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Yannick Casquette : le code de la foi

Yannick Casquette, 42 ans, avait tout pour réussir dans le domaine de l’informatique. D’ailleurs, il avait même monté sa propre start-up avec des amis. Cependant, il a graduellement compris qu’il n’était ni comblé ni heureux. « Je ressentais comme un vide dans ma vie », confie-t-il. À une semaine de son ordination comme prêtre, il a retrouvé la joie en se mettant au service des autres, à l’exemple de Jésus.

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Pleinement conscient de son choix, Yannick Casquette espère devenir un grand frère pour les jeunes qui se questionnent sur leur vocation et leur choix de vie. Cette prise de conscience n’a pas été simple, car il a lui-même traversé de nombreux tourments, et s’était d’ailleurs éloigné de l’Église, avant de s’engager.

Il explique avoir été enfant de chœur et participé à diverses activités paroissiales. Dans sa paroisse de Sainte-Hélène, il a donné des cours de rattrapage scolaire à des élèves alors qu’il était lui-même au secondaire au collège de La Confiance. Cette expérience lui a permis de découvrir la joie de se mettre au service des autres. 

Pourtant, il fut un temps où il considérait que la « bondieuserie » n’était pas faite pour lui. Il avait même coupé les ponts avec l’Église après une réponse qui l’avait blessé lorsqu’il avait exprimé son désir de devenir prêtre à l’âge de 19 ans. Le prêtre lui avait conseillé de « vivre sa vie » avant de revenir. Impulsif à l’époque, Yannick avait mal accueilli ces propos, se sentant rejeté alors qu’il voulait se mettre au service de l’Église. « J’étais venu pour offrir ma vie, mais j’ai senti qu’on ne voulait pas de moi. Donc, j’ai tourné les talons et je suis parti », se souvient-il.

Pendant trois ans, Yannick Casquette n’a pas mis les pieds à l’église, convaincu que l’Église n’avait pas de place pour lui. Il confie avoir dit à sa mère : « Kan mo rant dan laz, mo pou al get sa bann zafer-la. Sa bann bondiezri-la pa pou zeness sa. » 

C’est ainsi qu’après le collège, Yannick Casquette a été embauché dans un grand groupe textile comme Administrative Clerk au département d’ingénierie et de maintenance. Il nourrissait déjà d’autres ambitions : se constituer un capital pour financer ses études en informatique. Une fois diplômé, il a été transféré au département informatique, ce qui a marqué un tournant dans sa carrière. « J’ai été formé pour faire de la programmation, mais j’étais technicien informatique. J’ai appris à être un homme à tout faire dans ce domaine », raconte-t-il.

En tant que technicien, il a également travaillé sur des réseaux et fait un peu de programmation. « Cela a été pour moi une belle école pour poursuivre mes aspirations », ajoute-t-il. Se sentant limité dans son évolution, il a alors rejoint une compagnie pharmaceutique où il a travaillé comme Invoicing Clerk. La mise en œuvre d’un nouveau système dans cette entreprise lui a permis d’exercer ses compétences en informatique sous un autre angle. 
« Cela a été un excellent choix pour progresser dans ma carrière. »

Après deux ans, il a intégré pleinement le secteur informatique dans une entreprise privée, où il a travaillé jusqu’à sa fermeture un an plus tard. Il y a acquis une expérience variée, notamment en programmation, graphisme et montage vidéo. Par la suite, il a occupé un poste de développeur web pendant plus de quatre ans. Grâce à son épanouissement professionnel, Yannick Casquette a eu l’opportunité de lancer une start-up dans son domaine de prédilection avec des amis. 

Entre-temps, grâce à un ami, qui l’a invité à « donner un coup de main » aux enfants de chœur, il a fait son retour à l’Église. De fil en aiguille, il s’est mis à lire et commenter des textes bibliques dans lesquels son ami l’avait astucieusement entraîné. Ce cheminement l’a conduit à approfondir sa foi et à s’engager à nouveau dans divers mouvements paroissiaux.

Avec le recul, Yannick Casquette se rend compte que c’est avant tout par amitié pour son ami qu’il avait remis les pieds à l’église, et non pour les bonnes raisons. « Il m’a fallu grandir, dans ma tête et dans mon cœur, pour mieux saisir ce qu’on m’avait dit. Je ne regrette rien de ce qui s’est passé, car je n’avais pas la capacité de comprendre à l’époque », confie-t-il. 

