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Zia Chellen ou l’art de vivre

Ses mini-tableaux à la portée de toutes les bourses.

Elle parle avec passion de ses toiles. Zia Chellen ne se contente pas de peindre : elle raconte, soigne et écoute. D’une enfance difficile, elle relate comment elle a fini par épouser trois métiers. Rencontre avec l’artiste derrière Zed Artworx.

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Vendredi 5 septembre 2025, une animation inhabituelle vient bousculer le quotidien du Citadelle Mall, en plein cœur de Port-Louis. À la réception du rez-de-chaussée, des tableaux aux couleurs vives et aux motifs tropicaux recouvrent les murs. Depuis deux semaines, le public peut y découvrir les œuvres d’une artiste qui signe sous le label Zed Artworx.

Parmi les visiteurs qui s’arrêtent devant les toiles, une femme vêtue de blanc, lunettes posées sur le bout du nez, s’avance d’un pas assuré. Elle engage la conversation avec les curieux, explique, raconte et partage. Cette femme, c’est Zia Chellen, 41 ans, fondatrice du label et artiste derrière chaque coup de pinceau.

Originaire de Flacq, Zia Chellen jongle entre plusieurs casquettes. Le jour, elle travaille comme assistante pharmacienne dans le centre de Port-Louis. Elle est aussi hydrafacialiste et gère, au nom de sa patronne, la société Skinworks. Et une fois sa journée terminée, elle retrouve ses pinceaux. « Quand on aime quelque chose, on arrive toujours à trouver le temps », dit-elle. Il lui arrive de peindre jusqu’à une heure du matin, avant de reprendre, quelques heures plus tard, la route de Flacq vers Port-Louis pour sa journée de travail.

Une enfance difficile 

Si Zia Chellen se montre aujourd’hui active et passionnée, son parcours a été façonné par une enfance difficile. Elle a grandi dans une famille modeste et a connu très tôt les blessures d’une séparation parentale. Elle garde pourtant le souvenir lumineux de sa grand-mère, Amourdon Marday, plus connue comme Nila, qui a joué un rôle essentiel dans son éducation. « J’étais souvent avec ma grand-mère. Elle m’a appris la valeur de l’effort et le sens du partage », confie-t-elle.

À ce souvenir s’ajoute une profonde reconnaissance envers sa mère, Jenny Chellen, qui a  fait le choix difficile de partir travailler à l’étranger. « Elle a dû laisser ses deux filles ici à Maurice pour travailler dur ailleurs et nous permettre d’étudier », relate la jeune artiste, larmes aux yeux.

Cette enfance, marquée par des responsabilités précoces, a laissé une empreinte. « Quand on a eu une enfance difficile, aider les autres et faire preuve d’empathie est salutaire », explique-t-elle. Cette philosophie, elle tente de l’appliquer chaque jour, que ce soit au comptoir de la pharmacie ou dans son activité esthétique.

La jeune femme s’est intéressée très tôt à la peinture. Dès le primaire, elle dessinait et se laissait inspirer par la nature. Elle garde une préférence pour les thèmes tropicaux, qui lui permettent de faire voyager son imagination. « Je suis de nature introvertie. La peinture me permet de m’exprimer et de voyager à travers mes propres images », dit-elle.

Trois métiers, une philosophie

Ses toiles, aux styles variés – de l’abstrait au figuratif – traduisent des émotions et des thèmes universels : l’identité, le lien humain, la richesse des cultures. Mais pour Zia Chellen, l’art n’est pas qu’une affaire d’esthétisme : c’est aussi une manière d’aller vers l’autre.

Consciente que tout le monde n’a pas les moyens de s’offrir une toile à plusieurs dizaines de milliers de roupies, elle propose aussi de petites œuvres à Rs 350 l’unité. « Elles partent comme des petits pains », glisse-t-elle avec un sourire. Elle insiste : « L’art ne doit pas être réservé à un cercle restreint. Quand je vois le visage d’une personne s’illuminer en achetant un tableau, je ressens une vraie satisfaction. »

Zia Chellen ne voit pas son emploi du temps chargé comme un fardeau. Au contraire, elle le vit comme une manière de se réaliser pleinement. « Au train où va la vie, un seul métier ne suffit pas pour beaucoup de personnes. Mais je ne perçois pas mes activités comme une contrainte. »

Dans son activité profes-sionnelle, elle cherche avant tout à trouver une solution adaptée pour le client. Elle cultive la même démarche : écouter et accompagner pour de ce qui est son activité esthétique. Et dans sa peinture, elle s’aligne à sa volonté de partager.

Humilité

Son parcours scolaire s’est fait à la Rajiv Gandhi Government School de Flacq, puis au collège Basdeo Bisoondoyal. Elle se dit fière de ce qu’elle a accompli. « Quand je pense à la petite fille que j’étais, aidant ma grand-mère dans les tâches ménagères, jamais je n’aurais cru qu’un jour je pourrais m’acheter une voiture », souligne-t-elle

À travers Zed Artworx, Zia expose aujourd’hui dans des espaces où son art touche un public varié. Elle espère continuer à développer cette activité, non comme un simple commerce, mais comme une part essentielle de son identité.

En décembre 2022, elle a suivi un cours en Advanced Laser Aesthetic dispensé par un chirurgien esthétique. Une étape qui traduit, selon elle, sa volonté de continuer à apprendre et à se perfectionner dans tout ce qu’elle entreprend.

Elle s’adresse d’ailleurs à la communauté artistique locale : « À tous les artistes mauriciens, je dis de ne jamais se décourager. Suivez votre voie. Rien n’est impossible. » Et de conclure avec sa devise, qu’elle applique à chaque étape de sa vie : « No defeat is final until you stop trying. »

 

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