Le colistier du leader du MSM vient de rejoindre le Front Bench avec le départ du PMSD du gouvernement. Il évoque la nomination prochaine du ministre des Finances au poste suprême.
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« Il n’est pas devenu leader en passant par l’imposte. Il a été nommé durant les années de braise… »
Avec la démission du Parti mauricien social-démocrate (PMSD), vous bénéficiez d’une promotion au sein du gouvernement…
(Rires) C’est sans doute la première fois que le ministre de la Jeunesse et des Sports se retrouve au Front Bench. Je n’en fais pas grand cas car le travail doit continuer. Le reste m’importe peu.
Est-ce que cela ne laisse pas augurer une montée en grade lors du prochain remaniement ministériel ?
Je l’ignore. C’est la prérogative du Premier ministre. Je vais continuer à travailler avec la même ardeur, quelles que soient les responsabilités qui me seront confiées. Cela dit, je suis très content où je suis. J’ai abattu un gros travail depuis 2015. Les bases ont été jetées et j’attends avec impatience les Jeux des îles de l’océan Indien de 2019.
Y a-t-il un avantage à être le colistier du prochain chef du gouvernement ?
Je suis le colistier du ministre des Finances qui est aussi le leader du Mouvement socialiste militant. Pour paraphraser Pravind Jugnauth, kan letan vini, li pou vini. Le Premier ministre, pour le moment, est sir Anerood Jugnauth.
Comment l’intronisation prochaine de Pravind Jugnauth est-elle perçue sur le terrain ?
L’ensemble des Mauriciens s’attend à ce que Pravind Jugnauth devienne Premier ministre. N’oublions pas qu’il est le leader du parti majoritaire au sein du gouvernement. Il n’est pas devenu leader en passant par l’imposte. Il a été nommé durant les années de braise…
Les années de braise étaient plutôt vers la fin des années 80, non ?
Pourquoi pas ? Il a bien connu une traversée du désert…
Son père ne lui a-t-il pas plutôt légué le siège de leader ?
Il a été élu par la base. Pravind Jugnauth a d’abord été un simple agent politique avant d’être conseiller municipal, député, ministre et vice-Premier ministre. Il a aussi connu la défaite. N’oubliez pas que Paul Bérenger a été plein de louanges envers lui. Il l’a décrit comme l’étoile montante de la politique mauricienne.
Paul Bérenger lui a aussi octroyé différents sobriquets moins flatteurs.
C’est une manie chez Bérenger d’octroyer des noms à ses adversaires. Nous pouvons avoir une idée d’une personne par la façon dont elle traite son prochain. Jamais Pravind Jugnauth ne tombera dans une telle bassesse.
Navin Ramgoolam lui suggère d’affronter l’électorat au lieu de succéder à son père.
Pravind Jugnauth n’a aucune leçon à recevoir de Navin Ramgoolam. Lui a quitté Londres pour prendre le leadership du Parti travailliste sans la moindre expérience politique. Il exigeait d’être Premier ministre. C’était tout ou rien. Il est tout le contraire de Pravind Jugnauth.
Navin Ramgoolam et Paul Bérenger s’accordent à mener campagne contre la nomination de Pravind Jugnauth au poste suprême.
Soley lev pou tou dimounn. C’est le destin de Pravind Jugnauth d’être Premier ministre. Pa pou kapav bare. C’était aussi écrit que Paul Bérenger serait Premier ministre, non ? En tout cas, Pravind Jugnauth n’est pas un assoiffé du pouvoir. L’Histoire retiendra qu’il aura été l’un des plus grands politiciens de Maurice.
Quand est-ce que sir Anerood Jugnauth va céder son siège ?
Je l’ignore. Laissons le temps au temps.
Pravind Jugnauth ne devrait-il pas revoir sa communication maintenant qu’il aspire à de hautes fonctions ?
Pravind Jugnauth est ce qu’il est. Il a son franc-parler. Il ne donne pas de coups de poignard dans le dos. Mieux vaut avoir quelqu’un qui vous dit la vérité en face plutôt qu’un beau parleur.
