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Abus de médicament : l’Adsu enquête sur un nouveau trafic

Cabalin Ce médicament est utilisé comme une nouvelle drogue.

L’usage que font certains de la prégabaline inquiète pharmaciens et travailleurs sociaux. Ce médicament est utilisé comme nouvelle drogue. La brigade anti-drogue enquête sur cette nouvelle tendance.

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Médicament normalement destiné aux diabétiques qui ont des problèmes neuropathiques, la prégabaline a été déviée de son utilisation première pour servir comme drogue à ceux en quête de plaisirs éphémères, avancent des professionnels de la santé. « La situation est alarmante. Il est temps que les autorités ouvrent les yeux et prennent les mesures qui s’imposent », lance un pharmacien sous le couvert de l’anonymat.

« C’est un vrai problème », ajoute, pour sa part, un travailleur social qui a alerté les autorités sur ce phénomène. Selon lui, certains médecins délivreraient même des ordonnances de complaisance moyennant paiement. Cela, afin que leurs clients puissent s’en procurer facilement étant donné qu’il n’est vendu que sur prescription.

Bien que la tendance pour l’usage du médicament ait connu une baisse au profit des drogues de synthèses, selon d’autres travailleurs sociaux, il est toujours aussi prisé, affirment les pharmaciens. « Il y a de nombreux jeunes qui ont succombé à ce produit en raison de ses effets euphorisants », soutient l’un d’eux. Cette situation serait même difficile à contrôler, s’accordent à dire pharmaciens et médecins qui parlent de  « connivence » de la part de certaines brebis galeuses dans les deux professions.

Opération coup de poing

La brigade antidrogue fait le même constat et s’efforce à recueillir un maximum d’informations avant de déclencher une opération coup de poing.

« Nous avons des pharmaciens et des médecins dans notre collimateur », affirme un membre de cette unité. Une liste de pharmacies et de médecins a déjà été dressée. Ils seraient actuellement sous surveillance. Selon l’Anti Drug and Smuggling Unit (Adsu), la prégabaline est parfois vendue à dix fois sa valeur marchande.

Une situation que dénonce le vice-président de la Private Medical Practionners’ Association, le Dr Mohammed Ishaq Jowahir. « S’il y a des brebis galeuses comment allons-nous le savoir ? » s’interroge-t-il. Et d’ajouter que dans certains cas, le médicament serait même disponible sans le précieux sésame qu’est la prescription. « Si vous mettez le prix il n’y a pas de problème », dit-il

Les pharmaciens contactés rétorquent qu’ils ne peuvent être tenus entièrement responsables de cette situation. Pour eux, si un client présente une prescription signée par un médecin, ils ne peuvent refuser de vendre un produit.

« Si nous refusons de le faire et que la personne a vraiment besoin de ce médicament, nous risquons d’avoir des ennuis avec le Pharmacy Board », explique Arshad Saroar, secrétaire de la Pharmaceutical Association of Mauritius (PAM). Il précise que les pharmaciens sont tenus d’enregistrer le nom du client et de préciser le nombre de médicaments vendus. Ce registre doit être tenu à jour et doit être présenté sur demande aux inspecteurs du ministère de la Santé.

Compte-tenu de l’ampleur que l’usage abusif de ce médicament avait prise, le ministère de la Santé a, en 2015, classifié la prégabaline et ses dérivés sous le troisième cédule de la Dangerous Drugs Act. Le médicament s’est ainsi retrouvé dans la même liste que les psychotropes.

Mais cela n’aurait pas freiné l’ardeur des utilisateurs. Face à ce phénomène, pharmaciens et médecins reconnaissent qu’il y a un travail à faire pour  responsabiliser des professionnels de la santé de même que les membres du public.

« La prégabaline est un médicament qui est utilisé afin de soulager les douleurs neuropathiques dans les cas de neuropathie diabétique périphérique », explique le pharmacie Arshad Saroar. Il précise cependant que le produit a aussi des effets de somnolence, ce qui aurait poussé des jeunes à s’en approprier pour y chercher du « plaisir ». « Il y a aussi cette mauvaise perception que cela permet d’avoir une bonne érection, ce qui n’est pas fondé », dit-il.  Le secrétaire de la PAM précise aussi que l’abus fait de ce produit n’est pas spécifique à Maurice.

 

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