La dernière réunion du Petroleum Pricing Committee (PPC) a décidé d’une baisse du prix du diesel, alors que le prix de l’essence est resté inchangé. Plusieurs facteurs expliquent cette situation.
Rs 48,95 et RS 35,50. C’est ce que payent les consommateurs pour un litre d’essence et de diesel respectivement. Le Petroleum Pricing Committee (PPC), responsable de fixer les prix des produits pétroliers s’est réuni vendredi 11 septembre. Pour le diesel, il a été décidé d’une baisse de prix de Rs 2,30, alors que le prix l’essence reste inchangé. Pourtant les prix sur le marché international ne cessent de baisser. Pourquoi le prix de l’essence à Maurice ne baisse pas ?
Le taux de change de la roupie est à prendre en considération. Le carburant est acheté en dollar américain et Maurice est, de ce fait, tributaire de l’appréciation et de la dépréciation du dollar face à la monnaie locale lors de l’achat des produits pétroliers. Lorsque le dollar s’apprécie face à la roupie, le carburant coûte plus cher. C’est ce qui s’est produit durant ces derniers mois. Depuis décembre 2014, le dollar s’est apprécié d’environ 13 % vis-à-vis de la devise locale. Autre facteur très important : dans certains pays, le prix sur le marché international est directement répercuté à la pompe. Un système plus complexe de stabilisation des prix existe à Maurice : le Petroleum Pricing Mechanism. Il est géré par un PPC, sous la houlette de la State Trading Corporation.
Ceux qui veulent une baisse de prix s’appuient sur les cours du brut sur le marché international pour étayer leurs arguments. Le prix du brut a connu une baisse assez conséquente durant ces derniers mois. En septembre 2014, le prix de baril de brut était de US$ 102. Il est passé à un peu plus de US$ 50. Le marché des produits pétroliers n’est pas aussi simple.
Coût du raffinage
« On ne peut automatiquement répercuter une baisse du prix du brut à la pompe. Pour la simple et bonne raison que le carburant brut doit être converti en carburant raffiné. Ce raffinage est complexe et a un coût », explique un observateur du secteur des produits pétroliers. « Avec le mécanisme de fixation des prix de l’essence et du diesel, les prix de vente des ces carburants sont basés sur un FOB (Free On Board) moyen estimé pour douze mois. Du coup, il n’est pas approprié de comparer le prix du Brent du jour au prix de référence utilisé pour fixer le prix de l’essence et du diesel », explique-t-on au niveau du ministère du Commerce et de l’Industrie. Les produits pétroliers, produits de première importance économiquement sur le plan national et international, sont achetés suivant les cours du Platts. Depuis 1909, Platts fournit des informations et des données du marché des produits pétroliers, entre autres, et une évaluation des prix de référence. Il s’agit en quelque sorte d’une bourse pour des matières premières, comme les produits pétroliers. Il existe des Platts dans plusieurs parties du monde : Singapour, le Moyen-Orient, la mer du nord et dont les prix varient. Maurice se base sur une moyenne de plusieurs Platts pour acheter son carburant. C’est donc cette moyenne qui importe pour le calcul du prix. Selon le système en vigueur, une baisse ou une hausse sera appliquée seulement si le pourcentage de baisse ou de hausse entre le prix calculé et le prix courant au détail est dans une fourchette oscillant entre 4 % à 10 %. Au cas où la différence de prix (baisse ou hausse) est plus de 10 %, le changement dans le prix au détail sera limité à 10 %. Pour le présent exercice, les techniciens du comité ont calculé que la baisse du prix de l’essence se chiffrait à 2,15 %. Et en prenant en considération les limites citées plus haut, il n’y a pas eu de baisse. Les taxes représentent aussi un élément important dans la structure des prix des produits pétroliers. Par exemple, le prix de l’essence est de Rs 45,95 le litre. Sans les taxes, le litre d’essence coûterait Rs 17,92. Des taxes sont imposées sur les produits pétroliers à Maurice : les droits d’accises, la Maurice Ile Durable Levy, la Contribution to Road Development Authority, la Contribution to Rodrigues Transportation and Storage, la Contribution to the Build Mauritius Fund, la Contribution to subsidy on LPG, Flour and Rice et la taxe sur la valeur ajoutée. Il faut aussi y ajouter les dépenses de la STC, des compagnies pétrolières et la marge de profit des stations-services. « Nous avons bien trop de taxes dans la structure des prix des produits pétroliers. Maurice est un des pays au monde où il y a le plus de taxe sur ces produits », souligne Swaley Kassenally, ancien ministre de l’énergie. Ce dernier, tout comme Jayen Chellum, pointe particulièrement du doigt un des éléments de cette structure des prix : le Build Mauritius Fund. Ce fond, qui est destiné à des travaux d’infrastructures est passé de Re 1 à Rs 3 dans le dernier budget. Une hausse qui générera un surplus de Rs 1,2 milliard dans les caisses de l’État. « Un argent qui a été pris des poches des consommateurs », dit le porte-parole de l’ACIM. [blockquote]Suttydheo Tengur : « Le PPC doit être plus ‘consumer friendly’ »[/blockquote] Quel est votre sentiment général à la suite de la dernière réunion du PPC ? Il y a beaucoup de confusions et d’éléments qui ne sont pas clairs. Par exemple, le Petroleum Pricing Committee, dans son communiqué, parle de baril et de litre. Ce qui ne nous permet pas de faire de comparaison et de justifier leurs choix. Il faudrait, donc une forme de « standardisation » pour que les chiffres avancés soient plus compréhensifs. Pensez-vous qu’il faudrait apporter des changements dans la manière de fonctionner du PPC ? La manière dont le PPC fait ses calculs pour déterminer les prix des produits pétroliers doit changer. Sa méthodologie doit changer. Le PPC doit être beaucoup plus « consumer friendly » pour pouvoir être mieux compris de la population. Est-ce que le prix de l’essence aurait dû baisser, selon vous ? Une chose est sure, les produits pétroliers, dont l’essence, sont surtaxés à Maurice. Nous voyons, d’ailleurs, dans la structure des prix comment les consommateurs doivent financer, par exemple, les projets d’infrastructures, à travers le Build Mauritius Fund. C’est inacceptable.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !