Interview

Admission en Grade 7 - Basheer Taleb : «Trop de critères créent la confusion»

Basheer Taleb

Après les examens du PSAC 2018, cette semaine a été marquée par l’exercice d’admission en Grade 7. Des parents non satisfaits du collège alloué à leurs enfants ont pu faire une demande de transfert. Basheer Taleb, le président de la Fédération des Managers des collèges privés, donne son point de vue sur toute la situation.  

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« La PSEA avait pour mission d’encadrer les collèges privés et j’ai l’impression que cela ne marche pas »

Vous avez émis des réserves sur les trois critères d’admission en Grade 7. Pourquoi ?
Trop de paramètres créent certainement une confusion. Prenons le cas de ces élèves qui ont les mêmes résultats en Grade 6. S’ils veulent savoir pourquoi ils n’ont pas eu le même collège, la réponse aura trait à son adresse. Par contre, dans le cas de deux élèves habitent la même rue et qui n’obtiennent pas la même institution, on va lui répondre que ce sont ses résultats qui sont considérés.

Pensez-vous alors qu’il y a des choses qui ne sont pas claires ?
Je dirai qu’on ne sait pas comment on fonctionne avec les trois critères d’admission qui sont : le choix des parents, l’Aggregate obtenu et la proximité de résidence. Est-ce qu’il y a une certaine priorité qui est accordée à un des critères ? Est-ce que la priorité change de temps en temps ? Un A est de 75 à 100. Une des questions qu’on peut se poser : est-ce qu’on prend en compte ceux qui ont obtenu 90 à 100 ou 95 à 100 ? Ce sont autant de questions qui restent sans réponse

Diriez-vous que ce n’est pas transparent ?
Oui, si c’est la machine qui le fait, cela manque de transparence. Dans d’autres cas, on vous dira que c’est le parent qui n’a pas bien rempli le formulaire. Donc, il y a un problème. Est-ce qu’ils doivent être formés pour remplir ce formulaire ?

Est-ce qu’ils reçoivent une aide pour le faire ? De toute façon, lorsqu’il y a plusieurs critères à prendre en considération, il est tout à fait normal que cela crée des confusions.

Que proposez-vous pour éviter cette situation ?
Il serait plus simple que, dès le début de la scolarité d’un enfant, les autorités définissent l’école primaire et le collège qui lui seront attribués. Il y a aussi le fait qu’il y a plus d’écoles dans certaines que d’autres. Pourquoi ne pas fermer certaines écoles dans les régions où il y en a trop, et en construire dans celles qui en manquent.

Il faut aussi travailler sur la qualité des écoles, puisqu’il y a certaines dont le niveau laisse à désirer, tant du côté public que privé.

Quant à la qualité des enseignants, je pense qu’il n’y a pas trop de réforme à faire. Il n’y a pas eu suffisamment de travail de fond. Il y a eu un travail sur le papier, mais rien n’a été fait pour résoudre ces problèmes. C’est pour cela qu’on est bloqué. Un enfant qui habite les Plaines-Wilhems aura un grand choix contrairement à un autre qui habite Grand-Baie et qui doit venir à Port-Louis ou à Beau-Bassin.

Faut-il revoir le système de zoning ?
Il est essentiel de travailler dessus. Ce n’est pas possible que le Nord et Port-Louis se retrouvent dans la même zone. Les enfants en souffrent.

Partagez-vous l’opinion de la ministre de l’Éducation Leela Devi Dookun-Luchoomun qui dit que l’exercice d’admission en Grade 7 s’est fait comme toutes les années ?
600 demandes de transfert après les résultats avant que ne débute l’exercice d’admission, c’est beaucoup. Là encore, ce ne sont que des chiffres que nous avons eus jusqu’à présent. D’autres personnes se sont manifestées par la suite. C’est sa façon de voir les choses et nous ne sommes pas d’accord. Le terrain nous montre qu’il y a des problèmes dans un collège du Nord qui a très bien fait pendant des années et qui ne reçoit qu’une trentaine d’élèves seulement. C’est grave.

Êtes-vous confiant pour les collèges privés après l’exercice de transfert qui a lieu ?
Je ne suis pas pessimiste, mais les collèges privés auront beaucoup de problèmes. Un collège vit non seulement lorsque les portes sont ouvertes, mais il faut aussi avoir un minimum d’élèves. Beaucoup de collèges, qui accueillaient un certain nombre d’élèves auparavant, se retrouvent aujourd’hui avec des couloirs et des classes vides. C’est pour cette raison que plusieurs managers ont commencé à réfléchir sur la fermeture de leurs établissements et à penser à leur reconversion.  

Avec l’entrée en opération des 12 académies en 2021 et qui depuis 2017 ne prennent plus d’élèves en Grade 7, n’avez-vous toujours pas suffisamment d’élèves ?
Sur le papier, il semble qu’il y a un certain nombre d’élèves dans les collèges privés, mais en réalité, ils ne sont pas là. Il y a une seule conclusion, c’est que les collèges d’État prennent davantage d’élèves. Il aurait fallu avoir une loi sur le nombre maximum d’élèves qu’un établissement doit avoir pour fonctionner normalement. Il faut avoir un certain contrôle et assurer une meilleure répartition des élèves qui sont en surnombre dans d’autres établissements. C’est comme cela qu’on arrivera à cette parité. Au cas contraire, ce sera la loi de la jungle.  

Est-ce que l’arrivée des collèges payants vous fait peur ?
On nous dit qu’il y a un nombre négligeable de ces collèges payants, que le nombre n’a pas augmenté. Je n’ai fait aucune étude à ce propos, mais en me basant sur ce que je constate autour de moi, ma conclusion est autre. Le nombre de ces collèges ira en augmentant avec les nouvelles conditions pour une place en Higher School Certificate (HSC). Avec le critère de quatre credits en 2019 et cinq en 2020, il y aura un grand nombre d’élèves qui n’auront pas de places pour repeat. Ces enfants iront vers les collèges payants pour faire le ‘A’ level ou le HSC. Je ne pense pas que le gouvernement pourra exercer un contrôle sur ces collèges. Les conditions qui existent dans les collèges publics et privés pour le SC et le HSC ne sont pas les mêmes pour les collèges payants.

Les collèges privés sont sous le contrôle de la Private Secondary Education Authority (PSEA). Êtes-vous satisfait du soutien ?
La PSEA avait pour mission d’encadrer les collèges privés et j’ai l’impression que cela ne marche pas. La PSEA s’attèle seulement à la tâche de contrôler au lieu de comprendre et de gérer. Il y a les Quality Assurance Officers depuis l’année dernière, mais cela ne fonctionne pas comme il le faut.

 

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