Aujourd’hui, il reconnaît avoir mûri grâce à ces expériences. « Chaque événement m’a permis de devenir celui que je suis. J’ai quitté cette foi d’enfant, transmise par mes parents et l’Église, pour m’approprier pleinement ma foi », ajoute-t-il. Désormais, il récite le Credo du fond de son cœur, et non comme une simple prière apprise sans conviction. Cette « nuit » de la foi a été essentielle à sa croissance spirituelle.

C’est notamment grâce à sa formation au Groupe 40 et aux expériences marquantes qu’il a vécues qu’il a décidé d’entrer au séminaire. Ses trois participations aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) ont également été déterminantes. En 2008, les JMJ à Sydney avaient pour thème : « Vous recevrez une force, celle de l’Esprit saint, et vous serez mes témoins ». À l’époque, ces paroles lui semblaient lointaines, mais il se souvient de l’intervention de l’archevêque de Lille, qui avait dit : « En grandissant, nous avons tendance à laisser les cadeaux sur une étagère, où ils prennent la poussière, oubliant la joie enfantine de déchirer l’emballage avec impatience. » Yannick Casquette comprend aujourd’hui que cette métaphore faisait référence à l’Esprit saint reçu lors de la confirmation. Ces paroles l’ont profondément marqué.

En 2011, un ami l’a convaincu de participer aux JMJ à Madrid. Introverti, il se tenait toujours en retrait. Lorsque son ami s’est désisté, il a dû s’ouvrir aux autres, ce qui, selon lui, a été une excellente expérience. Pourtant, un incident a assombri ce pèlerinage : il a perdu son sac contenant ses effets personnels, dont son argent. Désemparé, il ne parvenait pas à se concentrer sur les messes. C’est alors qu’un ami lui a rappelé que le Seigneur l’invitait à se détacher des biens matériels. Bien qu’il n’ait pas immédiatement compris cette leçon, il a retenu cette parole : « Qui perd sa vie à cause de moi la sauvera. »

À la suite des JMJ de Rio en 2013, où il a vécu des moments spirituels intenses, Yannick Casquette a eu deux expériences marquantes. D’abord, il a rencontré des jeunes diplômés qui, malgré leurs qualifications, avaient choisi de travailler pour l’association Foi et Joie, dédiée aux enfants vulnérables. Cela a ravivé en lui la joie innée du service. Ensuite, il a vécu une expérience de dépassement lors de la visite d’une grotte. Malgré sa corpulence, il a insisté pour parcourir un chemin étroit dans l’obscurité totale. Ce moment lui a rappelé les périodes sombres de sa vie et l’a poussé à s’interroger sur sa foi et, surtout, à se dépasser. Une parole du pape François a renforcé cette transformation : « Toi, jeune, si tu veux des changements, ne sois pas spectateur, deviens acteur. »

De retour à Maurice, Yannick Casquette a décidé de prendre sa vie en main et de suivre son véritable appel : devenir prêtre diocésain. Au fil de ses engagements, il a réalisé que c’était dans cette vocation qu’il trouvait le plus grand bonheur. « J’ai été comme Jonas, qui a fui lorsque Dieu l’a appelé, avant de finalement répondre à son appel », raconte-t-il. Bien que tiraillé au départ par les biens matériels qu’il possédait, les JMJ de Rio l’ont conduit à s’en détacher pour se consacrer pleinement au service des autres.

Yannick a partagé son discernement avec ses parents, Daniel et Marguerite Casquette, sans leur dire directement qu’il voulait devenir prêtre. « Je leur ai dit que j’étais appelé à la prêtrise, mais pas que je voulais être prêtre », précise-t-il. Selon lui, ses parents souhaitaient avant tout son bonheur, peu importe son choix de vie : célibataire, marié ou prêtre. « Leur confiance m’a toujours aidé à avancer », souligne-t-il avec reconnaissance.

Aujourd’hui, Yannick Casquette reconnaît que le conseil du prêtre, qu’il avait interprété comme un rejet lorsqu’il avait 19 ans, était en réalité judicieux. « Ce n’était pas le conseil qui posait problème, mais ma difficulté à l’accepter à ce moment-là », explique-t-il. Ce conseil l’a finalement aidé à mieux comprendre sa vocation et à surmonter les incohérences qu’il percevait dans l’Église. Aujourd’hui, il est prêt à répondre pleinement à cet appel.

Après avoir « vécu sa vie », Yannick Casquette sera ordonné prêtre le dimanche 8 décembre. Ce choix de vie découle de plusieurs événements marquants qui l’ont façonné pour devenir l’homme qui trouve sa joie en se mettant au service des autres.

  • defimoteur

     

 

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