1er-Mai et élections générales : à qui profite la nouvelle configuration politique? 

Les troubles de la majeure partie du mois d'avril, marqués par des négociations ardues au sein de l'opposition parlementaire pour former une alliance, ont donné lieu à de nouvelles dynamiques, notamment avec l'émergence du parti Nouveaux Démocrates. Le retrait du PMSD de l'alliance a entravé considérablement la mobilisation du MMM et du PTr, au profit du gouvernement qui semble maintenant aborder le rassemblement politique du 1er-Mai avec une certaine assurance.

Le Parti mauricien social démocrate (PMSD) semble avoir été le plus impacté par les turbulences politiques récentes qui ont secoué l'opposition parlementaire, notamment avec la scission avec le Mouvement militant mauricien (MMM) et le Parti travailliste (PTr). Alors que les membres du PMSD ont pu bénéficier, ces dernières années, de l'aura de leur leader, Xavier-Luc Duval, et de ses 135 Private Notice Questions (PNQ), leur rayonnement national semble aujourd'hui compromis. Les commentaires de divers observateurs politiques, ainsi que les réactions manifestées en particulier contre l'ancien député Adrien Duval sur les réseaux sociaux, démontrent que le départ des Bleus de l'alliance de l'opposition parlementaire n'a pas été favorable à leur cause. 

De nombreux observateurs pensent que le PMSD finira tôt ou tard par être contraint de rejoindre le Mouvement socialiste militant (MSM). Il est également souligné que les Bleus rencontreront d'énormes difficultés pour convaincre leur électorat de leur décision de s'associer avec le MSM, un parti contre lequel ils ont lutté avec ardeur depuis leur départ du gouvernement en 2016. 

Aux yeux de plusieurs observateurs, une éventuelle alliance entre le MSM et le PMSD signifierait que les Bleus seraient désormais prêts à accepter la Financial Crimes Commission, à qui il est reproché d'usurper plusieurs rôles du Directeur des poursuites publiques (DPP). Ce même bureau du DPP qu'ils avaient voulu protéger de la Prosecution Commission, qui aurait pu compromettre son indépendance.

La séquelle la plus visible que porte le PMSD depuis son départ de l'alliance de l'opposition parlementaire est sans conteste le fait qu'une vingtaine de membres du parti ont immédiatement décidé de claquer la porte. Ces démissions, qui incluent le départ des députés Richard Duval et Khushal Lobine, entre autres, font que le PMSD est aujourd'hui réduit à seulement deux députés qui ont été relégués au second plan depuis la rentrée parlementaire.

Si le PMSD a jusqu'ici nié tout contact avec le MSM, tout en laissant la possibilité ouverte d'une alliance avec le parti soleil, il est clair que les Bleus ne disposent plus de la même force qu'ils avaient lorsqu'ils étaient en alliance avec le MMM et le PTr. Ainsi, dans toute conjoncture de négociation des tickets avec le MSM, ils se retrouveront dans une position encore plus défavorable qu'auparavant. 

Du côté du MSM, selon plusieurs sources, bien qu'une alliance avec le PMSD reste d'actualité, on souligne que le PMSD, sans ses élus comme Khushal Lobine et Richard Duval, est clairement affaibli.

L'observateur politique, Milan Meetarbhan, souligne depuis longtemps que le départ du PMSD de l'alliance de l'opposition parlementaire aurait inévitablement un impact psychologique. « J'avais dit cela parce qu'une alliance qui parvient à créer une nouvelle dynamique dans ses rangs et voit son élan stoppé peut avoir un impact psychologique », explique-t-il. L’intervenant se permet de poser la question suivante : « Est-ce que la nouvelle configuration permettra au nouvel allié du PMSD d'obtenir plus de sièges aux prochaines élections ? » « J'en doute », dit-il.

