Voyants et guérisseurs étrangers : engouement et big business

Voyants

L’engouement des Mauriciens pour les diseurs de bonnes aventures et autres guérisseurs va en jugement. Certains dépensent des milliers de roupies « pou al guet destin » ou « pou tir le mal » ou encore « pou gagn sikse ».

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Les voyants et guérisseurs étrangers opèrent dans un cercle fermé, grâce à des intermédiaires mauriciens qui font leur marketing de bouche à oreille, à travers la presse et les réseaux sociaux, entre autres.

La grosse majorité de leurs clients sont des professionnels ou des hommes d’affaires, des gens qui disposent d’une bourse bien garnie. Le montant minimal des consultations serait de Rs 3 000 l’heure. Et la session avec un voyant étranger qui exerce à Maurice peut durer deux heures. Ils disent avoir le sixième sens très aiguisé pour s’adonner à l’astrologie, la cartomancie, à la lecture des lignes de la main, à la radiesthésie (pendule). Certains disent même avoir la capacité de faire des prédictions à travers la voix sans forcément rencontrer le client.

De leur côté, les guérisseurs disent pouvoir résoudre n’importe quel problème : santé, conflit conjugal ou d’ordre légal.

Vie privée du client

Sollicitée par Le Dimanche-L’Hebdo, une voyante avec un fort accent français dit « ne pas pouvoir » nous accorder d’entretien à domicile en raison de son emploi du temps « très chargé ». « Écoutez monsieur. Je suis très très occupée. J’ai beaucoup de clients en ce moment. Après mes consultations à Maurice, je mets le cap sur l’étranger où j’irai à la rencontre d’autres clients. Veuillez me rappeler dans un mois », dit-elle.

Elle refuse catégoriquement de nous mettre en contact avec quelques-uns de ses clients pour les besoins de notre enquête. « Je reçois pas mal de professionnels, dont des médecins. Leurs consultations relèvent de leur vie privée. Je n’ai pas le droit de divulguer quoi que ce soit sur eux et, encore moins, de vous mettre en contact avec eux », poursuit-elle.

Notre enquête nous conduit en Australie. Yuvna Maurey, est une Mauricienne qui y vit depuis bientôt un an, veut entrer en contact avec une voyante étrangère qui exerce à Maurice. Bien qu’elle « n’ait jamais été intéressée par la voyance », elle veut avoir des conseils sur sa vie familiale et professionnelle. C’est par Internet qu’elle envisage de contacter la voyante.

« Auparavant je ne croyais pas dans la voyance. Mais vu que la voyante étrangère s’est forgée une certaine réputation dans le pays avec ses prédictions, j’ai fini par croire en ses capacités et en son professionnalisme. Je ne rate jamais ses prédictions et je pense avoir recours à elle, car j’aurai voulu connaître mon avenir », avance cette mère de famille.

Confiance aux étrangers

Notre interlocutrice fait valoir qu’elle « n’est pas disposée à payer le prix fort » pour obtenir des prédictions sur son avenir. « Mon budget ne me permet pas de dépenser beaucoup d’argent », précise-t-elle. Selon notre interlocutrice, l’engouement des Mauriciens pour les voyants étrangers a quelque chose à voir avec une certaine « confiance ».

« Les Mauriciens ont toujours été friands de voyance. À mon avis, les locaux ont tendance à faire confiance aux voyants étrangers, car ils savent que ces derniers sont de passage à Maurice », estime-t-elle.

Lena, la quarantaine, vit à Maurice. La mère de famille raconte qu’elle a eu recours à un voyant étranger en 2012, car elle voulait connaître l’état de santé de son couple. Le montant réclamé était de Rs 3 000 par session. « Je faisais face à des problèmes dans mon couple. J’ai sollicité les conseils d’une voyante. Cette dernière m’avait demandé de produire une photo récente de mon compagnon et de la rencontrer à son domicile. Lors de la session, elle m’a avoué que mon compagnon me trompait. Elle m’a demandé de le quitter, en raison de son infidélité. Mais je n’ai pas cru en ses dires. Après plusieurs mois, un de mes proches l’a surpris dans les bras d’une autre femme. La prévision de la voyante m’est immédiatement revenue à l’esprit. Je me suis par la suite séparée définitivement de mon compagnon », raconte la mère de famille.

