L’audition du Néerlandais Antonius Theodorus Johannes Wilhelmus de Goede, témoin-vedette dans l’affaire Boskalis, le lundi 21 novembre, a non seulement été marquée par une série d’objections émises par la défense mais aussi par l’exaspération de la Cour de Rotterdam, qui assure la retransmission du témoignage par visioconférence.
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Le procès intenté à Siddick Chady, ancien Chairman de la Mauritius Ports Authority (MPA), et Prakash Maunthrooa, Senior Advisor au Bureau du Premier ministre et ex-directeur général de la MPA, a repris à la mi-journée du lundi 21 novembre devant la cour intermédiaire. L’audience a non seulement été marquée par une série d’objections émises par la défense mais aussi par l’exaspération de la Cour de Rotterdam, qui assure la retransmission par visioconférence du témoignage du Néerlandais Antonius Theodorus Johannes Wilhelmus de Goede.
Ce dernier est le Senior Enterprise Architect de Boskalis International BV. Cette firme avait décroché un contrat, en 2006, pour des travaux de dragage dans le port. Travaux estimés à Rs 439 millions.
Siddick Chady et Prakash Maunthrooa sont respectivement accusés de corruption et d’entente délictueuse dans l’allocation du contrat à Boskalis International BV. Ils plaident non coupables. La firme néerlandaise aurait offert des pots-de-vin de Rs 3 millions à l’ex-patron du Port avec la complicité de celui qui est aujourd’hui Senior Advisor au Bureau du Premier ministre.
« Tactique dilatoire »
La séance de lundi a débuté par des remarques de Me Said Toorbuth, avocat de Siddick Chady. L’homme de loi a d’abord déclaré que le témoin néerlandais n’avait pas prêté serment lors de l’audience du 24 novembre 2015. La magistrate lui a montré l’extrait du procès-verbal qui affirmait le contraire. Ensuite, il s’est plaint du fait que les réponses du témoin soient consignées dans le procès-verbal à la troisième personne et non à la première personne.
Me Said Toorbuth a soutenu que la poursuite a failli à établir l’authenticité du témoignage du Néerlandais Antonius Theodorus Johannes Wilhelmus de Goede. La magistrate Wendy Rangan a rejeté le point, soutenant que la Cour ne peut se prononcer sur la crédibilité d’un témoin en plein interrogatoire.
Me Toorbuth a formulé une motion pour que la magistrate se récuse. Ce qui a immédiatement fait réagir Me Rashid Ahmine, adjoint au Directeur des poursuites publiques (DPP). L’avocat représente la poursuite aux côtés de Mes Jean Michel Ah Sen et Rishi Hardowar. Me Rashid Ahmine s’est empressé de qualifier la démarche de la défense de « tactique dilatoire » vu que la Cour de Rotterdam a imposé des dates spécifiques pour l’audition du Néerlandais.
La séance a alors été suspendue pour permettre à la Cour suprême de se prononcer sur la motion.
À 14 h 45, à la reprise de l’audience, la magistrate Wendy Rangan a annoncé que la Cour suprême n’a pas entretenu la motion de l’avocat de Siddick Chady.
Me Nadeem Aullybocus, qui représente Prakash Maunthrooa, devait, à son tour, réagir. L’avocat a demandé à la Cour de se référer à une précédente réponse du Néerlandais concernant son rôle au sein de Boskalis. Il a aussitôt été interpellé par la magistrate qui lui a fait comprendre, d’un ton sévère, que la Cour s’était déjà prononcée sur la question.
Antonius Theodorus Johannes Wilhelmus de Goede a été interrogé par Me Rashid Ahmine sur un e-mail en date du 15 septembre 2006, qu’il a extrait du système informatique de Boskalis. Le témoin a à peine répondu à quelques questions que Me Siddartha Hawoldar, avocat de Prakash Maunthrooa, a soulevé une objection. L’avocat a plaidé que le témoin n’est pas au courant, à titre personnel, du contenu de l’e-mail. Il a contesté le fait que la poursuite y fasse référence avant même qu’il ne soit versé au dossier à charger.
Me Rashid Ahmine a répliqué que la poursuite doit établir l’origine de cet email avant de verser cette preuve au dossier. Après les plaidoiries, la magistrate Wendy Rangan a déclaré que la décision sera rendue le 28 novembre.
La magistrate Wendy Rangan : « Ce n’est pas la manière de procéder… »
Fait singulier le lundi 21 novembre. La Cour de Rotterdam, qui a mis à disposition une salle d’audience pour la visioconférence, a fait savoir à la magistrate Wendy Rangan qu’elle a dû attendre de longues heures (de 9 heures à 13 heures (heure des Pays-Bas). Alors que la magistrate lui a demandé d’attendre cinq minutes avant de prendre la pause-déjeuner, la Cour de Rotterdam a levé l’audience, informant que le tribunal siégera dans 45 minutes. Ce qui a exaspéré la magistrate Wendy Rangan.
« Ce n’est pas la manière de procéder. Nous sommes tous dans le même bateau et je ne peux poursuivre les travaux en leur absence », affirme-elle. La séance a été ajournée vers 16 heures. À la reprise à 17 h 05, le ton est monté. Me Rashid Ahmine a tapé du poing sur la table. Irrité d’avoir été interrompu dans son allocution par Me Nadeem Aullybocus, qui a déclaré que la poursuite induit la Cour en erreur. L’audience a été levée pour calmer les esprits.
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