Zoom sur le pouvoir de négociation du PMSD

Le PMSD joue ses dernières cartes politiques pour obtenir davantage de tickets en vue des prochaines élections en coalition avec le PTr et le MMM. Les bleus disposent de plusieurs atouts pour renforcer leur position de négociation, mais ils présentent également des faiblesses considérables. 

Les atouts

Un MSM demandeur

Le PMSD dispose, certes, du moins grand nombre de députés au sein de l’alliance avec le PTr et le MMM, soit 4, contre 12 pour les rouges et 9 pour les mauves. Mais il est indéniable que les bleus rendent actuellement les choses difficiles pour leurs partenaires. Il faut ajouter à cela que le PMSD est fortement courtisé par le MSM, ce qui est largement interprété par de nombreux observateurs politiques comme « un exemple typique de l’opportunisme traditionnel des membres du PMSD ». 

En 1982, malgré un petit nombre de députés, le PMSD avait réussi à obtenir le poste de leader de l’opposition, rappelle l’historien et observateur politique Jocelyn Chan Low. Un an plus tard, à la suite de la scission du MMM, le PMSD a formé une alliance avec le MSM, et son leader à l’époque, Gaëtan Duval, est passé du poste de leader de l’opposition à celui de Deputy Prime Minister. 

Dans le contexte politique de 2024, Jocelyn Chan Low souligne que le PMSD est conscient de l’importance de son profil pour permettre au MSM de convaincre l’électorat des villes. Selon lui, le MSM reconnaît que l’équipe composée de Collendavelloo, Obeegadoo et Ganoo ne parvient pas à influencer l’électorat urbain, d’où le besoin pressant de s’allier au PMSD pour attirer ces électeurs.

Performance au Parlement

Le PMSD met actuellement l’accent sur son activité parlementaire pour revendiquer un rôle plus important au sein de l’alliance avec le PTr et le MMM. Porté par Xavier-Luc Duval, le parti s’est illustré entre 2019 et 2024 en mettant le gouvernement en difficulté à plusieurs reprises grâce à ses Private Notice Questions (PNQ). Ces questions ont porté notamment sur les achats d’équipements médicaux et de médicaments pendant la pandémie de Covid-19, ainsi que sur d’autres sujets d’intérêt national. 

Le PMSD se présente ainsi comme un parti sérieux, ayant fait ses preuves et méritant une meilleure considération dans la répartition des tickets au sein de l’alliance. 

De nombreux observateurs soulignent également un contraste avec le MMM, en particulier avec son leader, Paul Bérenger, par rapport à Xavier-Luc Duval. Paul Bérenger est, en effet, souvent critiqué pour son absence de questions parlementaires, préférant se contenter de ses interventions lors des débats sur les projets de loi. Il est également remarqué que c’est Paul Bérenger qui attire le plus souvent l’attention en raison de ses désaccords avec le président de l’Assemblée nationale. 

Jocelyn Chan Low souligne qu’en plus de la démission de Xavier-Luc Duval en tant que Deputy Prime Minister en 2016 pour s’opposer à la création d’une Prosecution Commission, il s’est également distingué comme un excellent leader de l’opposition. « Un point qui semble faire consensus au sein de la population », dit-il.

Les faiblesses

Tergiversations répétées 

Ces derniers mois ont révélé des signes d’instabilité flagrante au sein du PMSD. Les revendications formulées depuis l’année dernière ont souvent fait l’objet de tergiversations répétées, ce qui a fini par exaspérer le MMM et le PTr. 

Au sein des rouges et des mauves, on ne manque pas de mettre en avant le fait qu’il avait été initialement proposé par Xavier-Luc Duval qu’il soit présenté à la présidence de la République. « Cette proposition avait été acceptée par Navin Ramgoolam et Paul Bérenger, mais elle avait suscité du mécontentement au sein du parti. Le MMM et le PTr ont alors dû déployer des efforts pour rassurer les membres du PMSD que cela ne compromettrait en aucun cas leur position au sein d’un éventuel gouvernement PTr-MMM-PMSD », nous confie un député de l’opposition. 

Cependant, quelques mois plus tard, à la veille des préparatifs du 1er-Mai 2023, Xavier-Luc Duval a finalement décidé de changer de cap en exprimant son souhait d’être présent sur le Front Bench, abandonnant ainsi l’idée de devenir président de la République. Ce revirement a profondément perturbé l’alliance PTr-MMM-PMSD. Le climat froid engendré par ce changement de position a conduit les dirigeants à renoncer à tenir un rassemblement pour le 1er-Mai. La situation a cependant fini par se calmer à mars 2024.

En plus des revendications du PMSD visant à obtenir plus de tickets pour les prochaines élections générales, nous apprenons que Xavier-Luc Duval a, une fois de plus, décidé de changer d’avis en réclamant à nouveau d’être présenté comme président de la République. Cependant, Navin Ramgoolam s’est montré plus intransigeant cette fois et a tranché en faisant comprendre au PMSD que le poste de président reviendra finalement à un membre du PTr, tandis que Xavier-Luc Duval occupera le poste de ministre des Finances.

Ces changements de position répétés de Xavier-Luc Duval soulèvent de sérieuses interrogations quant à sa stabilité. Ce qui pousse certains au sein de l’alliance à affirmer qu’il ne serait pas facile de travailler avec une personne aussi changeante au sein d’un gouvernement.

L’émergence d’Adrien Duval 

L’émergence d’Adrien Duval dans les discussions concernant les modalités de l’alliance PTr-MMM-PMSD est également un élément défavorable pour le PMSD. Ce qui conduit plusieurs observateurs à conclure que le PMSD a déjà choisi de se tourner vers d’autres options que le PTr et le MMM. Au sein des rouges, on est convaincu qu’après avoir fait preuve de patience envers le PMSD et en dépit des déclarations controversées d’Adrien Duval, qui ont profondément irrité le PTr et le MMM, il sera nécessaire de clarifier la situation d’ici la fin du week-end. 

Compte tenu de l’évolution de la situation, le PTr se prépare déjà à affronter les prochaines élections avec le MMM, appuyé par certaines forces extra-parlementaires telles que Rezistans ek Alternativ.