Interprétation

Des experts en science, sous le couvert de l’anonymat, se sont confiés à nous. Selon eux, la lecture des tarots, des lignes de la main, des astres, des pendules divinatoires et des flashs dépendent de l’interprétation du voyant. C’est, selon des experts, un médium qui relève d’une certaine science.

« Il y a des façons établies pour lire les formes qui se dessinent. Ces formes peuvent être interprétées de façon à guider ou à améliorer la situation d’un patient », avancent les experts en science. À Maurice, outre les tarots et l’astrologie, les horoscopes sont également appréciés.


Vijay Ramanjooloo, psychologue clinicien : «Le futur est lié à des notions sur lesquelles nous n’avons aucun contrôle»

Le psychologue clinicien Vijay Ramanjooloo avance que les voyants étrangers lorgnent Maurice, car ils sentent qu’ils sont vénérés en raison de la couleur de leur peau. Le professionnel précise que ceux qui font confiance aux voyants éprouvent une « fragilité » dans l’estime de soi.

« Les étrangers ont tendance à cibler les personnes qui sont originaires des îles. Ils savent que certaines personnes vénèrent les étrangers. Cela, en raison de leur statut ou à cause de la couleur de leur peau », explique-t-il.

Selon Vijay Ramanjooloo, certaines personnes ont tendance à croire que « les étrangers doivent forcément avoir plus de pouvoirs et de connaissances » du fait qu’ils appartiennent à un peuple différent. C’est pour cela que certains Mauriciens placent les étrangers sur un piédestal en croyant qu’ils sont supérieurs.

« Connaître l’avenir est un fantasme qui est tout à fait humain. Mais certaines personnes ont souvent tendance à ne pas vivre au présent et fantasment sur l’avenir, car il y a un désir profond de vouloir connaître l’inconnu. Mais le futur est lié à de notions sur lequelles nous n’avons aucun contrôle. C’est un fait. L’être humain veut tout planifier et avoir une certaine emprise sur l’angoisse. C’est la raison pour laquelle il a recours à la voyance », poursuit le professionnel.

Selon Vijay Ramanjooloo, « ce sont des personnes angoissées, celles de nature fragile et qui sont moins ancrées dans le présent qui croient à la voyance ».

Mais peut-on vraiment prédire l’avenir ? « On peut prédire l’avenir par rapport aux choses scientifiques. Par exemple ; si je ne révise pas mes notes, je vais certainement échouer aux examens. J’ai des réserves et des doutes concernant l’art de la voyance. Tout le monde doit accepter de vivre le moment présent, car l’avenir est insaisissable », poursuit-il.


Ved Gopee, président de la Sanatan Holistic Vidhya Academy : «Nos sermons doivent conscientiser les fidèles»

Le président de la Sanatan Holistic Vidhya Academy, Ved Gopee, soutient qu’il y a beaucoup de « charlatans » qui débarquent à Maurice en vue de se faire beaucoup d’argent sur le dos des personnes naïves. Il demande aux autorités d’agir.

« Tout réside dans la formation. Chacun doit faire sa part du travail. Les sermons doivent conscientiser les fidèles. Surtout ceux qui manquent de formation spirituelle. Comment se fait-il que des prêtres indiens débarquent à Maurice et se fassent énormément d’argent en escroquant les gens ? Sur quels critères, ou invitations, viennent-ils exercer dans le pays ?

Certains font même leurs publicités dans les journaux. Mais comment est-ce possible ? Les autorités et autres fédérations de temples doivent réagir, car la naïveté des gens est utilisée par ces charlatans », poursuit-il.

Selon le président de la Sanatan Holistic Vidhya Academy, les astrologues qui exercent à Maurice « sont très habiles à parler et proposent des solutions magiques et rapides » aux problèmes des gens. « L’astrologie est une science divine qui existe depuis des millénaires. Il est de coutume chez les hindous de consulter une personne qui maîtrise cette science, afin de déterminer le prénom de l’enfant.

Malheureusement, il y a des gens qui ne sont pas des professionnels qui gâchent tout. C’est une science précise et sacrée. Il y a des charlatans qui se déclarent experts sans aucune maîtrise ni formation », indique-t-il.

