Maurice doit-elle réintroduire la peine de mort ou pas ? C’était le thème de l’émission Au cœur de l’info, sur Radio Plus, le samedi 27 octobre 2018. L’ancien Attorney General, Yatin Varma, et l’avocat Erickson Mooneapillay ont débattu du sujet avec Nawaz Noorbux et Jugdish Joypaul comme modérateurs.
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Deux positions diamétralement opposées. Alors que l’ancien Attorney General, Yatin Varma, est en faveur de la réintroduction de la peine de mort, l’avocat Erickson Mooneapillay se prononce contre.
Yatin Varma a rappelé que Le leader du Parti travailliste Navin Ramgoolam était en faveur de la peine de mort et l’avait clairement exprimé avant les élections générales de 2010.
« Nous étions en train de travailler sur l’application de la peine de mort. Nous avions commencé à venir avec des lois pour mettre des garde-fous. J’allais définitivement présenté un cabinet paper au conseil des ministres pour réintroduire la peine de mort », a révélé l’ancien Attorney General.
Pour rappel, la peine capitale a été suspendue à Maurice le 3 août 1995 après un accord politique entre le Mouvement socilaite militant et le Parti mauricien social-démocrate. Un vote d’une majorité simple à l’Assemblée nationale suffit pour qu’elle revive.
Le dernier exécuté est Eshan Nayeck, pendu le 10 octobre 1987 à la prison de Beau-Bassin après avoir été trouvé coupable du meurtre d’Abdool Rashid Atchia au marché central, Port-Louis.
Si Yatin Varma soutient, en se basant sur des études américaines, que la peine de mort pourra faire reculer la criminalité, Me Mooneapillay soutient le contraire en se basant sur d’autres études, dont une d’Amnesty International qui soutient que depuis l’abolition de la peine de mort au Canada, le crime a baissé alors que des États américains qui pratiquent la peine de mort vivent la tendance inverse.
Pour Yatin Varma, « la sentence doit être proportionnelle au crime ». Erickson Mooneapillay fait ressortir qu’à chaque crime atroce, la réintroduction de la peine de mort revient sur le tapis et souvent avec « dans l’oratoire des politiciens qui jouent un jeu populiste ». « Il est légitime pour une famille ou une société d’exiger vengeance, mais chaque République démocratique a un rôle humain à jouer dans le développement de la société », a-t-il souligné.
L’homme de loi fait également ressortir que « l’exception d’un délit pénal peut en entraîner une autre ». Jusqu’où faut-il aller ? demande-t-il, en soulignant que des pays tels que la Chine appliquent même la peine de mort pour un vol ou la corruption. Et d’affirmer que la Malaisie a aboli la peine de mort le 11 octobre dernier et que la tendance mondiale va vers l’abolition.
Maurice étant signataire de plusieurs conventions sur les droits humains, réactiver la peine de mort n’équivaudrait-il pas à les violer ? Yatin Varma affirme que cela ne nous empêchera pas de continuer de recevoir du financement des institutions internationales. Points sur lequel Erickson Mooneapillay n’est pas d’accord.
Reste qu’avant de revenir avec la peine capitale, il faut un système judiciaire infaillible afin de ne pas courir le risque qu’un innocent soit tué. Erickson Mooneapillay a avancé qu’aux États-Unis, des gens exécutés ont été innocentés à titre posthume et que 125 personnes condamnées à mort ont été libérées après que leur innocence ait été prouvée.
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