Faits Divers

Adarsh, 17 ans, et Ayushi, 14 ans : inséparables dans la vie et dans la mort

Lekhadevi Unuth, 43 ans, est anéantie. Adarsh, 17 ans, et Ayushi, 14 ans, le fils et la fille qui faisaient son bonheur, sont partis tragiquement. Elle fondait tous ses espoirs sur ses deux enfants et pensait qu’ils veilleraient sur elle dans ses vieux jours. Le destin en a décidé autrement.

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Un violent incendie a ravagé leur maison à Triolet aux petites heures du dimanche 21 août. Ce feu a fait bien plus que des dégâts matériels, car Lekhadevi a perdu ses deux enfants, la laissant dans une profonde tristesse.

« Kuma tou paran mo ti panse mo bann zanfan pou vey lor mwa kan monn vie. »

Cinq jours après ce terrible incendie, Le Dimanche/L’Hebdo est parti à la rencontre de cette mère éplorée. Une odeur âcre flotte toujours sur le lieu du sinistre. De l’étage où elle habitait avec ses enfants, il ne reste plus rien. Les murs sont couverts de cendres. Les cadres des fenêtres ont été enlevés. Les chambres sont vides. Lekhadevi, assise sur une chaise, est entourée de ses proches, qui la soutiennent. Elle accepte de nous recevoir.

La demeure des Unuth, à Triolet, a été réduite en cendres.
La demeure des Unuth, à Triolet, a été réduite en cendres.

« J’habite chez un proche, au rez-de-chaussée de la maison », nous dit-elle. Tout dans la maison lui rappelle ses enfants. « Zot pa ti kapav sanpass zot kamwad », lâche-t-elle. Adarsh est né un 11 mai, alors que sa sœur a vu le jour un 11 avril.

Bien que « complices et inséparables », les deux jeunes avaient chacun leurs rêves. Adarsh allait de nouveau prendre part aux examens du School Certificate. « Il n’aimait pas trop les études », explique sa mère, mais Lekha­devi savait déjà ce qu’elle voulait faire plus tard. « Je gère un snack et je lui ai dit que s’il le désirait, j’acheterais un appareil pour préparer du kebab. Cela lui aurait permis de travailler avec moi et même reprendre le business un jour », poursuit-elle. Et ses projets pour son fils ne s’arrêtaient pas là. « Comme il était costaud, je lui ai conseillé de poursuivre ses études, pour ensuite postuler comme policier. »

Lekhadevi Unuth garde d’Adarsh le souvenir d’un jeune passionné. « Quand il était en CPE, je lui ai offert une guitare. C’était son passe-temps. Il a pris des cours dans la localité pendant deux ans avant d’arrêter. Il aimait bien jouer », raconte-t-elle.

Ayushi, sa benjamine, avait également ses occupations. « Elle aimait se maquiller, se faire les ongles et porter les vêtements à la mode. » Frère et sœur partageaient une passion pour les animaux. « Ils avaient, chacun, un animal de compagnie. Pour Adarsh, c’était un hamster et pour sa sœur, un chat », dit péniblement Lekhadevi. « Ayushi aimait s’occuper de ses animaux. Elle souhaitait devenir vétérinaire », confie-t-elle.

Il y a neuf ans, Lekhadevi a perdu son époux. Parmanand, aussi connu comme Joe, a été emporté par la maladie. « Ce jour-là, il s’était rendu au supermarché et en revenant, il a été terrassé par une thrombose cérébrale », se souvient avec peine Lekhadevi. Après ce coup du destin, elle s’était retrouvée seule à élever ses enfants.