Selon notre interlocuteur, les pseudo-voyants viennent berner les Mauriciens qui sont dans la détresse ou dans des situations précaires. « Maurice, comme beaucoup de pays dans le monde, a beaucoup de familles à problème. Il y a la pauvreté, le chômage, la délinquance et les problèmes conjugaux, entre autres. Une fois sur le sol mauricien, les pseudo-voyants se croient experts et embêtent les personnes à problèmes. Ils perçoivent Maurice comme un eldorado et profitent de la situation pour se faire beaucoup d’argent », souligne le religieux.


L’imam Ziad Said Mohideen, de la Jummah Mosque : «La religion est devenue le moyen le plus rapide pour s’enrichir»

L’imam Ziad Said Mohideen, de la Jummah Mosque, avance que les Mauriciens ont recours aux voyants étrangers, car ils ont « peur que leurs secrets soient révélés au public s’ils se font duper ». L’homme religieux soutient que seul les « dua » (invocations) sont les plus grandes solutions contre l’adversité.

« La plupart des gens croient fermement que les étrangers font mieux que nos concitoyens dans tous les domaines. Les Mauriciens ont tendance à penser que les étrangers ont de meilleurs pouvoirs spirituels que les gens locaux. Deuxièmement, il y a beaucoup de personnes qui veulent cacher leurs plans.

« En allant consulter les voyants, ils ont peur que leurs secrets ne soient révélés au public », avance l’imam Ziad Said Mohideen.

Ce dernier est d’avis que « certaines personnes pensent que même si elles sont dupées, l’affaire ne sera pas connue du public ». Elles préfèrent être bernées en secret plutôt que d’être dupées publiquement.

« L’Islam accorde une grande importance à la foi en Allah. Rien ne se passe sans la décision du créateur. »

Personne ne peut changer le destin, car le Tout-Puissant l’avait déjà décrété avant la création de l’humanité. Aucun astrologue et aucun charlatan ne peuvent changer le destin, ajoute le représentant de la Jummah Mosque.

En outre, poursuit l’homme religieux, « certaines personnes pensent que la religion est devenue le moyen le plus rapide pour se faire de l’argent, d’autant plus que c’est légal et non taxable. « Un astrologue/charlatan peut gagner plus d’argent qu’un trafiquant de drogue. Tous les moyens sont bons pour se faire de l’argent. Malheureusement, au nom de la spiritualité et au nom de la religion, les indigents et affligés se laissent berner », fait observer l’imam.


Arnaque

La voyance recèle également une face cachée : l’arnaque. Des pseudo-voyants étrangers, qui exercent à Maurice, réclament de fortes sommes d’argent aux Mauriciens. Certains réclameraient des dizaines de milliers de roupies pour des consultations et des prédictions. Depuis le début de l’année, environ cinq étrangers soupçonnés d’escroquerie à travers des fausses prédictions ont été arrêtés et immédiatement rapatriés.

Il y a deux semaines, trois étrangers ont été pris la main dans le sac, en pleine session de prédiction, lors d’une descente policière dans le centre du pays. Ils ont été arrêtés et rapatriés dans leur pays d’origine le lendemain.

Une mère de famille d’une cinquantaine d’années raconte comment une de ses proches ayant un cancer a été arnaquée. “La défunte était atteinte d’un cancer. Elle consulte un voyant français au coût de Rs 5 500 l’heure. Ce dernier, beau parleur et à l’air rassurant, arrive à convaincre la patiente que tout ira bien. Mais au fil des semaines, son état de santé se détériore. Elle finit par être hospitalisée à l’étranger et les médecins découvriront qu’elle avait six autres cellules cancéreuses dans son organisme. Elle mourut peu après une intervention chirurgicale à l’étranger”, raconte notre interlocutrice. Des hauts gradés de la police confient que des opérations seront menées à la suite de plaintes du public. Ces derniers soulignent également que le Passport and Imigration Office pourrait également être sollicité.

Voyance à Maurice : Sous les tropiques à travers des visas de touristes

La « Tracking team » du Passport and Imigration Office (PIO) est sur les traces d’une dizaine d’étrangers qui s’adonnent à la voyance à Maurice. Ces derniers, des Asiatiques et des Européens, ont débarqué au pays avec des visas de touristes. Les statistiques du PIO montrent que certains séjournent même dans la clandestinité après l’expiration de leur séjour.

