres Stable Managers sur des acquisitions de chevaux par des personnages peu recommandables soupçonnés de s’adonner au blanchiment au Champ-de-Mars. Le Mauritius Turf Club (MTC) ainsi que la MRA ont déjà été invités par l’Icac à soumettre une liste de coursiers importés à Maurice. L’objectif étant de débusquer des prête-noms. Une rencontre de haut niveau a déjà eu lieu entre l’Icac et la MRA pour définir une stratégie d’enquête collaborative.

 

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