Pour son retour en présentiel, le Web Summit a offert à Frances Haugen une tribune de choix dans son combat contre Facebook : la lanceuse d'alerte a pressé lundi l'entreprise américaine d'investir davantage sur la "sécurité" avant le "métavers", nouvelle priorité du groupe désormais baptisé Meta.
"Encore et encore, Facebook choisit l'expansion dans de nouveaux domaines plutôt que de s'en tenir à ce qu'il a déjà fait. Je trouve cela inadmissible... Il faut consacrer plus de ressources aux systèmes de sécurité de base", a déclaré l'ancienne employée du géant des réseaux sociaux, en ouverture du Web Summit, grand-messe de l'économie numérique de retour dans sa version en chair et en os à Lisbonne.
"Au lieu d'investir pour s'assurer que leurs plateformes sont un minimum sûres, ils sont sur le point d'(engager) 10.000 ingénieurs" en Europe dans le développement du "métavers", a-t-elle ajouté à propos du monde parallèle numérique qui représente, selon le patron de Facebook, l'avenir d'internet. "Je ne peux imaginer que cela puisse avoir du sens"", a-t-elle encore dit.
Après avoir présenté le concept de "métavers", Mark Zuckerberg a annoncé jeudi que la maison mère du géant des réseaux sociaux s'appelait désormais "Meta" -"au-delà" en grec ancien.
Les noms des différents services (Instagram, WhatsApp, Messenger...) resteront toutefois inchangés.
Ce changement de nom est interprété comme une manoeuvre de distraction par les critiques du groupe californien, empêtré dans les scandales et controverses, de la désinformation à la confidentialité des données en passant par le respect du droit de la concurrence.
Pour un changement de dirigeant
Depuis plus d'un mois, les "Facebook papers", des milliers de documents internes remis à l'autorité boursière américaine (SEC) par Frances Haugen, montrent comment le groupe californien était conscient du potentiel de nuisance de ses réseaux sociaux - contenus toxiques sur Instagram pour les adolescents, désinformation qui nuit à la démocratie, ... - mais a choisi, en partie, de les ignorer, par souci de préserver ses profits.
"J'ai la foi que Facebook peut changer. (Mark Zuckerberg) a un beau rêve : il veut connecter les gens, faire du monde un meilleur endroit.... Cela ne fait pas de lui une mauvaise personne d'avoir fait des erreurs", a insisté lundi Frances Haugen. "Mais il est inacceptable de continuer à faire les mêmes erreurs après avoir su qu'il s'agissait d'erreurs".
"Je pense qu'il est peu probable que l'entreprise change s'il reste" à la tête du géant des réseaux sociaux, a-t-elle ajouté. "Facebook serait plus fort avec quelqu'un qui est prêt à se concentrer sur la sécurité".
Frances Haugen a déjà témoigné devant les législateurs américains et britanniques, mais le Web Summit marque sa première apparition devant un public plus large.
La lanceuse d'alerte sera entendue par une commission du Parlement européen le 8 novembre, avant d'être auditionnée par les parlementaires français le 10 novembre.
Facebook aura l'occasion de répondre aux critiques devant le public du Web Summit, son vice-président Nick Clegg étant prévu au programme de mardi.
Après avoir connu une édition 100% virtuelle en raison de la pandémie de Covid-19, le Web Summit est de retour en physique à Lisbonne.
L'édition 2021 de la conférence destinée aux entrepreneurs et aux investisseurs de la tech, qui se tiendra jusqu'à jeudi, espère rassembler 40.000 participants, alors qu'ils avaient été 70.000 à se rendre dans la capitale portugaise lors de la dernière édition pré-pandémie.
Au-delà de Facebook et du "métavers", les autres thèmes au programme du Web Summit se pencheront sur la manière dont la technologie peut aider à atténuer le changement climatique, alors que la grand-messe du numérique coïncide avec la conférence mondiale sur le climat COP26 en Ecosse.
AFP
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