Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, lors d’un atelier de travail, à l’hôtel Intercontinental, à Balaclava, a abordé la création d’une zone marine protégée aux Chagos. Il a révélé les plans du pays pour l’archipel.
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Les principes directeurs sont la durabilité écologique, la préservation de la culture des Chagossiens, la recherche scientifique, l’exploitation économique et une gestion transparente.
« La zone marine protégée sera définie de manière à reconnaître l’importance économique de l’écosystème de l’archipel des Chagos pour les communautés et l’économie locales. Des pratiques durables de pêche, l’écotourisme et les opportunités de recherche seront explorés », a indiqué le Premier ministre.
« La communication ouverte, la prise de décision inclusive et la gouvernance transparente seront des pierres angulaires de la gestion de la zone marine protégée », a-t-il ajouté.
Pour gérer l’archipel, le gouvernement mauricien propose une structure efficace et inclusive. Ce qui garantira la participation des autorités, des institutions de recherche, des communautés locales et des organisations de la société civile. La prise de décision collaborative et une gouvernance transparente seront essentielles.
L’accent sera mis sur l’importance de la préservation de l’archipel et de l’océan qui l’entoure. Ce qui explique la création d’une zone marine protégée qui préservera cet environnement unique et fragile au bénéfice des générations actuelles et futures.
Préservation
« Nous nous engageons à jouer un rôle de premier plan en faveur de la conservation. Notre nation insulaire comprend l’importance de préserver nos écosystèmes marins », car l’archipel « contribue à la résilience globale des océans de notre planète ».
La préservation se fera avec la pleine participation des Chagossiens. « La communauté chagossienne, dont la connexion à l’archipel des Chagos s’étend sur des générations, possède des perspectives uniques sur les dimensions écologiques et culturelles de ces îles. Leurs connaissances traditionnelles et leurs expériences vécues fournissent une perspective précieuse cruciale pour une mise en œuvre réussie et la durabilité de tout effort de conservation. »
Pravind Jugnauth fait observer que les Chagossiens seront impliqués dans les processus décisionnels à venir. Conformément au principe de justice, leur inclusion n’est pas seulement une question de considération éthique, mais aussi un impératif stratégique pour la réussite des efforts de conservation.
Reste que la protection de l’archipel et des eaux qui l’entoure exige une approche holistique. Il est question de conservation de l’environnement, de préservation culturelle et d’autonomisation communautaire.
La zone marine protégée servira de plateforme pour la recherche marine de pointe. Elle favorisera la découverte de connaissances, les efforts de conservation et la gestion durable des ressources.
Mais Maurice ne pourra pas tout faire seul. Le Premier ministre compte sur une coopération internationale en matière de conservation marine. « Des mécanismes d’application robustes seront cruciaux pour garantir la conformité aux réglementations et pour prévenir les activités illégales au sein de la zone marine protégée. La coopération avec des partenaires régionaux et des organisations internationales sera vitale pour une exécution efficace. »
Pour ce qui est du financement, il compte se tourner vers des partenariats public-privé. Il souhaite des solutions de financement innovantes allant des crédits de biodiversité aux fonds de conservation. Il compte sur le soutien international.
Maurice et le Royaume-Uni
Lors de son intervention, il n’a pas mentionné le fait que l’archipel ait déjà été désigné « marine protected area » par le gouvernement britannique depuis le 1ᵉr avril 2010. Il est depuis d’ailleurs une des plus grandes zones maritimes protégées au monde.
Il n’a pas fait mention de la base militaire anglo-américaine à Diego Garcia. Il n’a pas évoqué l’évolution des discussions entre Maurice et le Royaume-Uni concernant la restitution de l’archipel. Il a noté que la presse britannique a mis en avant la volte-face du gouvernement britannique par rapport à ses intentions de restituer l’archipel.
« L’archipel, qui a toujours fait partie du territoire de Maurice, a été incorporé dans le soi-disant territoire britannique de l’océan Indien (BIOT), à la fin des années 1960, pendant la décolonisation. L’excision a été réalisée dans des circonstances contestées. Les habitants de l’archipel des Chagos, environ 3 000 personnes, ont été déplacés de force de leur lieu de naissance. Ils y vivaient depuis des générations. Ils ont fait place à l’établissement d’une importante base militaire à Diego Garcia. Plus de la moitié des Chagossiens ont été amenés à Maurice. »
En 2019, la Cour internationale de Justice a rendu un avis consultatif. Elle a déclaré que le processus de décolonisation de Maurice n’avait pas été légalement achevé. Car l’excision de l’archipel des Chagos était illégale. La même année, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté la résolution 73/295. Elle a demandé au Royaume-Uni de retirer son administration coloniale de l’archipel des Chagos et de faciliter le retour des anciens habitants sur leur lieu de naissance.
Olivier Bancoult : « On se sent à l’aise avec l’initiative »
Dans une déclaration au Defimedia Group, Olivier Bancoult, leader du Group Refugiés Chagos, a indiqué que les Chagossiens « étaient les véritables gardiens de l’environnement » de l’archipel. Il poursuit que les Chagossiens « se sentent à l’aise » avec l’initiative mauricienne. Ils « participent pleinement » à l’atelier de travail pour la création d’une zone maritime protégée autour de l’archipel. « Nous allons expliquer nos traditions, notre implication et nos attentes », a dit Olivier Bancoult.
Il reproche aux Britanniques d’avoir établi une zone maritime protégée en 2010, « en excluant les Chagossiens. » Selon lui, les Chagossiens doivent être partie prenante d’une telle initiative.
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