Le PMSD a été confronté à une hémorragie depuis son départ de l'alliance de l'opposition parlementaire. Kris Valaydon soutient toutefois que la base bleue finira par se ranger du côté de la direction, quel que soit le choix d'alliance politique qui sera fait. Selon lui, la psychologie des partisans et des activistes du PMSD est similaire à celle des autres partis : les fidèles suivront le leader, celui qui détient l'emblème du parti. Ainsi, quel que soit le choix du leader Xavier-Luc Duval, les partisans l'approuveront.

Kris Valaydon considère que le PMSD est « opportuniste » et qu'il contractera une alliance avec le parti politique qu'il estime le plus à même de remporter les élections. Dans cette conjoncture, il est « peu probable » que Xavier-Luc Duval contracte une alliance « avec les partis émergents ou extraparlementaires, dont l'assise dans l'électorat reste à établir ». Les tractations entre le PMSD et les partis extraparlementaires font partie d'une tactique visant à renforcer le pouvoir de marchandage de Duval auprès de Jugnauth. Ainsi, il est plus probable que le PMSD, réaliste et opportuniste, contracte une alliance avec le MSM afin de bénéficier de tout l'arsenal de campagne électorale dont dispose ce dernier.

Il souligne cependant que dans le contexte actuel, le temps n'est pas en faveur du PMSD de Xavier-Luc Duval. Les prises de position très fermes contre le gouvernement Jugnauth sont encore fraîches dans la mémoire collective. Celui qui a critiqué Jugnauth de manière agressive et constante pendant des années aura du mal à renverser le cours des choses et à convaincre ses propres partisans que ses déclarations passées étaient erronées. « Il sera difficile pour Xavier Luc Duval de réévaluer l'image qu'il a peinte en noir pendant des années. Il est probable que pendant la prochaine campagne électorale, des clips vidéo montrant Xavier-Luc Duval critiquer vivement le gouvernement lors de ses nombreuses conférences de presse et discours à l'Assemblée nationale réapparaîtront ». est-il d’avis.
Quelles implications pour l’opposition parlementaire dans son ensemble ?

Le départ du PMSD de l'alliance de l'opposition parlementaire semble logiquement accroître les divisions au sein de l'opposition. Ce qui, en théorie, pourrait être favorable au gouvernement. Cependant, Milan Meetarbhan préfère adopter un autre point de vue. Il affirme que « cette nouvelle configuration peut offrir de meilleures perspectives à l'opposition parlementaire ».

Selon lui, il existe la possibilité d'un regroupement plus large de l'opposition avec le départ du PMSD. Milan Meetarbhan soutient que théoriquement, il serait plus facile pour le MMM et le PTr d'accueillir des éléments de l'opposition parlementaire, mais cela nécessitera des négociations et un accord commun, ouvrant ainsi la voie à une opposition élargie. Il va même jusqu'à suggérer que le départ du PMSD de l'alliance peut potentiellement conduire à l'émergence d'une personnalité indépendante qui, profitant de l'espace laissé par les Bleus, pourrait être propulsée sur le devant de la scène.

« Le départ du PMSD de l'alliance offre une opportunité de favoriser l'épanouissement politique du pays », affirme Kris Valaydon. L’observateur politique plaide en faveur de l'intégration des partis émergents et de l'opposition extraparlementaire dans l'écosystème politique mauricien.

Selon lui, il est souhaitable que l'alliance entre le Parti travailliste et le MMM accueille des partis extraparlementaires, dont Rezistans ek Alternativ, Linion Moris et d'autres forces extraparlementaires. Selon lui, « ces forces représentent une nouvelle énergie dans le paysage politique mauricien et pourraient apporter une nouvelle dimension à la gestion du pouvoir ».

Il reconnaît que les négociations pourraient être difficiles, mais il insiste sur l'importance de trouver un compromis afin que ces forces extraparlementaires, qui apportent des idées et une énergie nouvelle, puissent intégrer le courant politique principal. Cela serait bénéfique non seulement pour remporter les élections en raison de leur influence sur les résultats du vote, mais surtout pour leur contribution en tant que sources d'inspiration et de nouvelles idées dans un futur gouvernement.