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Waheeda : 23 ans de service sans être employée et avec un salaire de Rs 5 000

Le monde du travail réserve souvent bien des surprises. C’est le cas d’une femme qui est licenciée après 23 longues années de service dans une quincaillerie.

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Comment en est-elle arrivée là ? Waheeda, cette habitante de Vallée-des-Prêtres âgée de 46 ans, nous apprend que c’est parce qu’elle a osé revendiquer ses droits. Femme courage, prête au sacrifice, elle incarne cette catégorie de personnes exceptionnelles qui forcent le destin.

Waheeda déclare avoir travaillé pendant 23 ans dans une quincaillerie basée à Plaine-Verte. Elle n’a jamais être employée. En décembre dernier, elle a été licenciée, car elle a osé demander à son patron de lui verser son salaire en entier, au lieu de le faire en tranches comme à l’accoutumée.

« Il est venu chez moi, et comme j’étais absente, il s’en est pris à ma mère et a proféré des menaces. Il lui a dit qu’il allait m’intenter un procès »

« En décembre dernier, j’ai eu mon boni, mais mon salaire, je ne l’ai reçu que le 2 janvier. J’avais demandé à mon patron de me payer en une seule tranche, mais cette demande de ma part l’a agacé. C’est avec réticence qu’il a consenti à le faire, mais en même temps, il m’a donné ma feuille de route. »

Waheeda, l’unique employée dans la quincaillerie, touchait Rs 5 200 par mois, plus Rs 300 pour le transport. Et elle ne recevait jamais sa paie dans son intégralité, mais toujours en tranches de Rs 1 200.

Il n’empêche que la perte de son emploi a causé d’énormes préjudices à Waheeda. « Premièrement, comme je n’ai jamais été considérée comme employée, je n’ai pas bénéficié des avantages réservés aux employés permanents. Mon patron m’accordait difficilement un jour de congé.

Deuxièmement, il ne versait aucune contribution pour moi à la NPF. Donc, je ne devrai m’attendre à rien quand je toucherai ma pension de retraite. Troisièmement, j’ai perdu mon travail, parce que j’ai voulu faire respecter mes droits. Quatrièmement, le patron ne veut absolument pas me payer mon temps de service », dit-elle.

Waheeda est allée rapporter le cas au bureau de l’Emploi. Quand son ex-patron l’a appris, il s’est mis dans tous ses états. « Il est venu chez moi et comme j’étais absente, il s’en est pris à ma mère et a proféré des menaces. Il a dit à ma mère qu’il allait m’intenter un procès. Maintenant, j’ai peur d’avoir affaire à un homme si rude et qui peut vous maltraiter pour un oui ou pour un non », avance-t-elle.

« En décembre dernier, j’ai eu mon boni, mais mon salaire, je ne l’ai reçu que le 2 janvier »

Par la suite, elle a porté le cas devant le ministère du Travail.Elle rapporte qu’un officier du ministère lui a conseillée de ne pas aller rapporter à la police les menaces proférées par son patron. Et ce dans l’espoir que celui-ci retournerait à de meilleurs sentiments et accepterait de lui payer ses années de service.

La rédaction s’est entretenue à ce sujet avec Amrita Goiden, officier du bureau de l’Emploi. Cette dernière s’est déclarée disposée à arranger une rencontre entre Waheeda et le directeur.

Nous avons aussi essayé à plusieurs reprises d’avoir la version du patron de la quincaillerie. Nos appels sont restés sans réponse.

Elle s‘est sacrifiée pour sa mère

Waheeda a sa mère Hawa, âgée de plus de 70 ans, à charge. Celle-ci s’est séparée de son époux quand Waheeda avait environ cinq ans. Néanmoins, elle a toujours gardé contact avec son père, un électricien automobile.

Ses deux sœurs aînées sont à l’étranger, dont une en Arabie saoudite depuis l’âge de 21 ans. Elle est mariée avec un Mauricien établi dans ce pays depuis longtemps. L’autre s’est installée en Angleterre à l’âge de 21 ans. Elle a épousé, elle aussi, un Mauricien. Toutes les deux ont des enfants.

Viennent-elles voir leur mère ? « Cela fait six ans que ma sœur qui habite en Arabie saoudite n’est pas venue à Maurice. Quant à celle établie en Angleterre, sa dernière visite à Maurice remonte quatre ans. Comme elles ne travaillent pas, elles ne peuvent entreprendre de fréquents déplacements en famille. En outre, elles ne jouissent pas toutes deux d’une bonne santé. » 

Envoient-elles de l’argent pour leur mère ? « Pas vraiment ou sinon très rarement », répond Waheeda.

Est-ce justement pour cette raison qu’elle est restée célibataire… pour pouvoir s’occuper de sa mère ?

À cette question, Waheeda répondra par l’affirmative. « Sinon, qui se serait occupé d’elle ? » s’interroge-t-elle.

Elle garde contact avec ses sœurs en leur envoyant des messages. Si elle a une ligne de téléphone fixe chez elle, elle ne dispose pas de connexion internet. Donc, pas de possibilité de s’entretenir avec ses filles à travers Skype ou d’autres moyens de communication moderne. Elle n’a aucune connaissance en informatique. Cela ne fait que quelques jours qu’elle a eu un smartphone en cadeau de son cousin.

Soutenu par son oncle

Waheeda et sa maman vivent seules. Il n’y a aucun homme à la maison. Pour les soutenir, elles peuvent heureusement compter sur la bienveillance d’un oncle, le frère de Hawa. « Il nous est d’un soutien considérable. Il s’occupe beaucoup de maman, paye ses frais médicaux quand elle est malade. Nous sortons rarement, mais c’est toujours lui qui nous emmène dans sa voiture. Je lui suis très reconnaissante », déclare Waheeda.

Une reconnaissance qui a encore augmenté après que l’oncle soit venu en aide à Waheeda en lui procurant du travail dans sa tabagie. Elle commence à  9 h 30 pour terminer à 14 h 00. Ce qui lui permet non seulement de toucher Rs 4 500, mais aussi de rentrer tôt à la maison pour pouvoir s’occuper de sa mère.

Waheeda, qui est née à Plaine-Verte, a fait ses études primaires à l’école Coeur Sacré de Jésus, avant de poursuivre ses classes secondaires au Muslim Girl College, puis au Madat (Form III et IV). Elle dit avoir interrompu ses études faute de moyens.

Waheeda, qui n’a aucun passe-temps, dit aimer les animaux. Quand elle trouve un chien ou un chat abandonné, elle emmène l’animal chez elle. Elle va ensuite contacter un ami, qui gère une association pour le bien-être des animaux.

 

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