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12 mars 2019 : Maurice vue par ses jeunes citoyens

Maurice

Que pensent les jeunes Mauriciens de leur pays ? À J-1 du 51e anniversaire de l’indépendance de l’île et du 27e anniversaire de la République de Maurice, voyons ce qu’ils ont à dire sur leur mère-patrie pour ce 12 mars 2019.

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Hindavi Ramlochun : «Il est grand temps d’éradiquer la corruption»

hindaviDans un éclat de rire, Hindavi Ramlochun (31 ans) affirme : « Imaginez-vous que nous n’avions pas eu d’indépendance. Je serais sans doute une femme de ménage travaillant chez un Anglais. »  Sur une note plus sérieuse, la jeune Mauricienne affirme que c’est la diversité culturelle qui fait la beauté de Maurice. Après sept ans passés au Royaume-Uni pour ses études tertiaires, Hindavi est retournée à son pays natal pour y faire carrière.  Personnellement, dit-elle, je suis très reconnaissante envers le père de la nation sir Seewoosagur Ramgoolam pour sa lutte pour l’indépendance de notre pays. « Grâce à lui, on a eu le droit de vote et accès à l’éducation et la santé gratuites. Nous vivons dans un pays indépendant où tout le monde est libre d’exercer  sa profession choisie et pratiquer sa religion. » 

Et d’ajouter que de 1968 à nos jours, Maurice a connu divers développements et bénéficie d’accords bilatéraux qui permettent à ses citoyens de voyager en Afrique ou en Europe. En revanche, la jeune femme pense qu’il est grand temps d’éradiquer la corruption, un mal qui gagne de plus en plus notre pays, selon elle, malgré les combats des autorités mauriciennes à prévenir cette activité criminelle. Mais encore, dit-elle, ce qu’il faut arrêter, c’est la politique ‘bon marché’. « Les politiciens doivent commencer à travailler pour la population au lieu de continuellement critiquer les actes répréhensibles de leurs prédécesseurs. »


Yann Durhone : «Posons-nous les bonnes questions»

yannJeune entrepreneur, Yann Durhone choisit lui pour le 51e anniversaire de l’indépendance de Maurice de partager une réflexion sur la situation des artistes à Maurice. « Les artistes sont censés être des personnes sensibles qui dénoncent souvent les travers de la société mauricienne à travers leurs arts.

« Je pense sincèrement que c’est à cette société même d’évoluer dans le bon sens. Et que le gouvernement actuel et à l’avenir fasse des efforts pour préserver la culture musicale de Maurice et permettre aux artistes mauriciens d’évoluer.

« On entend souvent dire que la musique locale est à la dérive. C’est le cas évidemment avec cette nouvelle génération qui s’amuse avec un beat artificiel et trois mots - ‘To Fam Super’ - pour faire un tube à 3,5 millions de vues. Ont-ils tort pour autant ? », s’interroge le jeune homme. Et d’ajouter qu’on demande aux artistes de faire une musique de qualité alors qu’actuellement tout est faux, tout est produit en masse et tout est produit artificiellement. Selon le jeune entrepreneur, c’est un peu le résultat d’une société de consommation extrême à Maurice. « Si à 50 ans d’évolution de la musique locale, deux artistes mauriciens de talent sont accusés de vol avec violence, on peut se poser des questions. Mais posons-nous les bonnes questions ? »


Salmaan Gafoor : «L’avenir du pays doit être prioritaire»

salmaanSi c’est chapeau bas à ces fameuses personnalités mauriciennes qui ont lutté pour l’indépendance de Maurice, Salmaan Gafoor fustige toutefois celles qui ont tenté de mettre des bâtons dans les roues avec des propos communaux.  « Maurice a bien avancé depuis 1968. Après 51 ans, la Cour internationale de Justice a tranché en faveur de Maurice sur le dossier Chagos. Je salue le combat d’Olivier Bancoult et la contribution de sir Anerood Jugnauth. Ce premier pas nous donne un sentiment que notre indépendance est maintenant accomplie. »  Sur le plan du développement, le jeune chef dit qu’un changement de mentalité est essentiel pour avancer tous ensemble vers un meilleur avenir pour le pays. Et de partager son seul regret : « À l’approche des élections générales, on juge l’humain par sa couleur de peau et sa religion et on oublie son combat pour son pays. C’est là une triste réalité du pays. »


Naseebah Khodadin : «Nos différences nous ont rendus plus forts»

naseebahÉvolution de Maurice… 51 ans après l’indépendance… Overdose de positivité certains diront, mais non, affirme Naseebah Khodadin. La jeune cadre du secteur financier commente, elle, l’unité dans la diversité pour résumer la réalité mauricienne. « Être exposé à une nation arc-en-ciel, c’est notre richesse culturelle. Nos différences nous ont rendus plus forts. » 