Comment avez-vous vécu le départ du PMSD du gouvernement ?
Je me pose encore la question de savoir pourquoi Xavier-Luc Duval a quitté le gouvernement. C’est un grand point d’interrogation. Les raisons qu’il a avancées sont farfelues… Un n° 2 du gouvernement ne fait pas d’ironie dans un comité qu’il préside. Est-ce qu’il a fait la même chose pour les autres comités qu’il a présidés ? C’est triste de les voir hors du gouvernement car nous avons été ensemble dans les moments les plus durs de la bataille. à un moment où presque tout le monde nous donnait perdants.
Deux ans après, l’électorat a-t-il eu raison de vous faire confiance ?
Sir Anerood Jugnauth l’a déjà dit. Le peuple va voir ce qui a été accompli à la fin de notre mandat. Il nous a fallu revoir les bases avant de démarrer de nouveau. Pendant dix ans, nous avons vécu dans l’incurie. Quand sir Anerood Jugnauth a pris le pouvoir en 1983, les fruits de ses accomplissements n’ont été visibles qu’en 1985, voire 1987. La résurgence de la drogue ne date pas de maintenant. D’où la décision de l’Alliance Lepep de nommer une commission d’enquête sur la drogue.
Tous les grands projets semblent être concentrés au n° 8. Est-ce parce que Pravind Jugnauth, Leela Devi Dookun et vous-même en sont les députés ?
C’est faux de dire que les projets se concentrent au n° 8. Il est vrai que le plus gros projet au n° 8 est le complexe multisports. Situé sur le tracé de la route Terre-Rouge/Verdun, il desservira tout aussi bien le n° 15 que le Nord.
Ce centre, de moindre envergure certes, était prévu depuis 2010 mais Navin Ramgoolam a gelé le projet, comme si cela allait bénéficier politiquement à Pravind Jugnauth. L’autre projet sportif d’envergure est la piscine de Rivière-des-Anguilles. Le Sud avait besoin d’une telle infrastructure. C’est vrai qu’on prend soin de notre circonscription mais ces projets sont avant tout des projets nationaux. D’autres suivront. En même temps, les infrastructures sportives des écoles et collèges seront mises à la disposition des riverains.
Où en est le projet de détection des talents ?
Un talent ne peut être découvert à 15 ans. C’est plutôt entre six et huit ans, à l’école primaire. Pourquoi au Brésil, en Jamaïque et à Rodrigues, il y a l’émergence de talents ? Parce qu’il y a une culture sportive qui est très présente. à Maurice, ce n’est malheureusement pas le cas.
L’enfant et le sport, ça fait deux. Avant, les enfants comme vous et moi jouaient dans la cour de récréation. Allez voir ce qui s’y passe aujourd’hui. Chacun est dans son coin avec son téléphone portable et sa tablette tactile. Comme le sport sera obligatoire à l’école, la culture sportive sera développée. Les enfants vont s’y frotter tôt et ce sera l’occasion pour eux d’émerger.
Ni la navigation ni la natation ne sont enseignées. N’est-ce pas une bizarrerie dans la politique de promotion du sport ?
La pratique de la natation va faire son entrée à l’école primaire. Elle sera obligatoire. Il faut que je vous dise que j’ai dû faire face à la réticence des enseignants. Je leur ai expliqué qu’ils n’auront pas à se mouiller. Nos moniteurs prendront le relais. Leur rôle consistera uniquement à accompagner leurs élèves à la piscine.
En ce qu’il s’agit de la navigation, des infrastructures existent à Grand-Baie et à Pointe-Jérôme, à Mahébourg. L’ensemble des écoles privées l’utilisent mais pas les établissements de l’état… Récemment, j’ai eu une rencontre avec le nouvel ambassadeur de France à Maurice. Il m’a révélé qu’un ancien militaire champion de voile habite dans l’île et que celui-ci est disposé à enseigner cette discipline aux jeunes bénévolement.
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