Les services de l’immigration ne comptent pas faire de cadeaux aux étrangers qui séjournent dans le pays avec des visas de touristes et qui s’adonnent « illégalement » à des consultations de voyance. Des hauts gradés expliquent que la majorité de ces « pseudo-voyants » sont détenteurs de visas de touristes et que dans certains cas, leurs permis de séjour ont déjà expiré. Malgré cela, ils continuent à offrir leurs « services » aux Mauriciens pour de grosses sommes d’argent.

Une dizaine de pseudo-voyants étrangers serait dans le collimateur des services de l’immigration. Ces derniers, soulignent des hauts gradés, sont éparpillés aux quatre coins du pays et séjournent clandestinement.

Quelques-uns utiliseraient toujours la ruse des bracelets en cuivre. Ils choisissent une personne au hasard, lui passe un bracelet en cuivre au poignet et font une prière. L’escroc réclame ensuite environ Rs 200 au détenteur du bracelet en diant que le bijou « sacré » ne doit « jamais être enlevé du poignet au risque de perdre la vie ».

Dans la même foulée, d’autres pseudo-voyants utilisent une autre ruse. Ils choisissent leurs clients au hasard et font des prédictions sur leur futur gratuitement. Si la personne veut connaître la suite des prédictions, les escrocs réclament une certaine somme d’argent.

Condamnation

La loi ne fait pas de cadeaux aux gens qui prétendent prédire l’avenir. Surtout ceux qui réclament de l’argent après leurs consultations. La Criminal Supplementary Act stipule qu’une personne qui prétend prédire l’avenir commet une infraction (Idle and Disorderly Person) passible d’une peine d’emprisonnement. Selon la loi, nul n’a le droit de prédire l’avenir d’autrui pour de l’argent, des biens, ou encore, des faveurs sexuelles.

Le Code pénal stipule que les pseudo-voyants qui s’adonnent à des relations sexuelles lors des « consultations » commettent également un délit considéré comme étant un viol (« Fraudulent pretence »). Par ailleurs, le Criminal Code stipule clairement qu’une personne qui prodigue des conseils ayant trait à l’avenir contre de l’argent commet également un délit qualifié d’escroquerie. La loi prévoit une peine d’emprisonnement maximale de 30 ans.

Des hauts gradés de la police avancent que des descentes sont initiées à la suite de plaintes. Des perquisitions s’ensuivent et le pseudo-voyant est par la suite arrêté.


La parole aux diseurs de bonne aventure

Deux diseuses de bonne aventure, d’origines étrangères, domiciliées depuis une dizaine d’années à Maurice, se sont confiées. Elles expliquent les règles à respecter dans la profession, le montant et la durée, des sessions ainsi que les moyens employés pour dénicher la clientèle.

Olesya Paradis, qui est experte en cartomancie, avance qu’elle “ne force” jamais personne à croire en ses prédictions. “Généralement, les personnes qui me sollicitent pour des conseils veulent savoir ce que réserve leur situation professionnelle, si elles auront de la chance au travail, ou encore, en amour. Mais je ne suis pas Dieu. Parfois, je ne trouve pas de réponses. Je ne peux pas savoir ce qui va se passer demain. Je ne fais qu’interpréter les symboles et c’est ainsi que j’indique les meilleures directions”, dit la voyante.

Elle ajoute qu’il incombe aux clients de faire le choix de croire en ses prédictions.

Charlotte Mariole, une autre voyante, exerce à Maurice depuis 2013. Elle est basée dans le nord du pays. La voyante, qui vit avec son époux Jean-Marc, travaille du lundi au samedi et rarement les dimanches. Selon l’époux, qui est également son agent à Maurice, le montant approximatif des sessions est de Rs 2 500 l’heure. Les sessions durent entre une et deux heures par client.

“On travaille par téléphone. C’est-à-dire les clients nous appellent pour des sessions. Comme partout dans le monde, les gens sont friands de voyance. C’est d’ailleurs une pratique intelligente. Mais l’important est de tomber sur la bonne personne, car il y a des charlatans et des escrocs”, explique l’agent de Charlotte Mariole.