Et d’ajouter qu’il est  beau de se réveiller au son de l’appel à la prière de l’Azhaan, écouter les prières des temples hindous ou encore entendre le clocher des églises dans sa localité. Selon elle, une cinquantaine d’années après l’indépendance, il y a de plus en plus de partage et de solidarité entre les Mauriciens et c’est ce qui permet à Maurice de prospérer. « À mes yeux, la barrière artificielle ethnique, culturelle et religieuse s’est effondrée. »


Jhinni Awotar : «Drogue et valeurs sociales, encore beaucoup à faire pour Maurice à l’avenir»

jhinniMaurice a parcouru un long chemin après l’indépendance le 12 mars 1968. Avec sa riche histoire et sa diversité culturelle, c’est un pays privilégié pour y vivre et y faire des affaires, soutient Jhinni Awotar, une jeune professionnelle dans le domaine des relations internationales et de la diplomatie à Maurice.

« Maurice abrite le citoyen du monde et porte véritablement son nom de Star and Key of the Indian Ocean. Bénéficiant d’une longue tradition de stabilité politique et de démocratie parlementaire, c’est l’une des économies les plus compétitives du continent africain et affiche un excellent bilan en matière de transition pacifique du pouvoir grâce à des élections libres et équitables. » Et de dire que « l’économie mauricienne, essentiellement et initialement basée sur l’agriculture et l’exportation de sucre a progressivement évolué vers plusieurs autres secteurs comme le tourisme, le textile et les services financiers ».

Selon la Banque Mondiale, la croissance économique devrait rester entre 3,5 et 4,0%, ce qui est globalement conforme au rythme estimé de la croissance potentielle de la production. Maurice est maintenant une économie à revenu moyen supérieur et optimiste quant à son aspiration de devenir une économie à revenu élevé d’ici 2020. « En tant que petit pays insulaire aux compétences nationales peu nombreuses et de par sa population vieillissante, la réalisation de cette ambition dépendra de l’amélioration du système éducatif et de la résolution d’obstacles actuels à la participation au marché du travail et à la productivité. »

Pour ce faire, selon Jhinni Awotar, il faudrait renforcer le rôle et les opportunités des femmes dans l’économie. « Cela pourrait aussi être un avantage, car malgré un niveau d’instruction relativement élevé chez les femmes, leur taux d’activité sur le marché du travail est faible (32% inférieur à celui des hommes en 2015) et l’écart de salaire entre les deux sexes reste important, à environ 30% dans le secteur privé. »

La jeune professionnelle affirme qu’au niveau régional, Maurice a joué un rôle majeur dans l’instauration d’une coopération régionale dans l’océan Indien en tant que membre fondateur de l’Indian Ocean Rim Association et de la Commission de l’océan Indien et en tant que membre actif du COMESA, de la SADC et de l’Union africaine. « Si Maurice cherche à devenir le Singapour de l’océan Indien occidental, il doit reconnaître que son avenir économique dépend beaucoup du succès de la coopération régionale. » À l’avenir, Maurice peut se positionner comme un important nœud commercial et logistique entre l’Afrique et l’Asie, soutient Jhinni Awotar.
La jeune femme est aussi d’avis que Maurice a beaucoup à offrir avec tous les avantages identifiés.

« Aussi optimistes que nous soyons pour notre avenir, nous devons toutefois comprendre que des problèmes sociaux, comme la drogue et l’érosion des valeurs sociales peuvent être des revers majeurs pour l’économie mauricienne. Maurice est en train de devenir un centre de trafic et de distribution de drogue. Cela met la nation en danger. Des mesures doivent être mises en place pour changer cette image du pays, notamment de bonnes initiatives gouvernementales, un système judiciaire fort et la restauration des valeurs sociales chez les jeunes. Il reste beaucoup à faire si nous voulons un développement durable dans le futur », conclut-elle.


Sanish Moher : «Après tout, ce  sont les gens qui font de Maurice, Maurice»

sanishCe qui fait la beauté de Maurice, ce sont ses vues à couper le souffle, ses lagons turquoise, ses plages de sable blanc et ses magnifiques montagnes. Le parcours a été long pour que notre pays accède à l’indépendance face à la colonisation britannique.

Depuis 1968, notre petite île paradisiaque continue à évoluer et à se développer d’année en année. Des villes intelligentes aux avancées technologiques, en passant par l’accessibilité aux installations modernes, les nouvelles infrastructures et les opportunités en matière d’éducation, il est raisonnable de dire que le développement économique de Maurice est en forte croissance en Afrique, avance Sanish Moher, qui en tant que jeune Mauricien, se dit en être très fier.

