Le no2 du gouvernement parle de sa vision du tourisme. Il évoque les mesures pour compenser la baisse éventuelle des arrivées en provenance de la zone Euro et de la nécessité pour la compagnie nationale d’aviation d’évoluer face à la concurrence des opérateurs low-cost d’Asie et d’Europe.
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1,15 million en 2015. 1,24 million en 2016. Quel est le chiffre idéal que vous souhaitez atteindre en termes d’arrivées touristiques ?
Ce n’est pas l’absolu. Nous recherchons une croissance de 6 % à 8 % par an. Toutefois, elle a été de 10 % en 2015 et nous nous attendons à un taux similaire cette année. à juin, la croissance était de 9,7 % en comparaison aux arrivées enregistrées durant la même période l’année dernière. Cependant, notre objectif premier, c’est la qualité. Pas la quantité. L’important ce n’est pas le nombre de touristes qui débarquent mais le maintien d’une augmentation constante du revenu par tête. Sinon, nous aurions cassé les prix pour doubler nos arrivées. L’imposition d’un moratoire de deux ans quant aux futurs projets hôteliers était un message fort à l’industrie. Il fallait de meilleurs revenus et mettre un terme au cercle vicieux dans lequel différents établissements baissaient les prix année après année. Certains groupes cessaient même d’investir.
La sortie de la Grande-Bretagne de l’Europe n’aura-t-elle pas de conséquences sur les arrivées ?
Il pourrait y avoir un impact à deux niveaux. De manière négative. D’abord, la faiblesse des monnaies européennes auront une incidence conséquente sur les revenus. En roupies, nous touchons moins. Ensuite, l’instabilité et le manque de confiance en l’avenir peuvent engendrer une baisse des arrivées. Toutefois, le poids des arrivées dans la zone Euro sera moindrement ressenti car, depuis 2005, nous avons diversifié nos marchés. Avec Turkish Airlines qui dessert principalement l’Europe de l’Est et Air Asia qui arrive en octobre, ce sont deux polices d’assurance que nous détenons contre tout débalancement éventuel lié au Brexit.
L’ouverture du ciel aux compagnies low-cost ne risque-t-elle pas de porter atteinte à l’image de destination premium dont Maurice s’est drapée ?
Il n’y a pas d’ouverture du ciel avec Air Asia. Ces arrivées sont basées sur d’anciens accords bilatéraux ratifiés par le passé. En fait, Maurice devient de plus en plus attractif compte tenu de la qualité de ses offres, de la sécurité et de la gentillesse des gens. Le pays reste le havre de paix que les touristes recherchent dans un monde en turbulence. Turkish Airlines est nouveau. Air Asia, Austrian Airlines, Edelweiss et Lufthansa arrivent en fonction d’accords négociés de longue date. Même la South African Airways est en train d’augmenter ses fréquences de vols.
Pourtant, le patron d’Air Mauritius se plaint de concessions offertes à ces compagnies…
Il n’y a rien de déraisonnable dans les avantages consentis à ces compagnies par rapport à ce qu’elles vont nous apporter. Air Asia et les autres pratiqueront presque les mêmes prix. Air Mauritius devra sans doute revoir sa façon d’opérer afin qu’elle soit plus compétitive. Nous travaillons avec toutes les compagnies aériennes, sans distinction aucune, afin de promouvoir la destination Maurice.
Ne craignez-vous pas de voir débarquer une horde de touristes sacs à dos, sans le sou ?
Pas du tout. Quand on empêche la construction tous azimuts d’hôtels, on augmente la valeur des chambres.
Êtes-vous satisfait des résultats avec le couloir aérien vers Singapour ?
C’est un concept novateur qui aide à placer Maurice comme la plateforme entre l’Asie et l’Afrique. Cela encouragera des compagnies africaines à en tirer profit.
Quelles sont les nouvelles normes de sécurité en gestation ? Surtout après l’incident impliquant des touristes en plongée à Confetti Bay, au Coin-de-Mire et les quatre morts à Grande-Rivière-Sud-Est.
La mer reste un endroit dangereux. Que ce soit sur un paquebot ou un frêle esquif. La nouvelle direction de la Tourism Authority va entièrement revoir les règles de sécurité entourant l’utilisation des bateaux. Nous avons déjà commencé par ne plus délivrer de nouveaux permis commerciaux. Des boat free zones ont également été instaurées à Péreybère et à Trou-aux-Biches. Nous comptons en faire de même à Flic-en-Flac. Un expert en plongée sera recruté pour épauler la Tourism Authority pour tout ce qui touche aux activités sous-marines.
Comment faire pour rebooster le secteur ?
Il faut davantage d’attractions à l’intention des visiteurs africains et asiatiques qui ne viennent pas nécessairement pour se faire dorer au soleil. Des galeries d’art, un téléphérique, voir un nouvel aquarium qui sera bientôt construit près de l’hôtel Le Suffren, au Caudan, constituent déjà un pas en avant.
Vous présidez le comité interministériel sur DP World. Où en êtes-vous avec ce projet ?
Je ne ferai pas de déclarations tant que nous serons en négociations. Nous sommes toujours en pourparlers et un comité technique a été institué. Je ne peux pas dire si nous allons de l’avant avec un partenariat avec cet opérateur portuaire. On est encore à fifty-fifty.
Cela ne vous chagrine-t-il pas de voir disparaître l’effigie de votre père sur les coupures de Rs 1 000 ?
À ma connaissance, le gouvernement, toutes ailes confondues, est contre un tel projet. C’est étonnant que la Banque de Maurice soit allée aussi loin sans qu’on ait été consulté de façon formelle.
Êtes-vous en train de « koz koze » avec le Parti travailliste ?
Je ne sais pas d’où vient cette rumeur. Je suis étonné par une telle bêtise. C’est du grand n’importe quoi. Comment peut-on négocier avec un autre parti trois ans avant une échéance électorale ? Pour la même position ? Pour le même nombre de tickets ? Je suis très à l’aise dans ce gouvernement. On travaille en équipe, on se fait confiance et j’espère que ce sera ainsi pendant encore longtemps. Je n’ai pas rencontré Arvin Boolell. Cela fait bientôt deux ans que je ne lui parle pas. C’est un ami d’enfance, mais nous n’avons pas eu de contact, même par personnes interposées, durant cette période.
Vous n’avez jamais caché votre ambition de faire grandir le PMSD. Comment se passe cette opération ?
Nous faisons des efforts pour être présents dans toutes les circonscriptions, surtout dans celles où nous avions dû nous retirer au gré des alliances et par la force de l’histoire. Nous y travaillons et je suis très satisfait de notre progression sur l’échiquier politique.
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