Les escrocs

Les deux professionnelles sont d’accord qu’il y a des arnaques. “Il y a beaucoup de pseudo-voyants qui arnaquent les Mauriciens. C’est injuste. Je saisis l’occasion pour demander au gouvernement d’introduire une loi pour réglementer la situation des voyants opérant à Maurice. Il doit y avoir une sélection lors de l’octroi des permis d’opération par les autorités. De nos jours, il y a trop de personnes qui ne sont pas enregistrées. Elles viennent à Maurice à travers des visas de touristes et prodiguent des conseils au public contre de fortes sommes d’argent”, confie la voyante.

Jean-Marc Gabriel Mariole demande également aux Mauriciens de ne pas tomber dans les filets des pseudo-voyants qui opèrent dans le pays. “Ces derniers ont tendance à dire n’importe quoi et réclament de fortes sommes d’argent. Certains n’ont même pas de permis. Ils font le tour du pays, afin de chercher leur clientèle, donnent leurs adresses. Ils réclament des dizaines de milliers de roupies”, soutient l’agent de la voyante.


Jean-Maurice Labour, vicaire général : «L’église est totalement contre le recours aux voyants»

Jean Maurice Labour, vicaire général fait ressortir que l’église est contre les pratiques de voyance, car ceux qui ont recours aux voyants sont en manque de foi. Il souligne que la motivation primaire des voyants étrangers est l’argent et non la guérison du client.

« L’église est totalement contre le recours aux voyants. La raison principale qui pousse les Mauriciens à avoir recours aux voyants c’est donc d’une part le manque de foi et de raison qui s’éclairent mutuellement. » L’homme est créé à l’image de Dieu. La racine de tous les cas de possessions vraies ou fausses est la peur devant le mystère du mal.

Il y a beaucoup de tourments d’origine psychologique qu’il faut détecter par la raison. Puis une fois éclairée par cette raison. La consommation des produits ésotériques suit la même logique que la surconsommation typique de notre époque. « On passe de voyant à cartomanciens, de sorciers à astrologues comme on passe de magasin en magasin pour chercher le dernier produit»,  avance le père Jean Maurice Labour.

Le religieux est d’avis que des étrangers utilisent la crédulité des gens pour leur extorquer d’énormes sommes d’argent. Selon notre interlocuteur, « ces charlatans seraient capables de tirer le mal sur l’un et le mettre sur l’autre».

“Pour avoir ce pouvoir, il faut en être le propriétaire. Or, qui peut prétendre être propriétaire du mal ? Quand un ou une voyante vient de l’étranger, c’est encore mieux parce que ça vient d’ailleurs. ‘Dimoun la sorti lotpei… Li pli kone !’. La motivation principale des voyants et voyantes de tout acabit est l’argent et non le bien de la personne. Leur unique discours c’est de trouver le mal dans un ancêtre mort qui vous en veut, parce qu’il aurait eu dans votre famille proche ou lointaine, des malversations, des mensonges et de la violence dont les morts auraient à se venger.

La personne vit avec une mémoire tourmentée que la voyante va nourrir encore plus en enchaînant la personne dans un engrenage de mal qui va encore plus justifier des recours répétitifs aux voyants, tireurs de cartes, ‘poussari’. Même en France un pays apparemment si rationnel, les voyants astrologues, cartomanciens font fortune”, poursuit le père Jean Maurice Labour.

Entre les mains de Dieu

Le père Sylvio Lodoiska, curé de l’église Sacré-Cœur à Beau-Bassin est d’avis que “la voyance est faite pour berner les gens”. Selon lui, les Mauriciens ont une fixette “exagérée” sur les étrangers.

« Je ne crois pas en la voyance. Les humains ont des facultés méconnues. Il y a certes des choses qui lient les gens, mais la voyance est tout à fait exagérée et c’est fait pour berner les gens. Chaque être humain a la capacité de faire des choses. Nous sommes conscients de 10 % de nos potentiels et les 90 % restants renferment beaucoup de choses », confie le père Sylvio Lodoiska.

Selon le curé “notre destin est entre les mains de Dieu, car c’est lui qui nous a créés”. “On doit utiliser notre liberté pour vivre. Certaines personnes ont la capacité d’influencer. L’être humain a une grande liberté. Certaines personnes ont plus ou moins une faiblesse. Il y a des personnes influençables. C’est-à-dire, il suffit de les effrayer et leur psychisme est immédiatement imprégné.

 

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