Ce jeune graphiste âgé de 25 ans, qui travaille dans le secteur privé, soutient que Maurice est un pays avec beaucoup de potentiel, mais qu’il y a selon lui, des améliorations à faire à l’avenir.  Mais ce qui le désole dit-il, c’est de voir des communautés défavorisées qui vivent toujours dans des bicoques en tôle.  « La moindre pluie torrentielle emporte leur maison à cause de problèmes de drains.  Je me demande comment un pays qui investit des milliards dans des infrastructures modernes est incapable de résoudre des problèmes simples, tels que l’accumulation d’eau, la pauvreté, le chômage des jeunes, l’égalité des sexes et la drogue, entre autres. »

Bien que le jeune homme convienne que la performance de l’île Maurice est meilleure que les autres pays africains avec l’éducation et des soins de santé gratuits, il pointe du doigt la qualité des services, qui, selon lui, est médiocre. « Nous vivons en 2019 et les hôpitaux et les postes de police utilisent encore un stylo et du papier pour faire les entrées ? Sérieusement ? Je pense que la numérisation de l’ensemble du système pour une collecte de données plus rapide et plus efficace constituerait un énorme pas en avant vers l’avenir. » Néanmoins, Sanish Moher dit espérer en une île Maurice plus durable.  « Avec tous les développements introduits, je suis confiant que nous nous développerons davantage et continuerons à évoluer. Après tout, ce sont les gens qui font de Maurice, Maurice. »


Saffiyah Edoo : «Notre pays souffre d’un important exode de cerveaux»

saffiyahÀ J-1 de la célébration du 51e anniversaire de l’indépendance de Maurice, Saffiyah Edoo, PR Executive à Advantedge Public Relations, estime qu’il est important que : « Nous examinions d’où nous venons, où nous en sommes aujourd’hui et où nous voulons aller. »

La jeune professionnelle souligne qu’il est indéniable que malgré sa taille négligeable sur la carte du monde et malgré les doutes (les critiques de V.S Naipaul sur l’île à l’époque), les Mauriciens ont bien des raisons d’être fiers du voyage de leur pays de 1968 à 2019. « Notre exposition à plusieurs langues et cultures depuis notre plus jeune âge s’est avérée bénéfique pour nous, en tant que citoyens du monde. Nous avons montré de quoi nous sommes capables en tant qu’acteurs dans le secteur économique sur la scène internationale et nous nous sommes fermement établis comme l’une des meilleures destinations touristiques au monde. »

Saffiyah Edoo indique que le capital humain est la plus grande ressource qu’un pays puisse avoir et que Maurice peut se vanter d’avoir beaucoup de citoyens talentueux.  Cependant, dit-elle, parallèlement, un autre fait demeure que Maurice souffre d’un important exode de cerveaux. Cela, tout en soulignant un autre fait préoccupant qui perdure : les trois ou quatre générations précédentes n’ont connu que des dirigeants portant le même nom de famille. Selon elle, ce qui n’aurait pas posé de problèmes si le style de gouvernement avait été différent. « Le fait que nos politiques n’aient pas changé pour s’adapter au Zeitgeist pose problème, car cela perpétue un état d’esprit qui n’est peut-être pas nécessairement l’expérience quotidienne du Mauricien laïque. » Et de conclure que comme la 51ème année de notre indépendance pourrait bien être la veille des élections générales, il n’y a pas de meilleur moment pour que les dirigeants politiques commencent à réfléchir à la manière de se démarquer véritablement et d’apporter ces changements qui imbiberont les générations actuelles et futures de leur identité nationale avec fierté.


Sandrine Ah-Choon : «Une jeune république qui a encore de nombreux défis à relever»

sandrine« Lorsque l’on fait une rétrospective de l’histoire de Maurice depuis son indépendance datant un peu plus de 50 ans, en tant que Mauricienne, je suis fière du parcours, » affirme Sandrine Ah-Choon, Communication & Development Coordinator de l’ONG Lovebridge.

En seulement quelques décennies, il y a eu des développements considérables à Maurice, surtout avec une emphase particulière sur le développement économique. « En tant que petit pays insulaire, nous avons eu à nous adapter aux nombreux changements sur le plan mondial. Tout en relevant de lourds défis. Maurice a pu donner l’accès à l’éducation et à la santé gratuites à ses citoyens et mettre en place un système de welfare state, » soutient la Communication & Development Coordinator. Et d’ajouter que néanmoins, Maurice demeure une jeune république qui a encore de nombreux défis à relever.  « Le parcours est encore long et il nous faut trouver les moyens de nous adapter aux autres changements qui se présentent, et cela tout en essayant de ne laisser personne à la traîne, tout en n’oubliant pas que Maurice est très vulnérable sur le plan environnemental. » Les stratégies nationales doivent être intégrées pour que le développement soit aussi bien économique que social et environnemental. « En regardant ce que Maurice a pu accomplir en 50 ans, je demeure confiante que nous ferons de notre mieux pour assurer une vie juste et équitable pour tous les citoyens », conclut-elle.

 

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