« Ils m’aidaient énormément dans le snack. Quand ils sortaient du collège, ils venaient directement et aidaient à servir les clients », explique-t-elle. Comme bon nombre de jeunes de leur âge, Adarsh et Ayushi avaient leur profil Facebook. « C’était encore un de leur passe-temps. Ils restaient connectés. »

« Monn tann mo tifi krie »

Les rêves et aspirations de cette mère de famille se sont envolés aux petites heures du dimanche 21 août dernier. Revenir sur les instants qui ont précédé la disparition tragique de ses deux enfants est encore pénible pour Lekhadevi, mais elle accepte néan­moins de nous faire le récit de l’horreur qu’elle a vécue. « Nous dormions dans la même chambre. J’étais encore éveillée à minuit ce soir-là et je n’ai rien remarqué. Je me suis endormie. Quelques heures plus tard, un bruit de pétard m’a réveillée. Il faisait très sombre. Je me suis levée pour allumer la lumière, mais il n’y avait pas d’électricité. J’ai posé la main sur la porte fermée et j’ai constaté qu’elle était brûlante. J’ai réveillé ma fille et lui ai dit qu’il y avait peut-être le feu dans la maison. Monn dir li lev so frer e monn ouver laport pou sorti. Monn trouv zis somm, pann trouv dife. Mo ti panse mo tifi ek mo garson pe swiv mwa. Monn al lor teras, me ler mo get derier, mo pann trouv zot. Monn tann mo tifi pe krie », nous relate Lekhadevi au bord des larmes.

« Depi deor, mo ti pe kass vit pou ler sirkile. An mem tan, bann fami finn telefonn pompie », ajoute-t-elle. L’incendie a ravagé toutes les pièces de la maison à l’étage. Après avoir circonscrit l’incendie, les sapeurs pompiers de Triolet ont retrouvé les deux adolescents dans leur chambre. Ils étaient carbonisés. Ce n’est que vendredi que Lekhadevi a été en mesure de donner sa version des faits à la police de Triolet. « C’est vraiment pénible », nous dit-elle.

La nouvelle de ce drame a bouleversé tout le village. Des personnes de tout le pays sont venus rendre hommage aux deux enfants. Leur autopsie a révélé qu’ils étaient morts de brûlures. Lekhadevi a tout perdu dans cet incendie. « Kouma tou paran mo ti panse mo bann zanfan pu vey lor mwa kan monn vie, me… », lâche-t-elle.

Raj Unuth, 53 ans, un oncle des enfants qui habite au rez-de-chaussée, ne peut s’empêcher de revivre les circonstances tragiques dans lesquelles Adarsh et Ayushi sont morts. « Nous ignorons ce qui a provoqué le feu. Un an de cela, il y a eu un départ de feu à cause d’une lampe de terre utilisée pour la prière. Le feu avait été très vite maîtrisé et il n’y avait pas eu de blessés. Cette fois, nous ne savons pas ce qui a bien pu se passer. Il n’y avait aucune lampe allumée », lâche le quinquagénaire.

Selon un proche, le jeune Adarsh s’était endormi sur son bureau, alors que sa sœur aurait pris une couverture pour se protéger des flammes. L’incendie a tout consumé sur son passage.


Funérailles émouvantes

Les funérailles d’Adarsh et d’Ayushi ont eu lieu le jour du drame, dans l’après-midi. Lekhadevi n’a pu voir les visages de ses enfants une dernière fois. « Koma mo pou viv aster ? » Ces paroles ne cessaient de résonner à travers la rue Takoor Parsad Aumeer, où ils habitaient. Dimanche, des gens ont afflué au domicile des jeunes victimes, dont les amis de classe d’Adarsh et d’Ayushi. Plusieurs personnalités, dont le ministre Soodesh Callichurn et Navin Ramgoolam, ancien Premier ministre, se sont rendus sur place pour témoigner de leurs sympathies à la famille meurtrie par ce drame. C’est sous les pleurs et cris des proches que le cortège funèbre des deux adolescents a quitté le domicile vers 16 heures.


Le nombre de décès dans des incendies en hausse

Selon les chiffres de la Fire Rescue Services, le nombre de morts dans des incendies est en hausse. L’année dernière, les sapeurs pompiers ont enregistré six morts, alors que cette année, du 1er janvier au 21 août, il y a eu sept décès dans des incendies. Et la pièce la plus à risque est la chambre à coucher. Ces chiffres prennent en considération les victimes qui sont mortes sur place et pas celles qui ont été admises à l’hôpital et qui ont succombé à leurs brûlures par la suite.

 

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