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Votre argent : les consommateurs asphyxiés par la constante hausse des prix

La hausse des prix des produits de consommation se poursuit.

Le portefeuille des consommateurs subit de plein fouet la flambée des prix en ce début d’année. Après la majoration des prix des produits alimentaires, des carburants et des matériaux de construction, les Mauriciens doivent maintenant s’armer contre une éventuelle augmentation du tarif du transport en commun. Quel est l’impact de ces hausses sur le pouvoir d’achat et sur l’économie en général ? Tour d’horizon.

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50%. C’est la hausse dans le budget mensuel d’une famille de cinq personnes pour la consommation et le transport. Une analyse faite par l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs (APEC) en ce mois de janvier, suite à la constante majoration des prix des produits de consommation et l’augmentation du prix du carburant en décembre. « Ce sont principalement les familles au bas de l’échelle qui sont impactées par la flambée des prix. Le salaire minimum ne suffit pas pour compenser la perte du pouvoir d’achat », explique le président Suttyhudeo Tengur. 

Par ailleurs, il soutient que si le tarif du transport public est revu à la hausse, cela affectera encore une fois ceux au bas de l’échelle. Un avis que partage Jayen Chellum, secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM). Selon lui, il y a toujours un bon nombre de Mauriciens qui dépendent uniquement du transport public pour leurs déplacements. Ces derniers peinent déjà à joindre les deux bouts avec l’augmentation des prix des produits alimentaires. « Une éventuelle hausse du ticket d’autobus va peser lourd sur leur budget », soutient-il.  Selon ces représentants des associations des consommateurs, la hausse du coût de la vie va augmenter davantage le niveau d’endettement des ménages dans le pays. Ils recommandent ainsi l’intervention de l’État pour soutenir les consommateurs, en particulier les plus vulnérables de la société.

Possibilité d’un taux d’inflation à deux chiffres 

L’économiste Pramode Jaddoo est catégorique. La hausse constante des produits essentiels aura une répercussion sur le taux d’inflation. « Les produits qui coûtent plus cher aujourd’hui sont principalement ceux dans le panier ménager utilisés pour calculer le taux d’inflation. Ainsi, l’impact est direct », dit-il. Selon lui, cette tendance inflationniste va se poursuivre si le tarif d’autobus augmente. « D’ailleurs, je crains fort que le taux d’inflation cette année peut s’élever à deux chiffres si la pression sur les prix se poursuit », prévoit notre interlocuteur. 

Un avis que partage l’économiste Bhavish Jugarnath. « Avec la dernière hausse du carburant, j’avais prévu un taux d’inflation à 5,5%. Suite aux hausses constantes sur les prix des produits importés et la hausse éventuelle du tarif du transport en commun, il faudra s’attendre à un taux d’inflation variant entre 7,5% et 9% d’ici neuf mois », indique-t-il. Cependant, il soutient que si la tendance inflationniste se poursuit jusqu’à la fin de l’année, la possibilité d’atteindre un « two-digit inflation » n’est pas à écarter.  

Une compensation salariale « neutralisée » 

Alors que les consommateurs auraient dû se réjouir d’une hausse de salaire variant entre Rs 400 et Rs 500 à partir de cette année, ils ne voient pas le changement que cela apporte à leur portefeuille. « Les prix en général ont augmenté beaucoup plus que la compensation salariale préconisée. Le quantum a été annoncé en décembre dernier. Mais ce n’est qu’après cette annonce que les prix ont vraiment grimpé, y compris celui du carburant », explique Pramode Jaddoo. Ainsi, dit-il, la compensation salariale est déjà neutralisée par la flambée des prix. Bhavish Jugurnath abonde dans le même sens. « Le montant de Rs 400 ou Rs 500 ne va pas soulager les consommateurs face à la flambée des prix », soutient-il. Il donne l’exemple d’un employé qui dépense en moyenne Rs 4 000 par mois pour le carburant. « Suite à la hausse de 10% sur le prix du carburant, il doit prévoir un montant additionnel de Rs 400. Une somme qui couvre déjà la compensation salariale », dit-il. 

Témoignage des consommateurs 

Ananda Dhaliah, 52 ans, agent d’assurance : «Il faut trouver Rs 2 000 additionnelles pour le carburant par mois» 

anandaSon métier oblige. En tant qu’agent d’assurance de sa propre compagnie, Ananda Dhaliah fait des déplacements dans son véhicule régulièrement. « Avant la hausse du prix du carburant, je dépensais environ Rs 7 000 par mois pour le carburant.  Maintenant, il faut trouver un montant additionnel de Rs 2 000 », déplore-t-il. En sus de cette dépense additionnelle, il affirme qu’il doit aussi revoir son budget pour l’achat des produits alimentaires. En effet, il dit dépenser Rs 1 000 de plus lors des courses au supermarché. 


Kevin Latchmanan, 48 ans, employé dans le secteur privé : «Un minimum de Rs 10 000 pour la consommation»

kevinSi Kevin Latchmanan dépensait entre Rs 7 000 et Rs 8 000 pour l’achat des produits alimentaires par mois, désormais il doit trouver un minimum de Rs 10 000. Pour ce « Principal Engineering Technician », il faut se serrer la ceinture. « Avec la hausse du coût de fret, tous les produits de consommation coûtent plus cher. Par ailleurs, l’augmentation du prix du carburant vient compliquer davantage la situation », soutient-il. Par ailleurs, il affirme qu’avec la cherté des matériaux de construction, il a dû retarder son projet de construction. « Je ne peux pas me permettre d’investir une grosse somme dans la construction en ce moment », confie-t-il. 


Devika Poottaren, 43 ans, self-employed : «Il faut se priver de certaines choses» 

devikaTouchant un revenu à quatre chiffres seulement, Devika Poottaren se trouve dans l’incapacité de joindre les deux bouts dans ce contexte économique actuel. « Face à la cherté de plusieurs produits, il faut faire des choix. De ce fait, on se retrouve à se priver de certaines choses », avoue-t-elle. Toutefois, avec des enfants, elle soutient que ce n’est pas facile. « Même si les prix sont élevés, on doit les acheter pour notre survie », déplore-t-elle. Par ailleurs, elle soutient que la question d’épargner ne se pose pas.


Kavi Ittoosingh, 41 ans, System Analyst chez ABC Motors : «Difficile de sortir la tête hors de l’eau»

kaviLe remboursement de son ‘Housing Loan’ est déjà un coup dur avec son revenu qui demeure stable. « Maintenant, avec la hausse des prix, il faut se serrer encore plus la ceinture », déplore Kavi Ittoosingh. Ce dernier, qui a récemment terminé la construction de sa maison, se dit en quelque sorte soulagé. « Toutefois, je n’ai pas encore meublé la maison. Je dois attendre encore quelque temps pour pouvoir investir une grosse somme d’argent. Actuellement, la situation ne me permet pas de faire de grosses dépenses », fait-il ressortir. 

 

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